Karen Dalton – Jeunesse d’une femme libre, de Greenwich Village à Woodstock
Ed. Sarbacane, 19,50 €
Figure incontournable de la scène folk de Greenwich Village au début des années 1960 en même temps que Bob Dylan, Fred Neil et Tim Hardin, puis retirée en pleine nature dans les montagnes du Colorado, Karen Dalton chantait et jouait les chansons des autres d’une manière mélancolique et déchirante. Comme le bluesman Skip James, elle semblait venir d’ailleurs, tant par sa voix que par sa présence singulière, entre ciel et terre. C’est précisément cet aspect flottant, vaporeux et insaisissable de sa personne et de son existence qui est raconté à travers une sélection d’épisodes en forme de tableaux climatiques. Les reconstitutions d’atmosphères priment sur une narration complète des faits, et ici se trouve la grande réussite de cette bande dessinée en noir et blanc. À l’image de son héroïne, elle émeut, intrigue et fait voyager. Comme Karen Dalton, elle est riche en nuances et a l’élégance d’éviter les clichés, tel celui de réduire un artiste à sa fin tragique. Un magnifique hommage à une compositrice rare.
France de Griessen