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AL’TARBA

Musée de cire

A l’occasion de son passage au Badaboum, Jules Rigaud nous a livré quelques considérations sur son identité sonore, il est vrai, difficile à cerner. Passé par le punk avant de déclarer sa flamme au hip hop, ce Toulousain élevé au bon air des années 2000, avait vu sa carrière réellement décoller il y a quatre ans lors de la sortie de son 3ème opus Lullabies For Insomniacs, un disque alors distribué seulement en digital…

Cette première édition en vinyle devrait ainsi permettre aux néophytes d’appréhender un univers riche en influences et pour les autres de se remémorer un certain pan musical à peine asséché par les affres du temps. Mélange de samples issus de films anciens comme de comics gore corrélés à des beat frénétiques, la griffe musicale établie par ce beatmaker ne cesse d’osciller entre passé et présent. En résulte une musique électronique teintée d’abstract hip hop, rappelant la bonne odeur d’une cire qui continue de coller aux basques de beaucoup, celle de Wax Taylor pour ne pas la citer…

AL'TARBA 2014 - Pierre Wetzel #2

  • Quel est ton rapport à la musique ? Tu sembles avoir gravité au travers de pas mal de styles ? Pourquoi avoir abandonné le punk ?

Comme beaucoup de gens, la musique accompagne ma vie de tous les jours, mes humeurs, et m’inspire ou me fait triper. Autant en faire que l’écouter ! En fait, j’écoute vraiment de tout mais les deux styles principaux que tu peux trouver dans ma playlist, c’est du punk et du rap !
J’écoute toujours beaucoup de punk et d’ailleurs on vient de finir l’album de mon groupe Droogz Brigade sur lequel je fais les beats. En réécoutant l’album je me dis que l’on sent bien cette touche punk rock sans même que l’on ait usé d’une guitare saturée.

  • J’ai pu lire que ton grand-père était un collectionneur de vinyles : t’a-t-il transmis cette passion ? Passes-tu du temps dans les bacs de disques à faire du «digging» ?

Sur mes deux premiers albums je ne samplais que du vinyle pratiquement, à l’époque j’habitais à Toulouse et il y avait un shop de vinyles rempli de vielles BO de films d’horreurs et obscurs ou des trucs dédiés à des synthés modulaires spécifiques. J’y ai laissé pas mal de tune ! Maintenant je sample moins sur vinyle, mais ça m’arrive toujours. J’ai laissé ma collection à Toulouse chez les parents…

  • Peux-tu me parler de la participation de DJ Nix’On à ce projet ? Comment s’est déroulée votre collaboration ? Qu’a t-il apporté à ta musique ?

Et bien ça va bientôt faire trois ans que l’on tourne ensemble. Ça fait un paquet de dates, de rencontres, de collaborations ! On s’est rencontrés à un concert de Necro et depuis on se fait écouter beaucoup de choses, et puis c’est un tueur en scratch donc je fais appel presque tout le temps à lui quand j’en ai besoin sur des tracks. Il a toujours des bonnes idées de construction.

  • Quand on écoute certaines de tes productions, on pense irrémédiablement à Wax Taylor notamment pour le sample de dialogues cinématographiques et certaines ambiances développées. Cet artiste a-t-il été d’une influence majeure dans l’aboutissement de ton projet musical ? Que penses-tu de ses productions actuelles ?

Carrément, surtout ses deux premiers albums que j’ai beaucoup écoutés, j’ai un peu moins suivi récemment. Mais mes deux influences principales en ce qui concerne l’abstract hip hop, c’est Blockhead  et RJD2 .

  • Tu as en outre pu collaborer avec différents acteurs du monde hip hop : quel en fut ton meilleur souvenir ?

Entendre mon pote Lord Lhus casser une douche le matin dans un hôtel parce qu’il était mal réveillé et puis le traquer en l’appelant “Da Showa Breaka” en imitant la voix de Prodigy sur «Fire Starter» !

  • Tu es originaire de Toulouse, gardes-tu un œil sur la musique de cette région ?J’ai l’impression que de nombreux groupes y sont estampillés beatmaking notamment quand on regarde la ligne d’un label comme Banzai Lab qui comporte des artistes tel que Senbeï. Et plus généralement, l’esthétique sonore semble être plus roots qu’ailleurs, pas mal de reggae et de dub…

Je dirais que l’alcool est moins cher à Toulouse qu’à Paname. Regarde à Lille ou à Bruxelles aussi, c’est la teuf non ? Mais oui je suis assez fier de la scène autant hip hop qu’électro du Sud-Ouest. On a du bon magret et de la bonne musique. Tout ce qu’il faut dans la vie en somme !!!

  • Juste un mot sur le contexte actuel de la musique en lien avec les récents attentats survenus à Paris. Penses-tu que cela va impacter le monde musical d’une quelconque manière ?

J’ai déjà entendu quelques chansons plus ou moins réussie sur le sujet… Après je pense que c’est surtout le climat en France, qui était déjà bien tendu depuis pas mal de temps, qui influera sur la musique. Chaque époque a eu ses musiques nées en réaction à son climat, ça a donné des groupes et des chansons qui ont marqué les esprits au fil du temps et encore aujourd’hui…

 

Lullabies For Insomniacs / Banzaï Lab
Site : http://altarba-beats.com/

JULIEN NAÏT-BOUDA

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