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LAURENT SAULNIER

Laurent Saulnier @Francofolies Montreal ©Toma Iczkovits - Longueur d'Ondes

4 questions au programmateur des Francofolies de Montréal

Quelle est la philosophie de ta programmation ?

Parce qu’on parle de philosophie maintenant ? (Grands éclats de rires.) On essaye d’être le reflet d’une année musicale, mais on n’est pas juste ça. Pour moi, c’est important de regarder ce qui s’est passé mais aussi de se projeter dans le futur. Et se projeter, tu peux le voir de 1001 façons. Quand on transpose sur scène un disque hommage à Richard Desjardins par exemple, c’est cette bien cette démarche. Parce qu’il y a beaucoup d’artistes qui ne sont pas super connus, et qui vont revenir dans les prochaines années. Cela va les aider pour leurs futurs spectacles, dans un, deux ou trois ans…

 

La dernière fois que l’on s’est rencontré, tu m’avais expliqué comment les Francofolies ont aidé à la révélation de groupes de rock francophones comme Malajube et Karkwa. Quels artistes, quelles scènes, les Francos vont-elles pousser à l’avenir ?

Au mois de juillet dernier, j’ai reçu le deuxième album de Klô Pelgag. J’ai passé une bonne partie de l’été à l’écouter car je trouve que c’est un album exceptionnel. Vraiment… Avant même qu’il ne sorte et qu’elle ne fasse son concert de lancement d’album en novembre dernier, on était déjà en pourparlers pour reproduire cet album avec un orchestre. Je pense que Klô fait partie de ceux avec lesquels on va avoir une longue histoire. Mais depuis au moins 15 ans, on travaille aussi beaucoup avec la scène hip-hop. Comme on a fait un grand coup l’an dernier avec une soirée hip-hop en ouverture, on sent les répercussions cette année. On n’a pas dit notre dernier mot là-dessus non plus*.

 

Très peu d’artistes québécois réussissent en France, d’un autre côté, les artistes français se cassent très souvent les dents sur le Québec. Quelle est la recette pour marcher ici ?

Ça me fait rire parce que j’ai l’impression que les médias s’en aperçoivent cette année. Alors que ça fait des années qu’on le sait, qu’on le dit et que l’on essaye de trouver des solutions. Mais t’sais, quand on a imaginé le “Prix Felix Leclerc” il y a vingt-deux ans, c’était déjà pour favoriser cet échange-là, quand on a créé les “Rendez-vous pros des Francos” il y a sept ans, c’était pour que les programmateurs de festivals, les tourneurs, les maisons de disques, les agents français viennent pour faire d’la business. Après, dans un cas comme dans l’autre, y’a pas trente-six solutions. Il faut venir le plus souvent possible et connaître le territoire. Il faut que tu saches que tu ne peux pas jouer à Vancouver le mardi et à Montréal le mercredi, que Toronto est une ville anglophone et que pour un artiste francophone, c’est compliqué d’y jouer, ou que Trois rivières est une ville de 100 000 habitants.

 

Es-tu plutôt Pierre Lapointe ou Eric Lapointe (NDLA. Le Johnny Hallyday québécois, totalement méconnu hors du Québec ) ?

Tout le monde sait que je suis beaucoup plus Pierre qu’Eric. Mais en même temps, je prends les deux. Ça ne peut pas être uniquement Pierre et, pour pleins de raisons, je ne dénigrerais jamais Eric… Les Francos à Montréal s’adressent à toutes sortes de public, on n’est pas un festival de niche. Mais pour moi, ça n’empêche pas l’audace, le risque et la création. Et je trouve encore plus subversif de mettre devant le grand public des choses qu’il ne devrait pas entendre. Ça, c’est extrêmement stimulant !

 

* Grouillante, notamment avec les excellents Radio radio, Alaclair Ensemble, Koriass ou Dead Obies, la scène rap ne s’est pas développée ici autant qu’en France. Il s’agit toujours d’une culture marginale, devenue moins mainstream qu’en France ou, à plus forte raison, aux USA.

 

Texte : Bastien Brun

Photo : Toma Iczkovits

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