Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

TONY MELVIL

Tony Melvil ©Clemence Rougetet

Atterrit en douceur

Entre formation classique et déflagration rock’n’roll, Tony Melvil impose son style engagé sans renoncer à l’humour caustique qui fait de ses chansons à texte un peu plus qu’une leçon de choses.

C’est venu tranquillement, l’envie de ne pas être seulement un musicien accompagnant, un type sympa et doué qui pourrait finalement tout faire (violon, guitare, théâtre, danse, comédie, roadie même, si on insiste). Étienne est doucement devenu Melvil, quelque part autour de l’année 2009, pour se souvenir que la chanson n’est pas qu’une histoire de couplets et de refrains avec plein de poésie dedans, mais que c’est aussi une drôle de coquille de noix qui navigue audacieusement dans les grandes vagues de l’harmonie rock.

Encouragé par Thibaud Defever (Presque Oui) et Romain Delebarre (Delbi), il s’est transformé en frontman par une suite de hasards objectifs. À partir de 2012, il sort quelques EPs remarqués et enchaîne aujourd’hui avec un premier album qui synthétise avec éclat toutes les expériences vécues sur scène et ailleurs : musique, théâtre, paternité et sans doute quelques petites claques dans le nez, mais ce n’est pas grave, on continue, on ne s’appelle pas Melvil (Hermann) pour rien.

“La relève” donc, du nom de la chanson qui clôt l’album,  arrange et enrichit le suc qui a fait les délices de ses chansons d’équilibriste entre composition posée (il joue depuis l’âge de 4 ans) et live ébouriffé (il est aussi un peu dingo). Onze titres où l’on retrouve le Melvil truculent, entre coups de gueule,  éructation poétique, qui partage ici son envie féroce de sortir de ce qui pourrait devenir une zone de confort, en secouant la chanson à texte du côté d’un blues explosif (“La vie est belle”).. Tout est tenu, à la fois resserré sur la composition et en même temps un peu free sur la structure ; soit une apparente décontraction musicale qui doit beaucoup à sa formation classique. Son père, organiste amateur mais éclaireur, a sans doute aussi joué un rôle d’aiguillon. « Mon inspiration vient moins de la chanson que du théâtre, d’un monde tourné vers l’expérimentation, la recherche formelle », explique celui qui estime avoir produit « un disque politique mais surtout pas  militant. » Ce serait trop facile et, surtout, trop béni-oui-oui pour quelqu’un  qui sait parfaitement que « tout est plus compliqué »… D’autant que, par-dessus le marché, il cultive quelques obsessions sur les armes à feu qu’il partage avec une joie enfantine dans sa “Java des bombes” et dans un texte hilarant sur Donald Trump.

Car, en plus d’écrire des chansons, Melvil fait aussi dans les lettres. Entre chroniques et journal intime, roman sans doute un jour, il écrit un peu partout autour de ses chansons, sur ses propres clips même, qui deviennent supports d’une prose qui prend la tangente sur ce que l’on est en train d’écouter (“Au courage”). Soit des effets d’augmentation esthétique qui pimentent son univers d’une sauce assez originale, loin de ce que l’on pourrait attendre a priori d’une chanson française entre rock et folk.  Au final, Tony Melvil est bien décidé à suivre « son truc à lui » en sachant parfaitement qu’il joue encore en deuxième division : « Tout est tellement fragile, versatile. C’est difficile de maintenir l’attention des gens, et puis il y a tellement de trucs super bien ! » S’il est décidé à réussir, il est aussi prudent, et s’il fonce, c’est tout en douceur. On attend de voir.

Texte : Antoine Couder

Photo : Clémence Rougetet

 

SORTIES…

La relève a été enregistré en Belgique au Game Studio par Olivier Duchêne avec Romain « Delbi » Delebarre (guitare), Maxence Doussot (drums) et Thomas Demuynck (guitare additionnelle). Pas le genre à faire les choses à moitié, Tony a confié le mixage à Dominique Ledudal dont la réputation n’est plus à faire : AS Dragon, Jean-Philippe Nataf, Hubert-Felix Thiefaine, Rita Mitsouko, Jad Wio… On est en bonne compagnie.

Son livre Chronique d’un chanteur désarmé regroupe les textes qu’il a publiés en ligne ces dernières années en écho (amusé) à l’actualité.

 

>> Site de Tony Melvil

ARTICLES SIMILAIRES