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KURSED

Une façon de boxer

Kursed photo 2

 

Découverte du jeune label montpelliérain 25H43 Productions, Kursed ne cesse de prendre une certaine hauteur. D’abord, avec un deuxième EP à la contagieuse frénésie électrique ; puis, surtout, à coup de concerts aussi furibards que décontractés (pour comprendre ce groupe, il faut vraiment le voir sur scène). Hugo (chanteur) explique les origines du quatuor : « Je n’ai aucun musicien dans ma famille mais mon père est fan de rock. J’étais bercé par AC/DC ; puis l’envie de faire de la musique m’a pris instantanément, en cinq minutes, en tombant sur un clip de rock à la TV vers l’âge de 12 ans. Je me suis dis qu’il fallait que j’exerce cette activité, alors j’ai harcelé ma mère pour avoir une guitare électrique. Mon beau-père m’a prêté sa Strat’, que j’ai apprivoisée. J’avais l’impression que c’était la seule chose que j’arrivais à faire. Il y avait tout : je pouvais faire du bruit, m’exprimer, crier, créer. Très vite, j’ai demandé à mes potes de monter un groupe : le batteur (Fabien à l’époque) est devenu batteur car son oncle possédait une batterie, et Thomas le bassiste ne savait pas ce qu’était une basse. On a donc commencé en faisant du bruit dans un garage à 13 ans. On s’est découvert une passion, et, pour ma part, une raison de vivre. » Thom (bassiste) : « Nous ne savions pas quoi faire de nos journées, un été en 2002 je crois. On passait nos après-midi à faire du skate et des conneries. Un jour, on a décidé de se mettre à la musique sans savoir où cette idée nous mènerait. Fabien et Hugo m’ont mis une basse dans les mains… »

À quoi ressemblaient les premiers morceaux de Kursed ? Hugo : « Ils sonnaient très grunge. J’avais la rage, c’était ma manière de me défouler, ma façon de boxer. » Souvenir du premier concert ? « Bien sûr, à treize ans dans le café de notre village ! Tout le collège était là, on avait bien soigné notre look, j’avais même fait un solo derrière la tête à partir du premier morceau. Epique ! Ce n’était quasiment que des reprises (Nirvana, The Vines, The White Stripes, Blur, Offspring…). » Thom : « Et puis, dès qu’on a eu 18 ans, on a commencé à bouger partout sans savoir où on allait dormir. Tant que l’on pouvait jouer, on s’en foutait. »

 

 

Un titre de Kursed se nomme « Success », comme une distance amusée entre l’image renvoyée et la véritable décontraction du groupe, pour ne pas dire sa cool attitude. « L’idée du clip est tout con, s’amuse Hugo. Je ne voulais pas simplement mettre une photo, je voulais une photo qui bouge, donc un plan où il ne se passe absolument rien. Les gens s’attendent à quelque chose mais non, frustration ! Je trouvais rigolo ce paradoxe avec le titre de la chanson, qui donne effectivement un air blasé. » Sur l’aspect paradoxal du groupe, une première sensation musicale laissait craindre une formation un peu hautaine : trop d’assurance, trop de morgue crâneuse. Un jugement à l’emporte-pièce totalement balayé par les prestations scéniques de Kursed, entre énergie et modestie, convivialité et pure éclate rock’n’roll. On hésite à partager cette impression erronée avec Hugo, avant que la curiosité ne l’emporte : « Je ne savais pas que l’on passait pour des gens orgueilleux. On a toujours été des gens simples qui se démerdent, passionnés et ouverts. Simplement, on essaye de faire les choses bien et on soigne beaucoup notre musique, le son, le visuel… En tout cas, content de savoir que sur scène tu ressens cela. » Ari (guitariste) : « On cherche la spontanéité. Evidemment, sur scène on est porté par ce que reçoit le public, on se donne sincèrement et on en ressort lessivé. Mais le côté studio nous fascine aussi, on est des amoureux du son qui aiment passer du temps à peaufiner les morceaux. »

 

La rencontre avec 25H43 a été décisive dans le parcours de Kursed. Hugo : « La rencontre avec Odyl (notre manageuse) s’est faite à un concert que l’on donnait à Montpellier au Rockstore. Elle n’avait plus de voix, elle était aphone et je ne comprenais pas ce qu’elle me disait. Je hochais la tête, je savais juste qu’elle avait aimé. Ensuite on a discuté puis rencontré le reste du label, et pour nous c’est LA rencontre de cette année 2015. On est hyper fiers de bosser avec eux. Odyl se démène, elle est déterminée et géniale. » Apple, second tour de chauffe avant l’étape album ? « Exact, et premier EP sous cette formation (Romain le batteur nous a rejoint peu après le quatre-titre Retromania), poursuit Hugo. Hâte de vous faire découvrir cet album ! » Thom : « Oui c’est ça, on a décidé de sortir cet EP pour présenter la formation actuelle ainsi que l’évolution des sonorités de Kursed depuis Retromania. C’est la première fois que Romain est venu enregistrer avec nous depuis le départ de Fabien. L’album sortira courant 2016 et montrera vraiment l’aboutissement de nos sonorités actuelles. »

 

On en profite pour prendre des nouvelles musicales de Montpellier, ville jadis toute électronique mais depuis peu, semble-t-il, traversée par une émulsion rock (The Plans, Betty Argo, The Neighborhood). Hugo : « Il y a un foisonnement rock mais comme tu dis, c’est clair qu’on se fait avoir par la scène électronique. À Montpellier, en fait, tu as beaucoup d’étudiants et donc TOUS les styles tournent. » « On se fait encore un peu bouffer par la musique électronique, confesse Ari. Mais nous ne sommes pas les plus à plaindre. Il y a énormément de musiciens ici, quelques salles cools et des groupes vraiment intéressants. Cela pourrait être bien pire. » Des familiarités avec des formations actuelles ? Hugo : « À Montpellier ? Pas trop… On est cependant contents de voir que des groupes tels que Last Train font le ménage, car on se sent proche de leurs influences. » Thom confirme : « Il y a quand même une bonne scène rock à Montpellier qui réveille les curieux, je pense à Oceanic Memory avec qui on a partagé une scène, aux Fabulous Sheep qui ont bien la fougue eux aussi… Je vais encore parler de Last Train : leur formation guitare / basse / batterie défonce, ce sont des jeunes qui se bougent le cul et c’est du rock’n’roll pur et dur comme on l’aime. Et cela fait plaisir de voir des jeunes qui croient en leurs idées et en leur musique. »

Parmi les récents coups de cœur musicaux de Kursed, Ari, Hugo et Thom citent chacun le groupe Belge Balthazar, mais aussi Cage The Elephant ou Birth of Joy, « et puis pas mal de vieux jazz/swing ou jazz vocal » précise Hugo.

Jeunesse fougueuse, jeunesse libre… Enfin une image de la France qui respire un bel avenir. C’est dire à quel point la détermination de Kursed, donc de l’enfance éternelle, en ces jours troubles, semble plus nécessaire que jamais.

Site : www.kursedmusic.com

JEAN THOORIS

Photos : Alexandre Lemaire

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