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LES FRANCOFOLIES DE MONTRÉAL

Scene Ford @Francofolies ©Toma Iczkovits - Longueur d'Ondes

29e édition, du 8 au 18 juin 2017 à Montréal (Québec)

 

CARTE D’IDENTITÉ : Plus gros festival francophone du monde, les Francofolies de Montréal ont été lancées en 1989. Déclinaison des Francofolies de La Rochelle dans un premier temps, elles ont débordé leur modèle français, devenant une grande fête populaire, dont les spectacles sont majoritairement gratuits. Propriété de Spectra*, également détenteur de salles de spectacles dans la métropole québécoise, et producteur d’une flopée d’artistes, ces Francos-là sont une petite sœur  du Festival de Jazz de Montréal. Elles ont d’ailleurs lieu sur les mêmes scènes et dans les mêmes salles de concert (Astral, Club Soda, Métropolis…).

 

LA MÉTÉO : Grand soleil, chaleur étouffante parfois et, un peu de pluie pour rafraîchir l’atmosphère.

 

LE CHIFFRE : 10 millions de dollars de budget, financé en bonne partie par des sponsors privés (Bell, Ford…) et la vente de boissons ou de hot dogs.

 

LES PLUS :

– La programmation très large, qui va de la chanson la plus mainstream au hip-hop (lire notre interview avec Laurent Saulnier).

– Un « rempart » de la francophonie dans ce coin d’Amérique du Nord.

– Des Francos qui font le lien France / Québec, ce qui n’est pas évident.

– L’accent mis sur la passionnante jeune scène québécoise, en particulier sur le hip-hop.

– Cent cinquante spectacles gratuits, dans le centre-ville de Montréal.

– Un festival populaire, au bon sens du terme, qui enregistre une fréquentation d’1 million de personnes.

 

LES MOINS :

– Les scènes extérieures qui donnent sur la rue Sainte-Catherine manquent de chaleur humaine.

– En plein air, le son peut vite devenir une bouillie sonore…

 

LA (RE)DÉCOUVERTE : Les vétérans du hip-hop d’ici, Taktika fêtent leur 20 ans de carrière. Ces dignes fils de Rage Against the Machine et de Cypress Hill n’ont pas traversé l’Atlantique et c’est bien dommage. Leur rap / rock envoie gentiment du bois.

 

LES CONFIRMATIONS : Au Québec, on réussit ce que Benjamin Biolay a toujours raté : faire des chansons pop en français toutes simples mais bien écrites. À ce jeu-là, il y a le “soul et poppy” Karim Ouellet, le déjanté Philippe Brach, ou Louis-Jean Cormier, notre chouchou. Tout seul pour sa tournée Les passages secrets, l’ancien Karkwa enchante avec ses amours déçus, ses invitations à tout envoyer valser et sa façon pas croyable d’arranger de simples guitare / voix…

 

LES BONNES VIBRATIONS : Big Flo & Oli jouent sur un tout autre tableau que le gangsta’ rap. Parce que l’on a vu ces frangins précoces grandir chez eux, à Toulouse, c’est un bonheur de les voir retourner le Club Soda comme une crèpe, juste avant la sortie de leur deuxième album.

 

LA DÉCEPTION : Bernard Adamus a peut-être rameuté près 15 000 personnes avec son folk nonchalant, il n’empêche, la grande scène des Francos semblait un peu grande pour ce grand gaillard à la cool. Ce soir-là, en plus, manque de bol, elle sonne particulièrement mal, faute à un son extrêmement aigu.

 

LA QUESTION : Mais bon Dieu, où a voulu en venir Pierre Lapointe ? C’est ce que tout le monde s’est demandé devant la création Amours, délices et orgues, présentée durant quatre soirs à la Maison Symphonique. Au croisement de la chanson, de la danse et du théâtre, il s’agissait d’un spectacle d’intensité variable lorsqu’il s’éloigne trop longuement de la chanson. Lapointe fait son “coming-out” à propos du hockey, délire autour d’une rencontre avec Jay-Z et Beyoncé, et digresse trop pour qu’on suive tout.

 

L’ACADIE, AUSSI… Autour du chanteur Joseph Edgar, les Francos réservent pour la première fois une soirée à un pays. Tous les Acadiens, toutes les Acadiennes étaient là autour de l’incroyable Lisa LeBlanc, des Hay Babies ou des tonitruants Hôtesses d’Hilaire. Ceux qui ne connaissaient pas Serge, leur chanteur aux allures de Jésus XXL s’en souviennent encore.

 

VU ET APPROUVÉ : Le rap d’Alaclair ensemble, Roméo Elvis ou le futur du rap belge, Fishbach qui fait bien le travail, Le bal pop, la recréation d’un bal populaire à la française, BabagalloChocolat et Safia Nolin.

 

PAS VU CETTE FOIS-CI, MAIS DÉFENDU PAR LE MAG : Le prix Felix Leclerc de cette édition, Klô Pelgag ; la bête de scène Yann Perreau ; le songwriter Philippe  B. et quelques uns des artistes du spectacle hommage, Desjardins, On l’aime-tu ? ; Ariane Moffatt, qui était au centre d’un spectacle de filles…

 

ON SOUFFLE LES BOUGIES : Pour célébrer les 375 ans de Montréal, IAM souffle les 20 bougies de son album mythique L’école du micro d’argent !  Qui a parlé d’anniversaires à tout va ?

 

HUMOUR QUÉBÉCOIS : Lors de leur bilan, les organisateurs donnent « 10 raisons pour lesquelles l’édition 2017 des Francos est un flop ». Façon ironique de dire que le contrat a été rempli pour un festival qui se veut un rempart de la musique francophone. Sur le fond, on est assez d’accord, et pour le bilan, et pour l’humour.

 

ET L’AN PROCHAIN: Les Francos de Montréal feront leur trentième édition du 7 au 16 juin 2018.

* L’Equipe Spectra, propriétaire des Francofolies de Montréal, est depuis fin 2013 une filiale d’Evenko, le plus important producteur du Canada. Ce groupe est lui-même une entité du groupe CH, détenu par la famille de brasseurs Molson. Outre les Canadiens de Montréal (l’équipe de hockey sur glace de la ville), le groupe CH possède de nombreuses salles de spectacles et festivals au Canada.

 

>> Site des Francofolies de Montréal

Texte : Bastien Brun

Photos : Toma Iczkotivs

 

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