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MATHIEU BOOGAERTS

Mathieu Boogaerts entrevue Longueur d'Ondes N°77 - Photo : Sarah Bouillaud 2016

Mathieu fait le bilan

Pour célébrer ses 20 ans de carrière, Mathieu Boogaerts était récemment à la Philharmonie de Paris accompagné, pour la première fois en deux décennies d’activité musicale, de 8 musiciens sur scène. Moment idéal pour parler de son presque lointain passé et de son futur plutôt proche depuis le transat de son studio bellevillois.

  • Tu as six albums au compteur et 20 ans de carrière : un bilan se dresse naturellement ?

Je suis quelqu’un de très attaché aux chiffres. Pour être à l’aise dans ce monde, j’ai besoin d’avoir des échelles. Je dois connaître la circonférence de la Terre ou le nombre d’êtres humains, ça m’est presque vital. Donc, naturellement, je fais un point après 20 ans de carrière. Globalement, je me remets en question tous les matins, je prends beaucoup de recul, peut-être trop parfois. Je n’ai donc pas attendu cet anniversaire pour regarder derrière moi et me poser des questions.

  • Quels sont, à ton sens, les faits marquants dans ta carrière ?

Il y a eu mon premier contrat, le moment où tu bascules d’amateur à professionnel. Je compare cette période à celle d’un étudiant. J’ai arrêté l’école en première, je marchais sur des œufs et, pour combler cette période d’angoisse, j’étais très studieux, je comptais même mes heures d’écriture. Lorsque l’on m’a proposé de signer, je me suis rendu compte que je n’étais pas fou et que j’étais même pertinent. Le second choc, c’est quand j’ai vu mon clip « Ondulé » sur M6. Le troisième, ça a été la sortie de mon deuxième disque (J’en ai marre d’être deux, 1998, ndlr). J’étais persuadé qu’il était mieux que le premier mais mes proches étaient super déçus. Je pensais savoir ce que les gens avaient aimé dans le premier. Et en fait, non. J’avais l’impression de ne plus rien savoir, que tout m’échappait. Je me sens beaucoup plus libre depuis car je n’essaye plus d’anticiper.

  • Tu as des regrets, des choses que tu ferais différemment si tu pouvais remonter le temps ?

Très spontanément, je dirai non. Si je cherche, je vais trouver mais ça veut dire que fondamentalement je suis en phase avec mes choix. Je suis très exigeant et très critique envers moi-même, donc lorsque je valide quelque chose, c’est que j’en suis convaincu. Jamais à 100 % mais à 99,6 %.

  • Quelles sont les choses sur lesquelles tu as le plus évolué en 20 ans de carrière ?

Je dirais l’écriture des textes. Je me sens plus fin, plus mature, autant sur la méthode que sur le résultat. Je sais davantage comment faire pour aller où je veux. J’ai aussi progressé en chant et en guitare. Je me sens beaucoup plus à l’aise. Je trouve ma voix insupportable sur mes deux premiers disques. Aujourd’hui, quand j’écoute un concert guitare / voix enregistré, je trouve que c’est juste et que ça à de la gueule.

  • Certaines choses ont stagné ?

J’ai l’impression de ne pas avoir évolué en réalisation de disque. J’ai des chansons que j’aime, j’ai ma maquette, je sais comment elle doit sonner mais je me demande toujours comment m’y prendre pour la produire. Je ne sais pas. Je trouve que mes disques sont mal produits. Je le pense vraiment et je ne sais pas comment faire.

  • C’est dans une maison du sud de la France que tu as commencé l’enregistrement de ton prochain album. Pourquoi as-tu décidé de le faire entièrement seul ?

C’est peut-être une grosse connerie. À chaque fois que je fais un disque, j’aime avoir une contrainte. Pour cet album, la contrainte était : pas de batterie. C’est mon instrument préféré à jouer mais j’en avais marre d’entendre de la batterie. J’ai fait beaucoup de concerts guitare / voix ces dernières années, alors j’ai voulu mettre à profit cette expérience. Je travaille sans clic, guitare-voix, et je fais aussi la basse, les percussions et les claviers.

  • Si tu aimes autant travailler seul, pourquoi ne pas devenir indépendant ?

Je me sens totalement indépendant. C’est aussi pour ça que j’ai aménagé ce studio, pour être tranquille. Vis-à-vis de ma maison de disques, je suis totalement indépendant. Pour l’instant, ils n’ont pas déboursé un euro pour le prochain disque. J’ai moi-même loué la maison dans le sud de la France et j’ai aussi payé pour le déménagement, ça me permet de ne pas avoir peur que ça ne leur plaise pas. Je suis leur seul artiste à fonctionner de cette façon et ils l’acceptent car il en va de ma tranquillité d’esprit.

 

Site de Mathieu Boogaerts

Texte : FABIEN BOILEAU
Photo : SARAH BOUILLAUD

 

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