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PUTS MARIE

Je te salue, Puts Marie
Puts Marie - Longueur d'Ondes N°76

Soyons honnêtes, avant ces derniers mois, peu de monde avait entendu parler de Puts Marie. Le constat est plutôt étrange pour une formation existant depuis quinze ans, sauf que ces cinq Suisse ne font pas exactement les choses comme les autres. Voici donc six raisons – subjectives – prouvant que Puts Marie est un groupe peu académique, mais génial.

 

1 / Puts Marie vient de Bienne.

Bienne, ce n’est pas Vienne et on ne parle pas de valses. La plus grande ville bilingue de Suisse – français / allemand- est une capitale de l’horlogerie, comptant les usines Swatch et Rolex, mais c’est aussi une scène culturelle qui bouge. « Il y a beaucoup de musique, beaucoup de styles et le rap, c’est un truc énorme ici », assure le guitariste Sirup Gagavil. Contre toute attente, s’il a grandi au pied du Jura dans une cité tranquille de 40 000 / 50 000 habitants bordée par un lac, Puts Marie a donc baigné dans la culture hip hop. 

2 / Puts Marie a commencé par faire n’importe quoi.

Quand il a débuté voilà plus de quinze ans, le  groupe est d’abord parti dans tous les sens. « Au début, on était un trio assez bizarre, avec guitare, saxophone, batterie, c’était vraiment expérimental, on se permettait tout », poursuit Sirup. « Pendant un moment, on a eu un bassiste, mais ça n’a pas marché, et puis finalement, on a trouvé Max, notre chanteur. On a continué à quatre et puis en 2007, y’a Benni qui s’est ramené au Farfisa (un clavier de marque italienne pas loin de l’orgue hammond et du Fender Rhodes). Mais c’était un hasard, on était dans une production de disque. » Le groupe s’est désormais centré sur un rock rugueux et ce n’est pas tant le bazar que ça.

3 / Puts Marie n’a pas fait que de la musique.

Après une première partie de carrière au milieu des années 2000 durant laquelle il a « autoproduit » ses disques, signé sur un obscur label allemand basé à Francfort – Hazlewood records -, tourné partout en Suisse, en Allemagne et au Bénélux, nos Puts Marie sont passés à autre chose. « On n’en a pas vraiment parlé, mais au fond de nous, c’était clair qu’il ne s’agissait pas d’une séparation », explique Sirup. Pendant ce laps de temps, le chanteur Max Usata est parti à New-York pour faire une école de théâtre, le batteur Nick Porsche s’est lancé dans un projet solo et Sirup a ouvert un magasin de guitares. What else ?

4 / Puts Marie a un chanteur dans la lune.

Il arrive sur scène comme il est dans la vie, avec un tee-shirt et des fringues informes – beaucoup trop grandes pour lui -, et alterne entre le chant et une batterie sur laquelle il se défoule. Le chanteur Max Usata est un astre lunaire qui plane gentiment au-dessus de son groupe autant qu’il le porte. La fêlure de sa voix joue pour beaucoup et, derrière,  ses acolytes lui fabriquent une belle piste d’atterrissage. Il y a donc des moments grandioses et puis d’autres, beaucoup plus inégaux. Au dernier Printemps de Bourges, par exemple, le show tarde à décoller, cependant le titre Obtuaries restera sans conteste l’un des plus beaux moments du festival, toutes scènes confondues.

 

5 / Puts Marie ne donne pas de l’électro-pop à la mode (et on lui en sait gré).

Ils jouent un rock simple faisant référence aux années 90 ou au blues hanté de Tom Waits, et ça fait du bien. Il y a des atmosphères noueuses et un son sale que le groupe enregistre sur bandes. Explications de Sirup : « J’ai un petit studio, avec un enregistreur à bandes et je fais de la prise de son en analogique. La différence entre le numérique et l’analogique, c’est qu’avec les bandes, tu as un son énorme qui sort des baffles. Tu as aussi un territoire à exploiter qui n’existe pas en numérique. En analogique, quand le son est trop fort, après le zéro, les bandes vont compresser et après, il y aura une saturation.  Même cette saturation sera jolie. »

6 / Puts Marie a des clips détonants. 

Avant de prendre son nouveau départ avec son Masoch I-II (lire ci-dessous), c’est le clip de la chanson « Pornstar » – un tube en puissance – qui a fait parler de lui. Dans cette vidéo, le groupe recrée un cabaret à mi-chemin de la boîte de strip-tease et du club échangiste. « On voulait montrer une certaine ouverture, et puis, ce n’est pas lisse. Dans les publicités, tout est beau, les nanas sont hyper bonnes. Dans notre clip, il y a des personnes obèses, des vieux, c’est plus le quotidien… et on nous dit que l’on ne peut pas le passer à la TV ! Mais quand on voit la différence entre la publicité et la vie réelle, ça crée aussi des problèmes. Nous, on voulait faire quelque chose qui va contre ce mouvement-là », justifient-ils. En musique aussi, les aspérités ont du grain.

                                                                                                                                

Site de Puts Marie 

Texte: BASTIEN BRUN

Photo: Maryline Eytier

 


Masoch I-II

D’un côté, le calme, les mélodies léchées, de l’autre, la furia d’un rock pour les charmeurs de serpents à sonnette. Au départ, Puts Marie devait livrer deux EP, mais de fil en aiguille, Masoch I et Masoch II, ont formé un disque d’un seul tenant. Sur ces douze titres tout en anglais, le groupe s’inspire du blues rugueux et, entre les lignes, du rap. Sans se soucier des modes, ni de l’air du temps – comprendre : de l’électro-pop et de ses déclinaisons en tous genres -, il livre un disque intense, à la beauté cabossée.

( Two Gentlemen / Differer-ant)

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