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MaMA

@ MaMA 2016 ©Emma Birski - Longueur d'Ondes

Du 12 au 14 octobre à Paris, dans le 18ème.

SEPTIÈME ÉDITION : Ce sigle, qui n’est pas au féminin – rien à voir avec “La mama” d’Aznavour-, signifie Marché des Musiques Actuelles. Il s’agit de trois jours de concerts et de rencontres professionnelles internationales au cœur de Pigalle et de Montmartre. Un événement majeur dans le domaine des rencontres pros, et clairement “défricheur”.

MÉTÉO : L’hiver est tombé sur Paris dès octobre. Gros pulls et écharpes sont de sortie. Comme on zappe d’un lieu à l’autre du matin au soir, on passe son temps à s’effeuiller puis se rhabiller. Le dernier jour, la pluie, évitée auparavant, s’invite vers 18 h.

À L’ÉLYSÉE ! Cette année, retour à l’Elysée-Montmartre en plus du Trianon, ce qui permet d’intensifier toutes les rencontres professionnelles. En prévision, un passage entre les deux lieux pour l’an prochain afin de fluidifier la circulation…

MaMA INVENT : C’est la seconde édition de ce rendez-vous lancé l’an dernier. Un espace dédié aux solutions innovantes en lien avec la filière musicale : 60 prestataires innovants et organismes de soutien à l’innovation, ateliers et espaces de rencontres.

LES PLUS :
– La localisation : tout se passe dans un périmètre couvrant trois stations de métro.
– La diversité des lieux de concerts, de la Cigale au bar du coin.
– Les formidables possibilités de rencontres, d’ouverture de marchés, d’informations et de découvertes artistiques. Il y a du fond, c’est sûr !

LES MOINS :
– Impossible de voir tous les shows, même en zappant… voire de tenir son planning prévu, tant l’offre est grande et alléchante.
– Les badges aux poignets doivent désormais être enregistrés sur des bornes en entrant et en sortant des deux lieux principaux. Et ce même si on y passe 5 fois par jour ! « Big brother is watching you ! » Une chance, aucun temps n’est décompté pour un passage aux toilettes !
– Avant l’évènement, la communication professionnelle arrive toujours en anglais d’abord, il faut descendre au bas du mail pour lire les infos en français. D’accord, il y a des pros internationaux qui vont venir, mais bon, ça se passe à Paris, non ? Sans parler des networkings et autres Pitch Sessions ou workshops à tours de bras qui mériteraient d’être francisés. Amis Québécois, venez à notre secours, même par courriel si vous voulez !

EN CHIFFRES : 81 conférences, débats et ateliers ; 5345 professionnels (soit + 16 % que 2015) dont 30% d’internationaux et 56 nationalités représentées ; 520 accréditations médias (+ 16% aussi) ; 147 artistes programmés ; 128 concerts dans 14 salles et lieux différents.

PUBLIC : Pour que le festival ne soit pas qu’un rassemblement professionnel, il est également ouvert au grand public. Cette billetterie est en plein essor avec ses formules Pass 1 jour et Pass 3 jours. Bilan : 4000 passes (+ 15%) vendus cette année.

PASCAL EST DE RETOUR : Première prise de parole publique de Pascal Nègre depuis son départ de la présidence d’Universal. Il met en relief une problématique indéniable du manager : l’absence d’aides financières pour ce métier. Il souhaite en outre la mise en place d’un guichet au CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) pour aider l’audiovisuel musical car il est convaincu que l’audiovisuel fait partie de la musique et donc devrait bénéficier d’aides.

…ET MATTHIEU ARRIVE : Matthieu Pigasse souhaite multiplier les projets dans la production musicale, le live et la production. Après avoir racheté Radio Nova en 2015, il a confirmé au MaMA la réouverture d’un magasin Rough Trade à Paris, (sans reprendre le label). Il ambitionne aussi la création d’un lieu, dans le nord-est de Paris, qui regroupera la rédaction des Inrocks, les studios radio de Nova et une salle de concert.

BAROQUE’n’ROLL : Outre les conférences et autres débats, le MaMA c’est aussi des artistes à découvrir live ! Et dans des lieux parfois atypiques comme le Carmen, sorte de boîte de nuit / lupanar des années 60 resté dans son jus : cage à strip tease, boudoirs, statues d’Adonis ébréchées, tableaux hors cadre, grands miroirs défraîchis, peintures et tapisseries usées, moulures d’anges au plafond… une ambiance surannée qui donne un certain charme aux concerts.

