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PALÉO FESTIVAL

Paléo festival 2014 - Vue panoramique du haut de la grande roue
Du 22 au 27 juillet 2014 à Nyon (Suisse)

CADRE : En plein air, plaine de l’Asse sur la commune de Nyon en Suisse, sur les hauteurs du Lac Léman.

MÉTÉO : Ambiance humide au début, suivie de pluie et boue et, enfin, éclaircies pour le dernier jour.

CARTE D’IDENTITÉ : À l’aube de son 40ème anniversaire le Paléo Festival s’impose comme l’un des plus gros festival d’Europe. Depuis sa naissance en 1976 il a accueilli plus de 5,7 millions de spectateurs. Affichant complet cette année depuis plusieurs mois, il représente pour la plupart des festivaliers, un rendez-vous incontournable. De tous âges (familles, ados, quinquagénaires et plus), le public y trouve de quoi satisfaire sa curiosité musicale et gustative dans une ambiance festive et décontractée.

LES CHIFFRES :
230 000 spectateurs pour 6 jours de festival.
257 spectacles pour 137 artistes et troupes toutes scènes confondues.
4800 bénévoles.
24 millions CHF de budget.
6 scènes dont deux grosses scènes en extérieur (Grande Scène et Les Arches, capacités respectives de 30 000 et 12 000), deux scènes sous chapiteau réservées aux découvertes (Club Tent et Détour, capacité 2000 et 2500), une scène musique du monde (Le Dôme, capacité 2000) et une petite scène sous chapiteau (La Ruche).

LES PLUS :
La programmation  particulièrement soignée, mêlant têtes d’affiches, découvertes et musiques du monde, a de quoi plaire au plus grand nombre. Tous les styles ou presque y sont représentés de la pop anglaise à la chanson française en passant par les musiques du monde, le classique, la folk song, l’électro, le hip-hop…

L’ergonomie du site : Le site offre des espaces conviviaux clairement identifiés (Quartier Latin, Quartier de l’Orient, Quartier de la Terrasse…) liés les uns aux autres par des chemins de déambulation confortables (passage du raccourci, passage des tournesols, passage des artisans).

Les installations artistiques disséminées au quatre coins du site habillent l’espace, attisent l’intérêt des spectateurs et marquent l’esprit du festival :

  • La cordillère des Andes au Village du monde : chaque année, cet espace thématique est consacré à une région du monde. Cette année, les cerros (sommets) des Andes, matérialisés par des dômes en fils de couleur, décorent le village. Une restauration et des animations dans le même thème plongent ainsi le festivaliers au cœur des « Andes ».
  • Le « Caravantour » : Impossible de manquer les caravanes au pied de la grande roue surplombant le nord du site. D’après une idée originale des élèves de l’école supérieure HES-SO (Ecole supérieure en communication), 15 caravanes habitent chacune un projet sur le thème des libertés individuelles (exemples : le « CyberFlower » avec ses fleurs éclairées grâce à l’énergie des festivaliers, le « Caralambic » et le jeu des odeurs, la « Baraque à Jaques » véritable machine à percussion que les festivaliers ont pu essayer au gré de leur imagination).
  • Les sculptures de Monic La Mouche : particulièrement spectaculaires à la tombée du jour, ces végétaux en métal invitent au repos et à la détente au Quartier des Alpes, servant également d’écrin aux photos de Claude Dussez.

La visibilité des scènes : placées en contrebas d’un terrain en pente, les fosses des deux grandes scènes sont équipées de hauts gradins et plateformes, facilitant la vue au plus grand nombre.

Un festival épicurien : le plaisir gustatif est mis à l’honneur sous toutes ses formes. En effet, les espaces de restauration, largement implantés sur tout le site, proposent un véritable tour du monde gastronomique (spécialités africaines, d’extrême-orient, cuisine du terroir… ) et même des sucreries (éclairs géants, gaufres, bonbons…). Et pour assouvir sa soif, il y en a pour tous les goûts : café, vin, champagne, cocktails…

LES MOINS :
– La météo : il paraît qu’un Paléo sans pluie n’existe pas. Celle-ci ayant déjà imbibé le site pendant le montage, a cependant épargné le premier jour du festival… mais s’est invitée dès le jeudi, avec la boue, rendant très difficile les accès au site (parkings fermés) et les déambulations d’une scène à l’autre, malgré les 350 tonnes de paille et 100 m3 de copeaux répartis au sol pour absorber l’eau.

