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ANNE CARDONA

Anne Cardona - Photo : Marylène Eytier

Entre scène et intimité

Après le six titres Je déteste le rose d’AnneCardona (tout attaché) en 2007, l’album Au jour la nuit d’AnnCardona (tout attaché aussi) en 2009, l’EP Hidden Garden d’Orna Danecan en 2013, Anne Cardona (cette fois sous son vrai patronyme) poursuit son chemin créatif avec Oiseau de nuit, aux dix titres enchanteurs et poétiques.

La sortie toute récente de l’album est célébrée aux Trois Baudets le mardi 29 septembre 2015, lors d’un triple plateau avec Irina-R puis Lull. La soirée continue avec Anne, toute en beauté, en quatuor et en chansons ; lesquelles, finement orchestrées, acoustiques, mélodiques ou plus électriques, séduisent un public attentif, réceptif, captivé. La brune parisienne arrive dans sa petite robe blanche aux liserés noirs, les cheveux rassemblés en une queue de cheval tendance sixties, accompagnée de « sa » violoncelliste Chloé Boyaud, du batteur Nicolas Goussot et du guitariste Hugues Chauvin (déjà présent lors du concert du  16 juin 2015 à ACP La Manufacture Chanson).

Le temps, pour les artistes, de prendre possession de la scène, de se chauffer, de se détendre, et le concert prend son rythme de croisière, enchaînant harmonieusement les chansons tendrement rêveuses, en clair-obscur, d’Oiseau de nuit (« Pas nous », « L’homme de ma vie », « Où, quand, comment », « Ton corps », « Tuer le temps », « Ailleurs », « La poésie »…), l’inédit entraînant « Fée de la nuit », le titre folk « Don’t Look Back ». Le set, joliment mené, s’achève dans le silence recueilli des émotions partagées, avec un « Au jour la nuit » intense et délicat.

Sûr, Anne Cardona, ne va pas en rester là, elle aime la scène ; après un nouveau concert parisien le jeudi 8 octobre au Pop Up du Label (en première partie de Great Lake Swimmers), il y aura des dates au Limonaire et en province, d’autres premières parties…

Afin de mieux la connaître, laissons-la répondre à quelques questions :

Il t’a fallu du temps et de l’énergie avant que ton nouvel album soit dans les bacs. Quelles ont été les différentes étapes ayant permis à ton projet d’aboutir ?

« Oui, il m’a fallu du temps et une dépense d’énergie incroyable. Une persévérance dont je ne me croyais pas capable, un degré de modestie et d’abnégation au-delà du réel. Ce disque, enfin ces chansons, je les ai portées à bout de bras.
J’ai fait dans Paris des centaines de concerts, des résidences, dépensé des sous pour enregistrer des maquettes, imprimer et coller des affiches, convaincre des gens de se déplacer à mes concerts, frappé aux portes des maisons de disque, envoyé des centaines de mails. J’en passe et des meilleures.
Il y a eu les concerts à La Loge pendant un an, les cours au Studio des Variétés, la résidence aux ACP, la rencontre avec Bertrand Louis qui a réalisé mon EP en anglais, celle avec Michel Pampelune (Fargo) qui m’a conseillée artistiquement pour l’avancement de l’album, celle aussi avec Benoit Guivarch et Jean-Louis Piérot qui ont réalisé le disque, les demandes de subventions FCM et SPPF…, etc.
Les étapes, il y en a eu tellement, ce sont énormément des micro-événements qui font avancer les choses…

Peux-tu en dire tout de même un peu plus sur la genèse d’ Oiseau de nuit ?

