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SUBLAND : ODEZENNE

Une parenthèse à Berlin

Noël Magis, jeune réalisateur de cinéma, a choisi de réaliser son premier projet sur le trio de rap Odezenne. Le film-documentaire Subland capte un moment crucial de leur carrière musicale : la création d’un nouvel album et l’autoproduction d’un concert dans la salle mythique de l’Olympia.

Mattia, Noël, Jaco & Alix - Subland - Entrevue avec Noël Magis sur Longueur d'Ondes

 

Après des études de Droit et d’Histoire de l’art, Noël Magis rencontre un producteur de Dublin Films, une maison de production de documentaires de création et de films de fiction dont un établissement s’est implanté à Bordeaux, ville natale des trois amis formant Odezenne. Après 3 ans en tant qu’assistant, Noël partage sa volonté de réaliser : ainsi commence l’aventure Subland, un film documentaire tourné avec les membres d’Odezenne – rencontrés au lycée – , produit par Dublin Films et soutenu par la Région Aquitaine, le CNC (Cosip), TV7, le Procirep et la Sacem.

C’est alors 2 ans de tournage et 10 semaines de montage avec Jeanne Oberson qui aboutissent à un documentaire de 52 minutes, à la mise en images de la création, de ce qu’est la vie d’artiste indépendant et des conditions de l’autoproduction.

Le film débute par la préparation d’un séjour à Berlin visant à la création et l’enregistrement d’un nouvel album, Dolziger Str. 2, et la préparation d’un concert autoproduit à l’Olympia, un grand challenge. Dans une scène, on apprend qu’à cause de leur séjour, ils perdent leur statut d’intermittent. En tant que membre de la sphère artistique, on se demande si montrer cette scène avait une importance particulière. “Il y a un bug dans la matrice : ils n’ont anormalement pas leur statut d’intermittent. Le but n’est pas de critiquer cela mais plutôt de réfléchir sur ce qu’est aujourd’hui un artiste en France et dans notre système contemporain. L’intérêt principal du film, c’est davantage la trajectoire des personnages. L’idée de départ était de faire un documentaire où les personnes existent autant en tant que personnage, avec des enjeux, des défis, des désirs qui ne peuvent se satisfaire tout de suite. J’ai trouvé intéressant de montrer leur galère : l’aspect politique est une en sous-couche, l’enjeu est foncièrement narratif.”

Il y a une forme de courage de partir à Berlin pour 5 mois pour enregistrer en studio

Issu du droit et du cinéma, Subland est un premier projet en lien avec la musique. Tout comme le spectateur, Noël Magis a découvert, à mesure du tournage, le monde de la musique et ses coulisses : “Le film est un apprentissage. Je n’étais pas là pour rendre compte d’un savoir que j’avais, et c’est ça qui est intéressant, j’ai aussi découvert l’envers du décor, cela s’est construit de toute pièce. J’ai beaucoup appris sur la création artistique et sur le développement d’un groupe, car le film parle de cela : il contextualise la création dans un décor plus large, celui d’un groupe qui essaie de se développer via les réseaux sociaux, via la camaraderie… Il y a une forme de courage de partir à Berlin pour 5 mois pour enregistrer en studio et mettre de côté la partie promotion qui est nécessaire à toute entreprise.”

Il fallait partir pour continuer à être des musiciens, à être des artistes

Au fur et à mesure, on pense comprendre l’essence du film : au final, la création n’est-elle pas le personnage principal ?  “Non, ce n’est pas un personnage, ni la ville, même si elles sont tellement présentes qu’elles pourraient le devenir, je n’arrive pas à me le dire. Ce serait plutôt le coeur du projet, c’est la partie la plus intéressante, elle est dans le film comme une parenthèse comme elle l’est d’ailleurs dans leur vie car ils ne peuvent malheureusement pas passer tout leur temps à créer et répéter. En fait, les trois quarts du temps, ils sont en train de manager leur entreprise. Donc Berlin, à un moment donné, a été nécessaire : il fallait partir pour continuer à être des musiciens, à être des artistes, car tout le reste contamine. Gérer les réseaux sociaux, la promotion, les nécessités de la production, le fait de travailler avec les exploitants… tout cela fait que Berlin et la création ne peuvent exister que durant une pause, une évasion.”

LAURA BOISSET

Subland
Réalisation : Noël Magis
Production : Dublin Films
Sortie : Février 2016

Site de Subland

 

 

Le clip de “Souffle le vent” s’ouvre sur la rue Dolziger qui a inspiré le titre de l’album et qui est la rue où le trio bordelais a vécu à Berlin.

 

 

 

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