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KPLR

Solide déséquilibre

KPLR © Corentin HignoulFort d’un EP paru en juin 2012, KPLR (prononcer “ké-plaire”), originaire de la ville de Québec, lance son premier LP : « Déséquilibre ». Un album psychédélique de post-rock francophone endiablé et percutant qui peut autant décaper que faire planer. Composés de Frédéric B. Girard (voix et basse), Didier Noreau (batterie) et David St-Germain (guitare), KPLR explore la démesure, la rêverie inconsciente et le chaos ambiant. Entrevue au café Le Placard à Montréal.

Y a-t-il une grosse différence entre le son de votre premier EP « Matière grise » (comparé un peu à Monogrenade) et ce nouvel album?

Frédéric B. Girard : Je crois que la comparaison avec Monogrenade est un peu facile parce que je faisais partie de la formation avant. À mon avis c’est peut-être pour ça. Aujourd’hui, je te dirais que cette association est plus difficile. Notre nouveau son est un mélange de rock psychédélique et de grunge, de prog et de post-rock. Une belle bouillabaisse. On l’a composé principalement dans notre local de pratique et il y a plusieurs chansons que l’on a testées sur scène avant, pendant plus d’un an.

Était-ce important pour vous d’écrire l’album en français?

Oui, absolument. Mais ce n’est pas une question que l’on s’est posée à un moment donné. Dès que j’ai commencé à écrire des chansons, c’était pas mal en français. C’est la langue avec laquelle on se sent le plus proche et je crois aussi que c’est une question d’honnêteté. On ne serait surement pas très efficace en écrivant des chansons en anglais ! Peut-être que ça nous limite, mais ce n’est pas quelque chose qui met un bémol à notre démarche. La musique par elle-même peut parfois toucher des gens dans d’autres cultures, même si ce n’est pas leur langue… je pense notamment à Sigur Ros.

Cela fait-il longtemps que vous planchez sur votre album « Déséquilibre » ?

Dès l’été 2012, on a travaillé sur des nouvelles chansons. Puis en 2013 on avait déjà pas mal de matériel accumulé. Mais cette anné-là a été une année assez sombre pour nous. Très sombre. On a perdu des gens autour de nous. On s’est fait voler de l’argent. Ça a vraiment été une année difficile et c’est pour ça que l’on a pris un peu plus de temps. Mais en même temps l’album a été une béquille psychologique pour passer au travers. Beaucoup de son et de textes de l’album proviennent de cette période. Cela a aussi pris du temps. On a fait une longue préproduction. Une fois enregistré, on a fait un travail de réécriture sur certaines choses. On s’est payé le luxe du temps avant de rentrer en studio. On a tout reporté jusqu’en novembre 2013. En fait, on a pris notre temps de bien faire les choses.

C’est étrange que tu dises que « Déséquilibre » a été une béquille psychologique…

C’est vrai ! Mais le thème du déséquilibre n’était pas un concept prévu. C’est en fait la dernière chanson sur l’album et à la fin du processus on trouvait que c’était de loin le meilleur titre possible. Depuis ce temps-là, on n’arrête pas de trouver des ramifications et de trouver différentes significations. Lorsqu’on répétait pour le spectacle, on jouait les chansons comme des fous. On tombait dans de grands délires, puis après on reprenait pied. C’était notre façon de perdre l’équilibre.

Vous avez participé aux Francouvertes en 2013, cela a-t-il été bénéfique pour vous ?

Quand on s’est inscrit aux Francouvertes, on avait juste notre EP. Cela a été très surprenant pour le public parce que l’on ne jouait plus le son de notre EP et que l’on était pas mal intense alors que les autres formations jouaient dans le folk. Mais avec notre nouveau matériel, on a eu de bons commentaires. Ça nous a donné une bonne tape sur l’épaule pour poursuivre. Le jury nous a bien aiguillés, même si un juge a été plus difficile, mais en général, c’était positif. C’était le fun d’avoir leurs commentaires. Les influences qu’ils nous ont attribuées sont tellement diverses et c’est flatteur quelque part de se faire comparer à Offenbach et Mogwai. Je trouve que ça nous honore. Je suis content que les gens le mentionnent. Parce que notre album, on l’a enregistré avec une vieille console analogue. De la même façon qu’ils enregistraient à l’époque d’Offenbach. Tu mixes live. Tu ne peux pas revenir avec un logiciel sur ce que tu as déjà enregistré. Tu vis avec. Tu ne peux pas tout refaire à moins d’enregistrer. C’était un déséquilibre aussi dans un sens…

Enregistrer de cette façon, était-ce un défi que vous vouliez relever ?

C’est un défi que l’on a accepté dès le départ. Notre ingénieur nous a exposé les pour et les contre et on a réfléchi. Après avoir pris cette décision, on a pris une semaine de vacances et on a foncé. Il fallait être certains de notre démarche. Ça nous a fait réfléchir sur les techniques d’exécution des techniciens de l’ancienne école. Il y a des chefs d’œuvre qui ont été réalisés avec peu de moyens et en seulement une ou deux prises. Souvent les contraintes te poussent à être meilleur et plus créatif. Au final, ne regrette rien. On a pris les bonnes décisions.

Lancement en formule 5 @ 7 à Montréal au Divan Orange le mardi 25 novembre 2014.
En spectacle à Québec le 27 novembre au Petit Impérial à 20 h 30

Site : kplr.ca
Texte : Alexandre Turcotte
Photo : Corentin Hignoul

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