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LES FRANCOS DE MONTRÉAL

Daniel Bélanger @ Francos de Montréal

Du 8 au 17 juin 2018, Montréal

 

C’EST QUOI ?  200 spectacles, 1000 auteurs, compositeurs, musiciens et interprètes venant d’une douzaine de pays, des shows en salle, mais une multitude de spectacles extérieurs gratuits en plein cœur du centre ville, Place des Arts.

PAULINE ÉTERNELLE :  Et ça commence par une brochette exclusivement féminine de 14 artistes (chanteuses, musiciennes, comédiennes déclarant en ouverture : « Nous sommes la suite de Pauline Julien ! »). Elle sont en permanence sur scène, chantant tour à tour ou en groupe, pour rendre un bel hommage collectif à la passionaria québécoise disparue il y a 20 ans (elle s’est donné la mort le 1er octobre 1998 pour fuir une aphasie dégénérative). Sa fille et sa petite-fille (enceinte) ouvrent le spectacle d’un discours touchant. Le show alterne des arrangements un peu trop convenus parfois avec quelques fulgurances electros bienvenues, notamment grâce à Frannie Holder des Random Recipe ou Queen Kâ. Étrangement Klô Pelgag est plutôt effacée… Quelques effluves d’émotion pour le survol d’une vie qui aura à jamais marqué le Québec (« mort ou vivant ») !

Le film Pauline Julien : intime et politique, réalisé par Pascale Ferland, sera en salles québécoises le 21 septembre.

LES GENS DE PAR CHEZ NOUS… Ceux qui défilent dans les chansons de GieDré n’ont rien à voir avec ceux de Gilles Vigneault ! Ils sont trash, décalés, infréquentables, bien qu’on les croise un peu partout. Ils sont l’humanité. Et la blonde qui n’a peur de rien les campe et les dissèque un a un en changeant de tenue pour chacun. Un show toujours drôle mais plus profond qui élargit la palette de l’artiste, ici accompagnée par un musicien (Sandrine) pseudo-débile qui assure un max !

SOLD OUT POUR LES FRENCHIES : La salle la plus grande (l’ex-Métropolis) est comble pour les Feu ! Chatterton , à l’aise et communicants, et elle est encore plus remplie (c’en est suffocant) pour Eddy de Pretto qui fait un malheur avec son show minimaliste à la scénographie et aux jeux de lumière efficaces.

INTERGALACTIQUE : Sur le fond d’écran géant de l’énorme poduim de la scène gratuite de la Place des Festivals défilent des voyages galactiques, des pieuvres géantes, des volutes de fumée et des feux d’artifice. Le grand orchestre du temple thoracique est là, un groupe de rock aussi, et au piano ou à la guitare Klô Pelgag mène le bal en tenue futuriste argentée, tout à tour sautillante ou émouvante. Bref, unique.

RETOURS GAGNANTSXavier Caféïne est bien présent, sans nouveaux titres (il est en composition) mais avec une nouvelle coiffure (blond improbable). L’enfant terrible du rock made in Québec a définitivement la recette des mélodies entêtantes. Kevin Parent assure aussi avec un folk-rock qui prend aux tripes. Même si son premier album en français date de 1993, la voix du Gaspésien est intacte, forte et inimitable. Concert sans esbroufe, juste le talent en avant.

…ET RETOURS PERDANTS ! Gros rock à casquettes et chapeaux de cowboy aux textes basiques (“Aïlle ! Aïlle ! Aïlle ! Téquila Maria”) pour Les Respectables. Bonne présence mais on s’ennuie vite. Idem pour Zébulon qui donne un spectacle… assis ! Eux qui sautaient dans tous les sens il y a quelques années font désormais papis…

TOUJOURS LÀ ! Et c’est tant mieux. Dans la foulée d’un nouveau et excellent album, Daran assure un  rock de qualité (famille Noir Désir), avec aisance. Damien Robitaille, lui, est revenu aux chansons-rock à l’humour lunaire de ses débuts avec un groupe au grand complet. Regaillardi ! Galaxie et Les Hôtesses d’Hilaire allument à fond les Montréalais, Catherine Ringer rajeunit avec le temps et l’Acadien Joseph Edgar profite de son passage pour enregistrer son futur album live !

