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LA GALE

La gale

Gratteuse maladive


Que l’on soit bien clair. Rentrer pleinement dans l’univers musical de la rappeuse La Gale suppose une prise de risque : celle de ne pas revenir indemne d’une descente aux enfers dans un esprit bien trop lucide pour être en paix totale avec l’humanité.

Autoproclamée « sorcière du hip-hop » sur la pochette de son dernier disque Salem City Rockers composé par les beatmakers I.N.C.H et Al’Tarba, la rappeuse suisse a plus d’un tour de magie noire dans sa besace. D’abord chanteuse punk puis rappeuse (depuis 2006), sa carrière musicale s’est construite au fil de ses rencontres et de ses envies. « Les concerts, la scène, tout ça, c’est venu de fil en aiguille, parce que c’est assez galvanisant de pouvoir échanger avec un public. »

Elle s’est également essayé au cinéma dans le film « De l’encre » réalisé par le groupe La Rumeur, ce qui lui a permis de se faire un peu mieux connaître en France. Elle y interprète le personnage principal, Nejma, une jeune artiste underground rêvant de percer dans le hip-hop mais qui pour assurer sa survie et celle de sa famille se voit contrainte d’écrire dans l’ombre d’un slameur incapable de composer ses propres textes. De cette expérience, elle découvre la réalité impitoyable du monde de la musique mainstream mais se bat malgré tout pour conserver ses valeurs et son amour des mots.
Cette rage et cette détermination, on la retrouve chez la Gale. Son rap, profondément sombre et désabusé, témoin d’un fort vécu, se refuse toujours à courber l’échine. On ressent chez elle certains vieux réflexes de la musique punk car les paroles sont crachées sur des productions musicales agressives et relativement courtes mais la plume est fine, précise, travaillée. « Je n’aime pas trop les étiquettes, mais ça rassure pas mal de gens d’en coller à tout va. Je traîne encore dans les concerts de punk-rock et puis ça m’arrive aussi d’aller voir des concerts de musique classique. Ce qui est important dans l’art en général, je pense, c’est d’être sincère. »

Sincère. Voilà donc une qualité qui résume bien l’artiste. Engagée également, car celle-ci a participé, il y a quelques années, à la création d’un projet nommé « Gaza Meets Geneva », regroupant des artistes suisses et palestiniens. Sur ses deux albums solos, elle jongle avec les thèmes, dénonce les failles du système capitaliste, revient sur ses origines libanaises, revendique son droit à la marginalité… On y retrouve les questionnements et les incertitudes d’une jeune femme face au monde actuel.
Ce qui est sûr en tout cas, c’est que La Gale n’a pas sa langue dans la poche. Et « Coupez-la, elle repoussera peut-être » tel qu’elle l’annonce dans son dernier album.

lagale.bandcamp.com

La Gale / Salem City Rockers / Vitesse Records

ZIT ZITOON
Photos Mehdi Benkler

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