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LAST NIGHT

Last Night ©Guendalina Flamini - Longueur d'Ondes 80

 

A punk saved my life

C’est aux confins de la nuit que le quatuor Last Night a émergé, l’obscurité parcourant les veines d’un corps réanimé par une vieille idée. Dans un monde que l’on dit en crise, le punk serait-il le dernier garde-fou de l’être ? Ceux-là y croient dur comme fer…

Formé à l’orée de l’année 2012, cette bande de potes aux aspérités similaires possède déjà une longue expérience musicale. Si le prochain disque à paraître, Friendly Fires, n’est que leur second opus (suite à l’abrasif et excellent Secret), ces derniers ont tous fait leurs gammes au sein de groupes chargés d’un rock plutôt féroce, de Frustration à Fix-it en passant par Jetsex.

Telle une révélation apparue dans le cœur des ténèbres, chargée d’une ivresse prolongeant le continuum espace temps d’une époque encline à la révolte, Last Night est une exaltation prégnante d’un monde où tout fout le camp, un cri de colère déchirant ce foutu voile sociétal manipulateur de consciences. Et au leader Patrick de lâcher ces quelques mots amers : « J’ai envie d’aider les gens mais à mon échelle je n’y crois plus. Les clodos dans la rue comme les massacrés d’Alep, tout le monde s’en fout, il y a une forme d’apathie générale, une sorte d’indifférence dans l’action à mener pour changer tout ça. » Si le constat se veut pessimiste, il témoigne d’une certaine réalité anthropologique dans laquelle la violence des situations ne parvient plus à faire agir les masses. Pour eux, le punk s’inscrit dès lors comme le remède à ce mal chronique, tel que le souligne le claviériste et guitariste Jonathan : « C’est un geste cathartique et thérapeutique. Si tu regardes l’histoire, l’esprit punk existe depuis le krach boursier de 1929. Le bebop et le jazz étaient aussi traversés par la volonté de s’opposer à un système en place. »

Une histoire humaine qui a pourtant eu raison d’un genre en le standardisant. D’objet obscur et souterrain, subversif et contestataire, le punk est devenu l’artefact d’une pop culture. Collection Karl Lagerfeld et messages publicitaires estampillés do it yourself, que reste-t-il du soufre inhérent à ce style musical ? Le batteur, Jérôme, apporte ses éléments de réponse à la question : «Quand tu regardes ceux qui ont tiré ce genre vers le haut comme The Ramones, Sex Pistols ou The Clash, ils ont tous été touchés dès le début par une certaine récupération sans pour autant trahir leur éthique. Le no future initié au départ entend changer le présent pour imaginer un futur meilleur et non sa destruction. C’est une volonté de se réapproprier sa vie ! Sans le punk, je ne serais jamais devenu assistant social. Et je n’aurais jamais réussi à donner du sens à ma vie. »

Un témoignage qui laisse penser que cet état d’esprit peut encore faire sens et aider les âmes perdues en ce bas monde. Sa dimension politique, le quatuor parisien ne le nie pas, bien qu’il soit difficile de bousculer l’ordre en place, comme l’indique le percussionniste philosophe de la bande : « Exprimer, proposer un sentiment à un audimat, c’est déjà quelque chose de politique. Mais le punk, c’est d’abord une démarche. Avant d’avoir une revendication politique, il doit rester un exutoire, sinon autant arrêter. Il faut vivre sans temps mort et jouir sans entrave comme le disaient les situationnistes, c’est une des choses que ce genre musical peut encore amener. C’est en tous cas ce que notre groupe veut véhiculer. »


last night - Longueur d'Ondes 80Friendly Fires
Le Turc mécanique

Une ouverture cinglante dès les premières secondes et toute la folie du monde semble parcourir les arcanes de ce brûlot « So you care ». Composé de dix titres tapageurs et au final salvateurs, Last Night réactive l’esprit musical de 77 qui lorgne sur des perspectives plus indie, tel que le renseigne le dernier arrivé dans la bande, Jonathan : «  Par rapport au premier disque, il y a plus d’arrangements, d’harmonies mélangées en mineur notamment, l’ajout de claviers n’y est pas étranger ». Un disque à écouter le poing fermé et l’œil vif face au crachat de colère ici rejeté. Punks are not dead !

>> Site de Last Night

Texte : Julien Naït-Bouda / Photo : Guendalina Flamini

 

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