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POTOCHKINE

Potochkine ©Clément Puig

FLEUR D’HYPNOSE

Entre théâtre et électro, entre poésie et performance, Potechkine a su développer un monde qui lui est propre. Un nouvel EP du groupe vient de sortir qui devrait accroître encore davantage le cercle de leurs fans.

On est impressionné de leur immense culture musicale lorsque l’on rencontre le duo varois. À tout juste la vingtaine, ils connaissent bien mieux que nombre de leurs ainés toute l’histoire de la synth pop, de la cold wave et de l’électro minimaliste citant à tour de bras Kraftwerk, DAF, Fad Gadget, Frustration ou Yan Wagner. Polly Paulette et Ernst Smp ne viennent  pourtant pas de l’univers de la musique mais de celui du théâtre. Le conservatoire les a formés, mais les a aussi éloignés d’un milieu qu’ils trouvaient par trop formatés. « Nous avons laissé tomber le théâtre à cause de l’enseignement que nous trouvions trop classique avec toujours les mêmes auteurs à étudier encore et encore. Aujourd’hui, cependant, nous travaillons… pour le théâtre, mais de l’autre côté, en faisant l’habillage sonore de pièces. » Ces années d’apprentissage ont cependant été utiles au duo, car leurs prestations scéniques utilisent nombre d’éléments théâtraux, ce qui fait qu’un de leurs concerts s’avère plus proche d’une performance que d’un simple live.

On pourrait un peu hâtivement les cataloguer d’intellos imaginant leur nom comme une contraction de Pouchkine et du cuirassé Potemkine. Il n’en est rien. Plus prosaïquement cela vient de l’imaginaire d’une petite fille qui nommait ainsi Polly…

 

 

La vague électro-clash est passée depuis longtemps, mais Potochkine s’en revendique et semblerait être la nouvelle vague de ce mouvement. Plus que ça, on pourrait rattacher le groupe à l’EBM (Electronic Body Music ), genre qui connaît de nos jours un second souffle avec, notamment, les Parisiens de Rendez-Vous qui s’apprêtent à sortir leur premier album à la rentrée. L’EBM est une musique à la fois froide et sensuelle, mélange de noirceur cold-wave et de chaleur électro. On retrouve tous ces éléments dans leurs disques, mais encore davantage sur scène avec des shows dans lesquels la gestuelle du corps occupe une place presque aussi importante que la musique.

Potochkine ©Clément Puig

Encore underground, le groupe ne devrait plus le rester bien longtemps car une forme de hype s’est constituée autour d’eux depuis quelques mois. Celle-ci n’a cessé de grandir depuis la récente sortie d’un EP sur le label Marseillais Data Airlines spécialisé dans l’électro. « Le label est tenu par un Suèdois installé à Marseille. Nous étions un peu étonnés qu’ils nous signent car le responsable est plus branché chiptune ou 8 bit music que par notre style musical mais notre boite de production Transfuges occupant les mêmes locaux qu’eux le contact s’est fait très simplement. »

Sur cet EP, le groupe ne chante plus qu’en français : « On n’écrit pas de la même façon en anglais que dans sa langue maternelle. Nos textes sont forts, il serait dommage qu’ils ne soient compris. Notre musique est autant faite pour danser que pour penser. De ce fait, les textes nous importent énormément. » On ne peut qu’acquiescer à ce propos en entendant des morceaux comme “Dans ta face” ou “Je déteste attendre”. Le fait de chanter dans sa langue natale n’empêche pas Potochkine d’avoir réussi à s’exporter dans le cadre de festivals en Belgique flamande ou en Allemagne.

Potochkine ©Clément Puig

Ces jeunes gens ont su créer un univers riche qui tient autant du cinéma (on pense à Lynch en les voyant sur scène) qu’à la musique. Leur dernier EP est une réussite qui devrait incontestablement leur ouvrir les portes du succès.

 

>> Site de Potochkine

 

Texte : Pierre-Arnaud Jonard

Photos : Clément Puig

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