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BLACK BONES

Echappé volontaire de The Bewitched Hands, Anthonin Ternant multiplie depuis les projets dont Black Bones, le dernier en date, joyeux gloubiboulga biberonné aux 90’s avec lequel il décide de construire sa discographie.

S’il est multiple, il n’est pas schizophrène pour autant, et de façon très objective Anthonin Ternant se décrit ainsi : “Je fais 1 m 85 je pense. Je suis blond, j’ai les yeux bleus. Ma peau prend très mal le soleil, je pèle très facilement. J’essaye de faire gaffe à mon poids… Je trouve que je ne fais pas mes 40 ans”. Exact, puisqu’il est resté bloqué sur la fin de son adolescence avec les groupes qui l’aidèrent à grandir, Ween en tête, suivi de Beck période Mellow Gold et des Beastie Boys avec Sabotage.

Le garçon est précis quand il s’agit de parler musique. ““Where is my mind” est le morceau mélodique ultime”. C’est dit. Mais Franck Black est aussi sa plus grosse déception : “J’ai rêvé de lui au rayon surgelés des supermarchés… Tous les groupes que j’ai écouté à 17 ans ne faisaient plus rien de bien passés 30 ans”. Constat de fan sévère qui explique sans doute la boulimie de projets qui l’envahit depuis 4 ans et la fin des Bewitched Hands, séparation qui sonne comme une délivrance.

Même s’il aime jouer en groupe, la composition résonne comme un acte solitaire ; finies les frustrations, bonjour l’imagination. Angel, son premier effort solo, le voit versant folk, seul, habillé en ange, éclairé aux leds et arborant le drapeau gay ; avec The wolf under the moon, seconde tentative, il habite un château et flirte avec l’enfance.

Black Bones, le nouveau combo, est plus fun, et s’il y évoque la mort, c’est à la façon des métalleux, plus train fantôme que Père Lachaise. Son but avoué étant de s’amuser à faire de la musique sérieusement. À l’heure de la domination des musiques urbaines et électro, il a vocation de faire danser sur de la pop ! Sur scène à coup de vrais-faux Mexicains joueurs de baseball (avec battes et ponchos) façon gang, la mission est accomplie.

Comme on sent poindre la peur de la répétition chez Anthonin, on suggère alors l’utilisation du français : “J’ai tellement écouté de musique anglo-saxonne sans rien comprendre. Moi je fais de la musique pour le plaisir, le français est quelque chose de trop concret… Je n’arrive pas à m’amuser avec les mots et puis Gotainer est ma seule vraie référence…”. Multi-instrumentiste, il abandonne volontiers la guitare pour se mettre en doux danger et peut-être, basse oblige, créer des morceaux plus propices à bouger son popotin. On sautille alors gaiement avec des titres qui frôlent l’absurde comme “Kili Kili”, qui donnera son nom à l’album, né d’une improbable improvisation rap en espagnol. S’il ne se fait pas de cahier des charges, nourrir ses divers projets reste essentiel pour Anthonin, même s’il laisse une place centrale aux accidents rencontrés en studio.

C’est désormais acté, Black Bones sera la terre d’accueil de toutes ses élucubrations, plus simple pour pouvoir diffuser son travail auprès des pros. L’ambition vertueuse d’y construire sa discographie sonne comme la décision mûrement réfléchie d’un éternel étudiant un poil scotché aux années 90. Bubble-punk donc ? Bubble pour les couleurs criardes, la joie induite, la nécessaire légèreté et punk pour l’état d’esprit. Mais un punk tourné vers le futur : “J’ai une préférence pour les premiers albums, alors j’essaye tout le temps de faire des premiers disques”. Laissez-le en liberté, on tient l’explication.

Texte : Olivier Bas

Photos : Christophe Crenel / Clémence Rougetet

The Bewitched Hands

Ce groupe fut l’un des activistes de la scène rémoise qui éclata au milieu des années 2000. Brodinski, Yuksek et The Shoes complètent ce carré d’as. L’usine aujourd’hui disparue et “remplacée” par la SMAC La Cartonnerie a, à sa façon, inscrit Reims comme une ville de musiques actuelles. C’est The Shoes qui, lorsqu’ils étaient The Film et vivaient alors à Bordeaux, ont importé la notion de mélange. Ainsi est né The Bewitched Hands qui rassemblait des musiciens qui n’avaient jamais eu l’idée de jouer ensemble. Marianne Mérillon a suivi Anthonin Ternant dans Black Bones, et on espère qu’elle fera, elle aussi, son projet solo afin que cette scène rémoise perdure.

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