Le mal du porte-monnaie :
 souvenons-nous, nous sommes en Suisse, et ça se confirme avec les prix sur le site. Prévoir un budget de 20 francs suisse (environ 16,50 euros) par jour pour pouvoir s’offrir au moins un repas chaud consistant et une boisson.

Le chevauchement de certains concerts : la programmation simultanée de certains concerts a fait du tord aux artistes moins développés en Suisse et qui ont dû se produire devant un parterre peu fourni.

LA PETITE HISTOIRE :50 000 personnes devant Stromae, autant dire tous les festivaliers (ou presque). La capacité initiale de la grande scène étant de 30 000, des écrans géants ont été ajoutés (notamment derrière la tour régie) pour les spectateurs les plus éloignés. Un spectacle qui a marqué l’histoire du festival et restera parmi un des meilleurs moments de cette édition.

L’ANECDOTE : 120 tonnes de matériel ont été nécessaires pour seulement deux concerts sur la grande scène le premier jour (Thirty Seconds to Mars et The Black Keys).

UN FESTIVAL DANS LE FESTIVAL :La Ruche, espace ludique pour les petits et les grands, se suffirait presque à elle-même, laissant place à l’imaginaire, dans un décor onirique avec de nombreux spectacles poétiques, du théâtre de rue, animée de déambulations inattendues (Le minibus de Delinus, La Fausse Compagnie…). Mention spéciale au petit chapiteau et ses concerts avec notamment le show de Gari Gréu et Tartare « Yes Papa » qui ont chaque jour refait le monde à coup de poésie et de chansons parfois grinçantes mais toujours participatives, devant un public nombreux.

LES VALEURS SÛRES : Maxime Le Forestier  qui fédère jeunes et moins jeunes avec un set émouvant et généreux. Youssou N’Dour, son groupe le Super Étoile de Dakar et ses invités, sont venus distiller leur message de paix au rythme des djembés et des danses sénégalaises. Youssou a même tenté une descente de scène, mais malheureusement, le sol encore boueux ne se prêtait pas vraiment à quelques pas de danse… James Blunt a su émouvoir avec un set folk ; devant un parterre étoilé de 30 000 personnes, il a offert une magnifique version de « You’re beautiful »…

CONFIRMATIONS : Coup de chapeau pour Winston McAnuff et Fixi : la fougue d’Electric Dread mêlée au calme et à la tempérance de l’accordéoniste-pianiste, enrichie d’une rythmique (beatboxer) en arrière-plan. Ce drôle de mélange recrée devant nos yeux un nouveau genre et balaye les idées reçues : la mixité n’a pas de limite, surtout quand elle est synonyme de créativité et d’audace. Et quand à la fin du set, Winston part se promener dans le public une rose à la main offrant des free hugs à qui en veut, le public est sous le charme.

Habitué du festival, La Rue Ketanou  (Florent Vintrigner, Mourad Musset et Olivier Leite) rassemble toujours plus de monde malgré une médiatisation minimum. Avec leurs chansons extraites pour la plupart de leur dernier album (« Allons voir ») engagées (« Interdit »), festives (« La guitare sud américaine ») ou mélancoliques (« L’alignement des planètes », « Patricia » en hommage à Patricia Bonnetaud), ils ont rassemblé leur auditoire autour d’une même soif de partage que deux rappels parviendront à peine à étancher.

Florent Marchet (invité au Paléo pour la seconde fois) et ses trois musiciens (Julien Décoret, Sébastien Collinet et Mathieu Gayout) présentent « Bambi Galaxy » malheureusement exactement en même temps que Skip the Use sur la grande scène… « Mais que font les anges ? », signe du destin ? Une grosse averse sévit alors qu’il entonne « Reste avec moi » poussant quelques voyageurs supplémentaires sous le chapiteau. Dommage pour ce voyage cosmique riche en sons électro-vintage et en anecdotes. On serait bien resté bien avec lui sur « Apollo 21 ».

