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Ostyn

Naturellement synthétique

Ostyn © Maëlle AndrePuisqu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le chanteur d’Absynthe Minded débarque avec un premier album solo qui dévoile la facette bidouilleuse et synthétique de son talent.

Après un dernier album, “As it ever was” en 2012, qui “n’a pas été le plus facile a réaliser”, de l’aveu même du chanteur, les cinq membres d’Absynthe Minded ont décidé de mettre le groupe au congélateur pendant quelques temps et d’aller voir si l’herbe ne serait pas plus verte ailleurs ; quitte à le réveiller plus tard, quand l’envie et l’inspiration seront revenues. L’occasion pour chacun d’aller au bout des idées qui les titillaient depuis quelques temps. Idées qui, dans le cas de Bert Ostyn, fleurent bon l’électronique et la pop synthétique : “J’ai toujours adoré les synthétiseurs, les mellotrons et les guitares. J’adore leurs sonorités dans l’air du temps. Je peux jouer de tous ces instruments et réaliser des sons vraiment différents, comme un peintre avec sa palette. Je pense sincèrement qu’un artiste doit faire l’effort de ne pas se répéter.” Une esthétique digitale qui lorgne même parfois vers la coldwave, en particulier sur l’excellent titre “Mary”, premier single extrait de l’album qui impose sa couleur par sa nonchalance sensuelle.

Les habitués des albums d’Absynthe Minded risquent d’être fortement surpris par la teneur presque shoegaze de “No south of the South Pole”, mais il faut bien reconnaître que le chant de Bert s’y prête merveilleusement bien et que les dix titres s’enchaînent avec une véritable aisance. La longue expérience du chanteur lui permet d’emblée de connaître les horizons sur lesquels sa voix plane le mieux. Il est ici dans son élément naturel, et on jurerait qu’il n’a jamais rien fait d’autre, tant l’ensemble est cohérent, maîtrisé et subtil. Subtil parce que l’album sonne déjà très bien à la première audition, mais qu’il ne lasse toujours pas après plusieurs écoutes : on trouve une foule de petits détails sur lesquels porter son attention à chaque fois, et les morceaux sont d’une qualité égale, bien qu’il proposent tous une esthétique sensiblement différente. Cette ampleur dans le style prouve, s’il le fallait, que ce disque n’est pas un simple essai, mais bien une nouvelle approche longuement mûrie et digérée par le chanteur.

Concernant sa réalisation, et c’est peut-être là son secret, cela s’est déroulé sans violence ni contrainte, au gré des envies et des idées. En tout, Bert a passé environ une vingtaine de jours au studio ICP à Bruxelles, sur une période de six mois, le reste du temps étant consacré à l’enregistrement d’idées et de démos chez lui. Les riffs, boucles et rythmiques s’empilaient, puis ils étaient testés en studio ; le chanteur retournait ensuite chez lui, essayait d’autres choses, se vidait la tête puis recommençait, et ainsi de suite jusqu’à aboutir à ce peaufinage, plus proche du travail de l’artisan amoureux de son art que de l’œuvre accouchée dans la douleur. “Rien de plus simple”, confie l’auteur. Quelques amis appelé à la rescousse, dont Luuk “Shameboy” Cox, qui a prêté son oreille critique de producteur, le batteur Simon Segers, avec qui Bert avait déjà joué au sein de Tao Tse Tse, et le guitariste Jean-Marie Aerts de TC Matic, apportent leur savoir-faire tout en restant fidèles aux idées d’Ostyn.

Il semble en tout cas que le chanteur ait prit beaucoup de plaisir à la réalisation de ce projet, puisqu’il a prévu de le poursuivre avec une tournée, et qu’il pense déjà à un deuxième volet. Si les choses fonctionnent si bien quand elles sont faites simplement, pourquoi se priver ?

Emmanuel Denise
“No south of the South Pole” – Pias
ostynmusic.com

 

Luuk “Shameboy” Cox

Ostyn LuukCox

Bert Ostyn a pu compter sur l’oreille experte de Luuk Cox pour ce premier album solo. Si ce nom n’est pas forcément connu du grand public, son travail l’est beaucoup plus, qu’il s’agisse de titres électroniques sous le pseudonyme de Shameboy, ou de ses réalisations en tant que producteur et musicien aux côtés de Girls in Hawaii, Arsenal et Marco Z. En tout, depuis une dizaine d’année, son savoir-faire s’est exprimé sur plus d’une trentaine d’albums. Sur “No south of the South Pole”, Luuk Cox use de son expérience des instruments électroniques pour apporter une vraie profondeur à la texture sonore.

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