LE MYTHE : Enormément de monde à l’évènement du grand show de Daniel Belanger. Public amoureux qui reprend en chœur, musiciens virtuoses, atmosphère planante et mélodique. Economie de mots, mais grandes plages musicales. Un mythe vivant. Adulé.

FRACASSANT : Les tempes ont grisé certes, les ans ont filé, mais on retrouve le chanteur de Le Nombre là où on l’avait laissé, c’est à dire, perché ! Sautant, hurlant, se roulant par terre, cassant son pied de micro, il assure le show le plus rock’n’roll circus du festival…

LA QUESTION : Bien placé pour parler des Inuits Matiu parle d’écologie, de tradition et demande : « Qu’est-ce qu’on va faire quand l’eau sera plus bonne à boire ? Qu’est-ce qu’on va laisser à ceux qui vont rester ? »

LA VIE EN BLEU : Scénographie au millimètre pour Camille, ses trois musiciens et ses trois choristes, tous vêtus de bleu. Un gros travail sur les voix, les harmonies et les percussions que ne renieraient pas Lewis Furey et Carole Laure, précurseurs en la matière.

DOMMAGE : Si l’intention était louable de le saluer par un grand spectacle collectif, (Tombés du ciel, un salut au grand Jacques Higelin), si choisir Yann Perreau était une évidence, si les invités tenaient la route (Hubert Lenoir, Catherine Major et Anna Frances), hélas le rendu a du mal à prendre. Les artistes ne lèvent pas leurs nez du prompteur, Yann en fait beaucoup trop, et tous semblent plus « sur le party » que dans le show. D’ailleurs la foule reste juste polie.

SYMPHONIQUE : Quelle chance de voir des concert à la Maison Symphonique. C’est le cas pour un hommage à André Mathieu par Alain Lefèvre, ou un collectif autour de Jacques Brel. Grandiose !

PLAMONDON : Ils sont venus, ils sont tous là : Ariane Moffatt, Betty Bonifassi, Catherine Major, Martha Wainwright, Klô Pelgag, La Bronze, Marie-Pierre Arthur, Safia Nolin, et bien d’autres pour rendre hommage à Luc Plamondon, dans une relecture du répertoire de l’auteur de Starmania, entre autres. Réorchestrés par Jean-Phi Goncalves, les titres tiennent le choc des ans ; on reste juste sur la réserve quant au choix de certains (“Lili voulait aller danser” ou “Tiens-toé ben j’arrive” par exemple).

QU’IL EST HONTEUX D’ÊTRE HUMAIN : « Vous fiez pas à mes habits colorés, c’est pour faire diversion, le spectacle n’est pas joyeux » Pierre Lapointe plante le décor. Une pianiste et un percussionniste au marimba, plus un grand cercle de stalactites de lumières qui encercle la scène et c’est tout. Les morceaux sont donc dépouillés, à l’os. Elles sont « un petit bouquet d’aveux de défaites ». Mais on les aime tant !

LES PLUS :

L’éclectisme des genres.

La priorité absolue au francophone.

La qualité des spectacles extérieurs.

L’ambiance bonne enfant.

LES MOINS :

Toutes les scènes extérieures pas mal polluées de logos intempestifs, exceptée celle en face de l’Astral au rideau de velours noir bienvenu !

Les vendeurs de bière passant sans cesse dans le public pendant les shows ; et pourquoi juste de la bière d’ailleurs ?

LA PETITE PHRASE : « Je remercie des Francos, car je crois que nous inviter sur cette grande scène est un geste politique. Et merci à vous de votre présence et votre intelligence. »  Klô Pelgag. Tout est dit !

 

L’AN PROCHAIN : 12 / 22 juin 2019

 

>> Site des Francos de Montréal

Texte : Serge Beyer

Photos : Toma Iczkovits

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