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Forever Pavot

Flower power

Forever Pavot © FX RichardIssu de l’interpénétration de deux univers, la musique et le cinéma, Émile Sornin fait paraître sur le label Born Bad son premier essai “Rhapsode”. Un disque quasiment anachronique, et qui a défaut de révolution, fait basculer la pop française dans une sphère aux charmes cinématographiques ensorcelants. Un album hommage pour un pan esthétique dont l’influence s’émancipe des frontières temporelles.

Tu as commencé la musique en faisant du punk, comment en arrive-t-on à basculer vers une pop aux effluves psychédéliques et cinématographiques ?
Je suis arrivé dans la sphère rock, musique de film et jazz par le hip-hop, un genre qui m’a donné
envie de m’exercer au sampling, notamment après l’écoute des premiers Wu Tang Clan qui usent de nombreuses voix tirées de films. Ainsi, j’ai commencé à collectionner énormément de disques et à m’ouvrir à différents horizons musicaux. Je suis aujourd’hui un véritable boulimique de musique. Mon ancien groupe, Arun Tazieff, dont certains membres jouent pour Forever Pavot, a aussi eu son influence dans la construction musicale de “Rhapsode” et sur le mouvement relativement progressif qui est inhérent à l’ensemble des morceaux.

Y a-t-il un message particulier dans ta musique ?
Je ne fais pas du son pour y glisser un quelconque message politisé. Je fais simplement la musique qui me plaît. Après, si elle plaît aux autres, c’est tant mieux ! Je ne vis pas de la musique car j’ai un métier à côté (réalisateur de clips, ndlr), je ne suis soumis à aucune pression financière pour créer. Je ne suis d’ailleurs pas pressé de livrer un prochain album.

Quel est ton regard sur le clip musical à l’heure actuelle ? Peut-il encore servir la mémoire d’un titre ?
Gondry, Jonze et Cunningham ont laissé un héritage qui continue d’influencer les réalisateurs de clip à l’heure actuelle. Le clip reste la meilleure manière de mettre en lumière un artiste et son univers.

Aimes-tu t’adonner aux paradis artificiels pour composer ta musique ?
Je ne suis pas un mec à fond dans les drogues contrairement à ce que peuvent parfois penser les gens. Ce n’est pas parce que je produis un son relativement psychédélique que je m’adonne à ce genre de pratique.

Quelle est donc ta manière de composer ?
Je n’ai pas de recette en particulier, je suis boulimique et tente d’emboîter le maximum d’arrangement ensemble, après je regarde ce que ça donne. “Rhapsode” a tout de même été pensé en premier lieu par l’utilisation de claviers. Je reste cependant soliste durant cette phase de création. Cela me permet d’appréhender un style particulier. Je suis passé par tous les genres, du rock garage à la folk en allant jusqu’à l’électronique. Il se trouve qu’en ce moment mon inspiration est plus axée pop 60’s et musiques de films, mais dans quatre ans je pourrais très bien faire du reggae.

À quel moment intervient l’élaboration des textes ?
En dernier car je n’aime pas trop écrire. Je ne considère pas avoir une grande plume. J’essaie simplement d’évoquer des histoires qui m’ont marqué. Par exemple, le titre “Les cigognes nénuphars”, écrit en français, émerge d’un rapport à l’enfance et de la relation que l’on peut avoir à cet âge avec les cauchemars.

Tu mêles anglais et français dans tes textes, as-tu une préférence pour l’une des deux langues ?
Pas vraiment. Je ne me sens pas trop à l’aise avec le chant même si j’éprouve de plus en plus de plaisir dans ce domaine. Si les retours à propos de ma voix sont bons, alors je m’impliquerai un peu plus dans ce secteur.

Forever Pavot © Greg DezecotPenses-tu avoir été inspiré par le contexte musical actuel qui témoigne d’une reviviscence de la pop 60’s ?
Je ne pense pas, en tout cas je ne l’espère pas… peut être inconsciemment à la rigueur. C’est quoi la tendance aujourd’hui de toute manière ? MGMT a initié un revival psychédélique au début des années 2000. Entre MGMT et Tame Impala, il existe un gouffre énorme, et pourtant on les place tous deux dans la sphère psychédélique… J’utilise certes des instruments rétro, mais j’ose espérer que ma musique ne ressemble pas à celle des Black Angels ou d’une autre formation étiquetée psychédélique.

Tu as donc utilisé des instruments rétro, peux-tu préciser lesquels ?
J’ai utilisé principalement des claviers pour établir des débuts de composition, un peu dans une démarche à la Beach Boys où l’accord prime en premier lieu. Je suis batteur à la base, mais le clavier est aussi un instrument à percussion donc le schème fut plus ou moins similaire. Je me suis aussi adonné au clavecin (ma dernière lubie), au mellotron et à la flûte traversière. Une fois que j’ai exploré un instrument, je ne peux m’empêcher d’en utiliser un autre pour découvrir sa résonance, c’est un réflexe d’enfant gâté.

Ta musique évoque le cinéma des années 60, à quoi est-ce dû ?
J’ai puisé dans l’Italian Library, une base d’illustrations sonores servant à l’ambiance musicale des films dans les années 60 et 70 avec notamment Ennio Morricone, Alessandro Alessandroni ou encore Bruno Nicolai. Le clavecin qu’utilisait Morricone permet d’atteindre une onde sonore qui se ressent du sacré. J’aime le côté terrorisant de la musique, comme celui inhérent à la musique baroque. À titre d’exemple, la “9ème symphonie” de Beethoven reprise via un synthétiseur dans “Orange mécanique” donne un côté ultra glauque à cette musique, qui peut déjà être perçue comme angoissante à la base.

Tu sembles avoir tissé des liens avec la sphère musicale anglo-saxonne…
Oui, une tournée est prévue en Angleterre dans des petits bars. Cela s’est fait grâce un disquaire anglais qui nous a fait bénéficier de son réseau. J’avais déjà effectué une tournée là-bas, donc j’arrive en terrain connu. Le deuxième ou troisième 45 tours était sorti sur le label anglais The Sound of Salvation, ce qui a facilité la mise en place d’une tournée outre-Manche.

À quoi fait référence le titre de ton album “Rhapsode” ?
Le rhapsode définit une personne qui joue les morceaux d’une autre qui les a composés. C’est une forme d’hommage, d’emprunt qui résume assez bien mon entreprise sur ce disque. J’espère cependant être arrivé à donner une identité propre à la musique que je produis.

Texte : Julien Naït-Bouda

fr-fr.facebook.com/ForeverPavot

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