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KAMARAD

KAMARAD

Punk royal

Le précédent EP sans titre de ces Alsaciens associait merveilleusement la déflagration sonique à une écriture ciselée. Entre punk et no wave, Kamarad avançait sans se soucier d’une quelconque respectabilité, comme si les chansons s’extirpaient d’une profonde nécessité. Leur nouveau maxi, toujours éponyme, confirme la vitalité d’une formation qui carbure aussi bien à l’urgence qu’au lent mûrissement. Hugues (chant, guitare) : “On fonctionne souvent par modulations ou petites parties, que l’on colle, rajoute, enlève, transforme. La structure, la musique et même les paroles se construisent au fur et à mesure de nos répétitions. On a rarement une chanson composée en une fois, il faut souvent plusieurs sessions, des oublis, des gueulantes, de la frustration, de l’amour, de la colère ou la reprise de thèmes abandonnés pour réussir à assembler une chanson”.

Un morceau se nomme “Poème d’amour pour Kim G.”, en hommage à l’ex-Sonic Youth. “Le truc avec Kim Gordon, c’est qu’elle est la représentation de la musique telle que je la conçois, que je l’aime. Elle n’a pas une voix fantastique ni un jeu de basse incroyable, par contre elle a plus de charisme, de présence et retransmet plus d’émotion (en tout cas pour moi) que n’importe quel soliste virtuose qui fait 30 notes à la seconde”.

Plus généralement, on retrouve chez Kamarad une authenticité qui se matérialise par un déluge de larsens. Aucun chiqué, aucune pose. Comme chez Sonic Youth, encore. “Je crois naïvement qu’ils ont fait de la musique juste pour la musique, explique Hugues, pour l’expression et pour la création, et franchement je ne demande rien d’autre”. Ce refus de la parade et cette liberté contrastent avec une époque trop souvent arpentée par les quémandeurs Facebook et les gentils apothicaires du mouvement punk. Ici, inversement, le rock sent le cuir, la sueur backstage, l’abandon de soi. Une loyauté.

Texte : Jan Thooris
Photos : Hervé Kielwasser

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