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LES FOCUS DU FME

 

Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue
1 au 4 septembre 2016 à Rouyn-Noranda (Québec).
Site du FME

Texte : Samuel Degasne

 

Focus sur Krismenn & Alem

À propos de la révélation des Vieilles Charrues 2015, on se demande toujours si la greffe pourrait prendre en dehors de la Bretagne… Il faut avouer que le pitch hésite entre poilade et création sous sépia : un chanteur de gavotte (Krismenn) et le champion du monde de beatbox (Alem) avec seulement deux micros ? Hum. Le coup du moderne dans les vieux pots, les théâtreux en abusent depuis longtemps…

Sauf que détrompez-vous : il y a une dimension old school inattendue dans cet hip-hop sur fond d’envolées électro minimale et de contorsions breizhoues. L’exercice est tribal, hors de tout artifice, et la sauce prend rapidement. Il faut entendre la foule hurler en chœur « Kreizh Breizh ! » en Abitibi-Témiscamingue pour le croire… Preuve que, plus que le communautaire, la fierté des racines est universelle et communicative. Belle leçon entre héritage, métissage et apprentissage.

Krismenn & Alem @Festival de musique emergente en Abitibi-Temiscamingue 2016 ©Christian Leduc - Longueur d'Ondes

Que ce soit sur les réseaux sociaux (merci Route 164), en Impromptu sur le parking de Chez Morasse (« meilleure poutine du monde ») ou dans une ancienne salle de cinéma (Le Paramount, avec lettres amovibles sur la façade), la foule est chaque fois conquise… La sincérité paie ?

Anecdote : Alem est passionné de Pokemon Go. À 30 secondes de la montée sur scène, il a réussi – sans tricher – à combattre un Pokemon exclusif à l’Amérique du Nord. De quoi expliquer son euphorie lors du concert.

(Re)lire l’entrevue avec Krismenn & Alem

 

Focus sur Mélanie Joly

L’élue : Ministre du patrimoine canadien

Rencontrée quelques jours plus tard à Paris lors d’une table ronde, Mélanie Joly (du gouvernement Trudeau) nous précisait que son pays est « le 3e plus gros exportateur mondial de produits culturels ». Il n’empêche que son pays cherche tout de même à renforcer ses collaborations (notamment avec la France), convaincu que le secteur est un levier économique, touristique et social. Un socle transverse autant qu’un cercle vertueux. À quand une même analyse chez nos élus qui se targuent de l’exception culturelle française tout en considérant le domaine comme une soupape d’ajustement aux baisses de crédit ?

Malgré les importantes sommes mises en jeu par le Canada, force est de constater que plusieurs problèmes subsistent : administration française trop lourde, méconnaissance des médias hexagonaux (certaines radios, s’offusquant des quotas francophones, n’auraient pourtant qu’à puiser dans ce vivier outre-Atlantique), difficultés à créer des styles endémiques (pour deux groupes similaires, on privilégiera celui français pour des questions de coût), absence d’outil généraliste faisant la promotion de ces exports, manque d’éditorialisation ou de soutien aux médias qui s’en font écho… Résultat ? Beaucoup de one-shot / one-show, sans service après-vente.

Pourtant (influence des États-Unis ?), les Canadiens sont en avance sur le réseautage d’affaires, se servant en particulier des festivals pour échanger des cartes et signer des contrats. Voire n’ont pas cette pudeur hexagonale à lier entreprises et expression culturelle…

Conclusion collégiale de cette rencontre : les artistes québécois doivent davantage s’immerger en France (quitte à y habiter quelques mois), traîner dans les soirées, adapter leurs discours, créer une attente avant la sortie de l’album, constituer une fan base… Car si investir dans la création et la diffusion est essentielle, l’effort est vain sans véritable promotion.

Melanie Joly @Festival de musique emergente en Abitibi-Temiscamingue 2016 ©Samuel Degasne - Longueur d'Ondes

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