MUSIQUE PLUS :
Siska la Marseillaise envoûte avec son électro anglo classe. Elle a deux voix en elle. L’une proche de Grace Jones, l’autre plus haut perchée. Et elle module les deux à longueur de titres. Liane gracile et souriante, elle ondule souvent et se lance parfois dans une danse proche de la transe.
– Bidouillage sonique et voix samplée, Mesparrow en trio (machines et guitares) charme de sa voix basse et sensuelle et de ses gimmicks popies. Mais seule au piano et français dans le texte, elle défend aussi très bien sa “Jungle contemporaine”.
– Le rock carton du quatuor Alpes prend aux tripes grâce à un chanteur charismatique et un bassiste survolté. A ne pas manquer en live !
– Le phénomène Biga*Ranx harangue la foule à grands coups de « Pull up » ; « On remet le disque ! », dans le jargon du reggae. Vu les bonnes vibrations que dégage son rub a dub, on ne dit pas non !
– La Hollandaise Amber Arcades (qui dans la vie s’occupe des réfugiés syriens) offre une pop enlevée et délicieuse.
– Ses compatriotes de Pauw délivrent un rock psychédélique d’excellente facture avec des morceaux que l’on croirait tout droit sortis de 1967.

MUSIQUE MOINS :
– Y’a dix ans, Nouvelle Vague emmenait la new-wave à la plage. La formule n’a pas changé, mais Camille et Heléna Noguerra ont été remplacées par… Elodie Frégé. Musiciens mis à part, on a rarement vu un raté aussi complet !
– On aimerait accrocher à la pop belge du Colisée, mais le chant très maniéré de son leader nous en empêche.
– La Troupe de Madame Arthur veut revisiter le cabaret travesti montmartois en version déjantée… Si elle y arrive vestimentairement, elle est loin d’être à la hauteur niveau interprétation et réappropriation des morceaux ! On s’ennuie ferme.

PAS MAL SANS ÊTRE RENVERSANT...
Le Roi Angus : quatre chevelus entourent un jeune dandy suisse en costard-cravate. Chant franco avec un petit air d’Alain Chamfort jeune qui aurait viré rock.
Émilie & Ogden : harpiste aux intonations Björkisantes entourée d’un combo rock dans une pénombre intimiste.
Garçons II : la nouvelle version du trio féminin (Zaza Fournier, Cléa Vincent et Carmen Maria Véga) habillé en mecs, reprenant des titres francos des années 50 à 70 en version épurée, voire minimaliste. Un bon moment.

VOISINS ÉLECTRO :
– Le duo suisse Egopusher groove rock. Machines et batterie pour l’un, violon à riffs fous pour l’autre. Et ça déménage !
– Le duo luxembourgeois, Napoleon Gold, propose une électronica avec guitare, piano et percus, le tout clairsemé de quelques voix samplées.

HORS NORMES : Toujours aussi charismatique, Brisa Roché, la grande dame brune habillée de rouge et de rose n’est pas avare en mimiques et en poses sexys et classe. Elle se sert de sa plastique irréprochable autant que de sa voix à large étendue pour une pop mélodique en anglais. Elle est parfaitement bien soutenue par un groupe faisant corps autour d’elle.

ROCK IN LOFT : La fine équipe qui propose des showcases privés (en appartement la plupart du temps) aux pros et aux mélomanes militants, a élu domicile au pub James Hetfeeld’s boulevard de Clichy avec une prog brillante : Camille Bazbaz, Louis Arlette, Hollydays, Scarecrow, Lloyd Project et Yalta Club.
Buffet + open bar champagne + vin + bières + goodies + clef USB (qui regroupe MP3 et dossiers de presse de chaque artiste ainsi que le nouveau Longueur d’Ondes en PDF) c’est la super classe ! De gros problèmes techniques ont retardé l’ouverture mais le succès de l’évènement a dépassé les espérances des organisateurs ! Pas loin de 300 personnes sont passées à la soirée, dont de nombreux labels, programmateurs et beaucoup de médias. Un joli coup pour ces passionnés qui méritent une belle reconnaissance.

DOUBLE RATION DE CERISES SUR LE SUNDAY : L’un est Québécois, l’autre pas.
– Concert quasi-intimiste (et complet) pour l’ex-chanteur de Karkwa. Louis-Jean Cormier et son groupe savent mettre en avant la voix et les textes poétiques à attraper au vol. Moment enchanteur. « Ça s’recolle-tu l’amour ? » demande-t-il naïvement. Excellente question !
– Autre moment de grâce, Christophe qui offre sur un plateau l’intégralité de son nouvel album. Six musiciens magiques l’entourent d’un cocon musical électro-rock et quasi-symphonique par moments. Voix sur le fil de l’émotion, toujours aussi nickel qu’envoûtante. Sur “Les vestiges du chaos”, elle se fond aux feulements du saxo à tel point que l’on ne distingue plus qui est qui… À saluer, le travail fabuleux sur les lumières. Un show d’une heure annonciateur d’une magnifique tournée à venir.

2017 : Rendez-vous du 18 au 20 octobre pour la nouvelle édition du MaMA !

>> Site du MaMA

 

Serge Beyer, Pierre Sokol et Fabrice Lassort.
Photos : Emma Birski

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