Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Pungle Lions

Luminothérapie

Pungle Lions © Michela Cuccagna

Trois ans d’interruption, comme une bulle d’oxygène, nécessaire pour retrouver l’allant créatif. Pungle Lions amorce ainsi la renaissance d’un état d’esprit lumineux et généreux, comme un contrepied à la nébuleuse mortifère qui enveloppe actuellement la société.

Ce matin-là, à l’orée du printemps, le soleil est déjà éclatant et le ciel paré d’un azur perturbant de pureté. Des conditions idéales pour s’entretenir avec Damny qui, après une longue parenthèse, s’est décidé à remettre les mains dans le cambouis, juste pour le plaisir, parait-il… “Quand j’ai arrêté La Phaze, en 2012, j’avais besoin d’air, de reprendre contact avec l’humain. Je suis parti au Brésil notamment. Les musiciens là-bas sont super bons et techniquement ils te mettent à l’amende très facilement. Ce fut très enrichissant et, au bout d’un moment, l’écriture est revenue naturellement, de manière ludique. Thérapeutique, même.” Une terre sud-américaine qu’il avait déjà pu explorer lors d’une tournée où il accompagnait Manu Chao. Un voyage et des influences qui auront eu raison du style musical de La Phaze, tronquant punk et jungle londonienne, pour des sonorités exotiques exaltant salsa et cumbia au travers d’une essence reggae toujours tenace. Pungle Lions était né.

D’après ses dires, Damny entend la musique comme un principe actif, relatif à une énergie réciproque entre lui et le public. Si la création n’est pas sa priorité, la transmission du bonheur, oui. Et cela passe nécessairement par le stimulus qu’engendre une tournée. “La scène, c’est une épreuve de vérité, pour l’artiste et l’auditeur. Dans l’offre musicale qui est aujourd’hui pléthorique, un spectateur charmé par un live a plus de chance de s’attacher à un groupe que par l’écoute de son disque. Un concert reste à ce titre le meilleur argument de vente pour un musicien.” Et quand on lui évoque le fait que reggae et dub sont aujourd’hui repoussés en périphérie des circuits de l’industrie musicale, cela ne semble guère le faire sourciller, au contraire. “C’est un peu compliqué de trouver des dates sur Paris, certes. Les médias ont tendance à refléter des couleurs musicales qui ne sont pas celles que les gens de province attendent. Je n’ai rien contre Christine and the Queens, mais quand je l’écoute, j’ai l’impression d’être dans un salon imaginé par Philippe Starck. Le paysage sonore actuel manque de manière générale d’aspérité. Ce que je désire avant tout, c’est que les gens arrêtent de tirer la gueule pendant un concert et qu’ils ouvrent leurs chakras. La musique reste un art mineur, comme disait Gainsbourg, et de fait, je la pense plus comme un défouloir que comme un trip intellectuel.”

La musique comme antidote à la morosité se fait ainsi le conducteur d’une duo qui joue la carte de la bonhomie par l’exercice d’un pragmatisme sociétal. “Les gens doivent relâcher la pression. Doucement mais surement, des idées extrêmes s’insinuent dans les artères de la société. La population s’est laissée influencer mentalement et se pose en victime. Seule la joie peut les sauver de la gangrène idéologique. J’aime penser que Pungle Lions ressuscite cet esprit hippie. Le groupe s’adresse aussi aux jeunes et quand je vois des gamins danser sur notre musique, je me dis que j’y suis arrivé. La seule option qui nous reste, c’est d’envoyer des ondes positives pour abattre le marasme ambiant.”

Texte : Julien Naït-Bouda
Photo : Michela Cuccagna

facebook.com/punglelions

PungleLions_RoundTheCorner“Round the corner” / Nota Bene

Après la sortie de “That’s funny”, EP uniquement pressé en vinyle, dans l’esprit DIY des disques de reggae jamaïcains, Pungle Lions s’apprête à dévoiler “Round the corner”, suite du préquel susnommé. On y retrouvera l’hymne à la fête “That’s funny”, entouré de treize autres pistes, toutes plus gorgées de soleil les unes que les autres, et chassant les acrimonies au profit d’une positivité qui ne se veut pas bienpensante. À noter que l’énergie roots des Angevins a eu des échos en Allemagne, le groupe étant invité au carnaval des Cultures de Berlin en mai.

ARTICLES SIMILAIRES