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MØME

Mome ©AdrienCombes @Cigale - Longueur d'Ondes

Joli Møme

Quelle mouche pique la ville de Christian Estrosi ? Après Feder et The Avener, c’est au tour de l’ex-Niçois Jérémy Souillart de partir à la conquête des festivals. Ou comment une chillwave* à la cool et sous influences australiennes, est devenue un étendard hexagonal.

Tu te définis avant tout comme un producteur plutôt qu’un artiste…

Mon but était effectivement de composer pour les autres, puis la scène m’est tombée dessus ! Par défaut. Sauf que j’ai de plus en plus aimé ça… Comme choisir entre les deux reste une torture, c’est pour ça que je multiplie les collaborations avec des artistes qui peuvent me compléter : chaque exercice enrichit l’autre. C’est pour ça que j’ai encore beaucoup de musiques — plus techno ou dubstep, par exemple — qui ne sont pas encore sorties pour ne pas brouiller la couleur musicale de Møme…

Après être sorti de la section piano classique du conservatoire, il était urgent d’expérimenter ?

Exactement. Si je suis — à l’origine — un guitariste aimant la pop, la musique électronique a l’avantage de casser les chapelles musicales. Il y a aussi un aspect nomade et une économie de moyens intéressante. La preuve : mon album a été composé dans un van avec une carte son à 200 € ! Malgré tout, je préfère rester un humain derrière la machine. Je suis donc pour une électro organique avec des synthés analogiques… J’ai besoin de ressentir les vélocités et d’y mettre mon âme.

Certains font d’ailleurs le choix, sur scène, de s’entourer de tout un bestiaire pour impressionner…

Je ne suis pas dans la démonstration, ni dans la recherche de niches. J’ai participé à pas mal de projets rock, progressifs, intellos… Aujourd’hui, mon but est une musique simple et efficace, mais “à détails”. C’est incroyable de pouvoir faire du son avec n’importe quoi, mais il faut aussi savoir préserver la fraicheur. Ce “p’tit truc” qui fait la différence, quoi. Bon, bien sûr que les synthés 70s me tentent, mais je ne suis pas dans une course à l’armement…

 

 

S’immerger dans l’Australie fut un vrai rite initiatique ?

Oui, j’étais intéressé par le mode de vie, la scène musicale… Attention, je n’ai pas choisi mon pseudo parce que j’étais un gosse. C’était surtout une référence à l’état de création, cette passion capable de te transporter. Cela n’empêche pas d’être adulte… et d’être aussi ce type dans la lune. C’est pour ça que je tiens aux collaborations. Sur le même principe que mon séjour en Australie, c’est un voyage intérieur qui permet de s’ouvrir.

Comment transposes-tu ton album en live ?

Je n’ai pas réalisé ce disque dans le but d’être joué, étant donné qu’il est difficile de se projeter. Pour autant, je refuse faire PLAY en concert ! J’ai déjà modifié 25 fois mon live, avec l’aide de six techniciens (vidéos, lumières…), rajoutant des transitions, des impros à la guitare, etc. C’est pour ça que nous enregistrons chaque prestation. Je ne sais pas comment font les autres pour jouer tout le temps de la même façon ! La clé, c’est assumer et optimiser… Aujourd’hui, je fais également évoluer mon set en fonction de mon 2e album – sur lequel je travaille déjà –, en parsemant quelques sonorités afin de tester les réactions.

Ah bon ? Mais ton premier disque date seulement de fin novembre…

Je ne peux pas encore en parler, pour ne pas griller la promotion de l’autre, mais il devrait sans doute s’enregistrer dans plusieurs pays avec une même idée comme unité. Une sorte de quête de sons authentiques avec un studio portable. Découvrir et faire découvrir… Mais pour l’heure, je me concentre sur la tournée. Avec moi, jamais de temps perdu : ma console de jeux, ce sont mes instruments. Je vais d’ailleurs aménager une partie du bus pour mettre mes enceintes, dormir dedans… J’ai toujours rêvé de ça !

* Parfois appelée glo-fi, ce genre musical est décrit comme une musique à petit budget (ou “musique d’été”), propice à la danse. Les Américains Panda Bear et Animal Collective sont souvent cités parmi les précurseurs, en raison de leur usage intensif d’effets numériques, de synthétiseurs, de boucles, de samples et de chant filtré.

>> Site de Møme

 

Texte : Samuel Degasne

Photo : Adrien Combes

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