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Dur et doux
Au pays de l’étrange, de l’insolite et du baroque, ce quatuor a de quoi tirer son épingle du jeu. Pas vraiment jazz, pas vraiment rock ni math-rock, sa musique, déjà cristallisée sur deux albums sortis en 2012 et 2014, est un condensé de plusieurs mouvances et faite de constructions progressives, parfois habillées de chants pop. Si elle était un courant pictural, elle lorgnerait vers le surréalisme ou le dadaïsme tant son empreinte sonore est aussi alambiquée (“Bobby”) que multi-dimensionnelle et foutraque. Piano, synthés, bruitages noisy, cuivres fous, mélodies spatiales s’entremêlent dans ce maelstrom sensoriel où l’on croise aussi bien John Zorn que King Crimson. Le quartet joue souvent vite, très vite (“Bonjoure”), dévoilant ses prouesses techniques et son inventivité par le biais d’une fusion alerte, saccadée (“La nuit des madames”) et vive, et s’offre, du même coup, le luxe de montrer la schizophrénie (artistique) comme une certaine forme de don du ciel.
À écouter en priorité : “Bobby”, “Des Francis en quinconce”.
ÉMELINE MARCEAU