Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

ANGEL

L’être-ange

C’est dans la cave obscure du Truskel à Paris que nous avons rencontré Anthonin Ternant (ex-Bewitched Hands, ref LO 65) dont le dernier projet en date fait le pari d’une mise en scène originale et pour le moins artisanale. Affublé d’un costume aux ailes luminescentes, ce dernier invite le public dans un univers onirique au gré de ballades pop rendant grâce au 70’s. Rencontre avec cet être iconoclaste, dont le geste et l’attitude vont à contre-courant des temps modernes, comme un pied de nez à cette ère du numérique et du tout digital.

Angel - Photo : Michela Cuccagna

 

  • Peux-tu nous expliquer la genèse d’Angel ?

 

Le projet a commencé après l’arrêt des Bewitched Hands (il en était le chanteur) il y a un an. On m’avait alors proposé de faire un concert en solo pour un festival d’été du côté de Châlons mais j’ai décliné la proposition car je pensais qu’être seul sur un tabouret avec une gratte acoustique ça serait chiant. L’idée de l’ange est alors arrivée naturellement car c’est un personnage de mon autre projet Wolf Under The Moon, sorte de maison des horreurs dont la mise en scène se veut plutôt théâtrale, l’idée étant de créer une scénographie pour chaque morceau. Angel c’est à la fois le spin off et la suite de ce projet, esthétiquement et musicalement.

 

  • Quelles sont les raisons qui ont entrainé la fin des Bewitched Hand ?

 

C’est en partie dû à l’échec de notre deuxième album. On avait pourtant connu un certain succès qui nous avait permis de signer avec une major et de faire une tournée aux États-Unis. Je dirais que tout le monde était très naïf même dans notre entourage. Nous étions dans une période où Phoenix venait de remporter un prix aux États-Unis et un certain avènement des groupes français chantant en anglais se faisait alors sentir. On a saisi l’opportunité et on est partis faire le South By Southwest à Austin au Texas, on a aussi donné des concerts à Los Angeles et à New York. Notre problème a été de ne pas réussir à s’émanciper du cadre « ambassadeur de la France ». On n’a jamais embrayé sur une vraie tournée avec van etc… On est ressortis très éprouvés mentalement de ce passage et on a enchainés avec l’enregistrement du 2ème album en étant sur les rotules, ce qui peut expliquer en partie l’échec de celui-ci. J’ai alors dit stop au moment de penser à un 3ème album.

 

  • Qu’est qui fait aujourd’hui la spécificité d’Angel parmi les trois autres projets auxquels tu participes ?

 

Musicalement, tous les morceaux composés pour Angel le sont à partir d’une base folk et relatent un certain esprit 70’s. Pour mon projet parallèle, Black Bones, on est plus dans des influences années 90. Wolf Under The Moon se définit par une intonation new wave assez mélancolique donc plus années 80.

 

 

  • Tu sembles avoir de nombreux désirs musicaux, quelle en est la raison ?

 

L’objectif premier reste de pouvoir vivre de sa musique. Pour Angel, nous ne sommes que deux, moi et mon ingé son, cela limite les coûts. Je trouve ce projet grisant car c’est super fun de pouvoir faire des concerts dans des lieux inopportuns comme des appartements, on a même failli jouer dans un planétarium et prochainement, on doit jouer dans une cathédrale à Mulhouse. Ce genre de projet pousse à rendre ta programmation imaginative.

 

  • Te dirais-tu plus ange ou démon ?

 

(Petite hésitation) Plus démon quand même car c’est plus marrant. Quand j’étais gamin je voulais d’ailleurs être maquilleur pour des films d’horreur. J’ai baigné dans cette culture en visionnant de nombreuses VHS. Et d’un point de vue visuel c’est tout de même plus fun de se transformer en squelette qu’en escargot.

 

  • Penses-tu que les gens aiment se faire peur ?

 

A vrai dire je n’en sais rien, je n’essaie pas d’intellectualiser ce que je fais. Le côté carton-pâte de ma scénographie résume d’ailleurs cela, on est dans un projet porté par la spontanéité. Je ne vais pas passer des heures dans un atelier à préparer mon décor, un peu de peinture et un cutter suffisent. J’ai le même rapport à la musique, à savoir quand tu as ta guitare sèche et ton quatre pistes, tu peux poser tes idées très rapidement et aboutir à un résultat très concret. Je dois cela au fait que j’ai découvert la musique au début des années 90 avec l’émancipation d’un son lo-fi, initié notamment par des artistes comme Beck. J’aime ce son un peu crade et sans production, élaboré dans une simple chambre.

 

  • Quel esprit navigue derrière ta mise en scène plutôt criarde ?

 

J’aime penser qu’un concert puisse recréer cet esprit «boum d’adolescent» dans une cave avec des confettis, ballons, lumières et voir tout le monde danser. Le côté festif de la musique me plaît et je me retrouve bien dans des groupes tels que les Flamming Lips ou Of Montreal.

 

 

  • Pour 2016 quels sont tes projets ?

 

Dans le cadre d’Angel, on doit faire trois dates au Festival GéNéRiQ à Belfort en février. Le projet a aussi été retenu pour le tremplin des Inouïs de Bourges. Les Bars en Trans ont permis de nous faire connaître, on a de plus été parrainé par la région Champagne Ardennes qui a financé le triple album Black Bones – Wolf Under The Moon – Angel. Cet argent nous a aussi offert la possibilité d’engager une attachée de presse, ce qui change beaucoup de choses au niveau de la communication.

 

  • Tu as des projets multiples certes, mais qu’en est-il d’un album en bonne et due forme ?

 

Un vinyle composé de quatre titres revisités doit sortir pour Angel. Je n’aime pas particulièrement le concept d’album car tu as un peu l’impression de jouer ta vie avec ce format. Sortir des EP’s permet de servir sa musique comme un apéritif et de ne pas gaver les gens. Un disque long format interviendra certainement mais ce n’est pas encore le moment, le projet Angel est encore super jeune et j’ai de quoi faire avec les productions récemment sorties.

Site : www.facebook.com/musiquedelange

JULIEN NAÏT-BOUDA
Photos : Michela Cuccagna

 

 

 

 

 

ARTICLES SIMILAIRES