Missives d’amour
Petrol chips
Le rap est mort, vive le rap. En guise de requiem, une bande de renégats, menée par un capitaine retors, déballe une mixtape remplie jusqu’à la gueule de frustrations et de rages. Œuvre foisonnante, emportée par la vitalité de son collectif polymorphe, sa philosophie et son inventivité seraient bien plus à chercher du côté des punks et des surréalistes. Réponse hardcore à la standardisation de cet art urbain incontournable, elle impose un univers mouvant et instable : parcouru de distorsions et de beats fracassants, de jeux de mots électrisants et provocateurs ; alimenté par un appétit féroce pour le grunge, le shoegaze et l’indus, nourri par les digressions de l’alternatif rap US (Anti-pop Consortium, Dälek, Moodie Black) ; et inspiré par la pluralité d’un savoir-faire hexagonal symbolisé par La Caution, Programme et NTM. Obsédant, bancal et névrosé, ce brûlot d’insoumission rivalise d’audace et d’arguments, avec une référence du genre, le fameux “Cadavre exquis” de l’Armée des 12.
À écouter en priorité : “Dard mortel feat Gontard ”, “ Le suicide du pigeon feat Canichnikov…”, “Rouge cyprine feat Rouge renarde”.
LAURENT THORE