J’ai rencontré Michel Pampelune en allant dans sa boutique (Fargo), je lui ai proposé mon EP en anglais. Il a flashé sur ma voix et mes mélodies, mais il est farouchement contre les Français qui chantent en anglais, lui-même ayant développé beaucoup d’artistes américains… Il m’a donc aiguillée vers le fait de ne faire un disque qu’en français.
J’ai recomposé plein de nouveaux titres, traduit des chansons car décidément j’en aimais trop les mélodies pour les laisser tomber, et j’ai gardé la substantifique moelle de tout ça, sous forme de dix titres que j’ai sélectionnés pour l’album.
Les séances d’enregistrement ont eu lieu en deux temps. D’abord dans le studio de Jean-Louis Piérot, ensuite dans celui de Nicolas Leroux (Overhead, un groupe que je vénère !) avec Benoit Guivarch.

Qu’est-ce qui t’a poussé à faire de la chanson ? Tu as toujours chanté ? Tu as toujours écrit et composé ? À quel moment de ta vie as-tu appris à jouer de la guitare ?

Ce qui m’a poussée à faire de la chanson c’était d’abord l’envie d’exposer des textes, des sentiments, des idées qui me semblaient partagées par la plupart des gens. J’ai toujours eu des mots qui se bousculaient dans ma tête sans oser écrire un livre et puis tout le monde se moquait de mes « poèmes » alors j’ai pensé que faire des chansons serait plus facile et ferait moins peur que des poèmes.
Je composais des mélodies au piano, j’ai commencé à les mélanger avec mes textes… La guitare, j’ai appris tard, au départ parce que j’avais du mal à trouver quelqu’un qui accepterait de m’accompagner dans n’importe quel café pour jouer ! Et aussi parce que ça me permettait de travailler mes chansons toute seule tous les jours, de travailler la mise en place rythmique. Après, j’ai découvert le plaisir de jouer et des horizons se sont ouverts en compo.

Comment naît l’inspiration, pour tes chansons ? 

Avant que je ne me mette à la guitare, c’était toujours d’abord le texte et puis maintenant ça dépend. L’inspiration vient toujours de sentiments qui me traversent à un moment donné. Ce n’est pas égocentrique, c’est au contraire que j’ai la sensation que ce qui me traverse est très banal : puisque puisque tout le monde vit ce que je vis, alors autant le partager !
Une idée de chanson pour moi, c’est à chaque fois durant la nuit qu’elle arrive. En Guinée-Bissau, en Islande, au Cambodge et le plus souvent dans le 75018 au fond de mon lit !

Pour la mise en place des morceaux, les arrangements, comment ça se passe ? Travailles-tu en relation étroite avec Chloé Boyaud, “ta” violoncelliste ? Avec les deux autres membres de ton groupe ? Avec d’autres personnes ?

Les arrangements ont été élaborés avec différents musiciens avec qui j’ai eu l’occasion de travailler ces dernières années. Benoit Guivarch et Jean-Louis Piérot en ont fixé d’autres sur le disque et après nous avons, avec Chloé (cello) et Hugues (guitare), adapté le disque à la scène.
Hugues est une très chouette rencontre pour moi. Nous avons beaucoup de goûts communs et nous aimons les mêmes sons de guitares. Je le trouve très sensible et très énergique en même temps.
La formule habituelle du groupe est le trio guitare / violoncelle / voix, mais nous pouvons jouer en duo juste Hugues et moi. Le 8 octobre, nous expérimentons avec Chloé pour la première partie du groupe canadien (que je vénère aussi !) Great Lake Swimmers, la formule duo guitare acoustique / voix et violoncelle. La batterie est un luxe qu’on s’offre sur les « grosses dates ».

Quelles sont les autres personnes qui ont été partie prenante dans ton album ?

Eric Swanson (un joueur de pedal steel américain), le batteur Philippe Entressangle et le bassiste Marcello Guliani, Nicolas Leroux d’Overhead, le batteur Antoine Kerninon, autrement dit des musiciens de grand talent.
Enfin, l’illustratrice Peggy Moquay a mis un point final esthétique à ce disque car elle en a réalisé la pochette !

Texte : Elsa Songis
Photos : Marylène Eytier

Anne Cardona
Oiseau de nuit
Fargo / L’Autre Distribution

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