Multicolored shadows
(Arago)
L’ouverture sonne comme une alerte aux dérèglements à venir, une récurrence chez le sieur Philippe Petit. Un groove minimal, tel un cœur qui bat la chamade, laisse percer un râle presque humain, mais passé à la moulinette numérique. L’emploi de vrais instruments, tambourin ou guitare, brouille les pistes. Les fréquences continues de cette électronique ultra concrète se succèdent, mais gardent en commun une capacité éprouvée à produire des textures vivantes. Si votre point d’écoute s’avère respectueux des ondes sonores, il vous semblera possible de pouvoir les toucher… Délaissez à tout prix les effets powerful bass, les vibrations du mastering demandent à s’exprimer au naturel. Pas un détail de trop, les stridences s’effacent le temps de silences ou d’une menue présence. On semble cheminer parmi des trous noirs, apercevant une semblant de lumière de poussière d’étoiles. Cependant, rien ne nous promet une arrivée heureuse. Les amateurs d’ambient tout comme les musicologues épris des joutes savantes de Pierre Schaeffer ou Boulez sont de ce voyage subtil mais aussi halluciné. Ni sage ni rassasié, le singulier Philippe Petit célèbre avec ce disque trente ans de passion pour la musique, entre journalisme radio et composition. philippepetit.info
Vincent Michaud