COUPS DE CŒUR DÉCOUVERTES :
Le Paléo c’est aussi l’occasion pour de nombreux artistes francophones de se faire connaître par delà les frontières, devant un nouveau public. Gageons que certains y ont gagné quelques fans à en croire l’engouement des festivaliers… Ainsi, Catfish, le duo composé d’Amandine Guinchard (chant, batterie, guitare) et Damien Félix (guitares, harmonica…) a séduit par son style à la fois vintage et actuel, mêlant cajun et rock. Ils font de la musique comme quatre, c’est superbement bien orchestré ; un duo en pleine progression, à suivre.

Coup de cœur pour Talisco  qui a déchaîné le Club Tent. Le ténébreux Jérôme Amandi et son groupe, instigateurs du célèbre « Your wish », ont su montrer qu’ils avaient de nombreuses cordes à leur arc : une voix écorchée vive, un folk électronique efficace, un charisme magnétique et des titres aux allures de western moderne tels « Every one » ou « The keys ».

St Lô, emmené par la chanteuse Miz Walidah à la voix soul profonde et enivrante, a fait l’unanimité au Détour : elle vient de New York, et eux (Tons, DocMau, iOta) sont Bretons. Ensemble, ils proposent un mélange de blues-rock teinté d’électro habité par un groove profond qui a hypnotisé l’auditoire. Une mystérieuse alchimie qui, sur scène, prend tout son sens.

Deux batteries, deux trentenaires habillés en culottes courtes façon collégiens, voilà Fills Monkey ! Yann Coste et Sébastien Rambaud, batteurs virtuoses, ont tenu le public en haleine avec leur « Incredible drum show », un spectacle déjanté autour de la batterie : jonglerie, danse, mime, air batterie, un show « drumoristique » détonnant et rafraîchissant !

NOUVEAUX DÉPARTS : Un Club Tent archi comble pour le retour très attendu des Innocents reformés en duo. Après un début un peu timide, la pop mélodique de J.P. Nataf et J.C. Urbain en guitare-voix, a fait mouche : même si un vent de nostalgie a soufflé pendant « Fou à lier », « L’autre Finistère » ou « Colore », les titres n’ont rien perdu de leur modernité, preuve que les bonnes chansons n’ont pas d’âge.

Sur la grande scène de l’Arche, Polar (alias Eric Linder) n’a malheureusement pas eu l’affluence qu’il méritait. Accompagné par trois musiciens (Alexis Trembley, Michel Blanc et Alex Müller) en formation rock, il revient sur le devant de la scène avec de nouveaux titres en anglais, une voix puissante et subtile, des arrangements riches mixant élégamment pop, rock et l’authenticité de la folk. Moment de grâce sur « Hurt » (extrait de « Somatic ») qu’il est venu interpréter au milieu du public. À l’image du dernier titre du set, à la fois spatial et profond, son prochain album « Empress » devrait réserver de belles surprises.

UN AIR DE QUÉBEC : La douce folie canadienne s’est imposée par deux fois sur la scène du Détour : Lisa Leblanc  (du Nouveau-Brunswick) en bête de scène déjantée munie de son banjo ou de sa guitare a littéralement emballé le public suisse avec un set décoiffant. Clamer : « Aujourd’hui ma vie c’est d’la maaaarde », avec un accent à couper au couteau et une telle conviction, c’est peut-être ça le secret de son succès !

Klô Pelgag (du Québec) revêtue d’une combinaison « squelette », entourée de musiciens tout aussi loufoques, tantôt au piano, tantôt à la guitare, est parvenue à instaurer des moments de grâce entre deux traits d’humour, avec une facilité et un aplomb qui nous sont désormais habituels ; lorsque le St Laurent rejoint de Léman la poésie n’a plus de frontière et la fantaisie plus de limites.

PETITS SUISSES DEVIENDRONT GRANDS : Un dispositif spécial offre à de jeunes artistes suisses en tout début de carrière, la possibilité de se faire connaître des professionnels (showcase en backstage) et du tout public (concert au Club Tent). Mixités, créativité et surprises sonores :

– Le très prometteur Pablo Nouvelle (électro-pop) qui construit des atmosphères sonores de façon quasi organique et enivrante.

– La douce et mystérieuse Verveine, seule derrière ses machines, accompagnant ses mixes de sa voix claire, alternant les tonalités chaudes et froides avec dextérité, démontrant une vaste étendue de possibles entre électro et jazz. Un beau projet à suivre.

Kassette (alias Laure Bétris), oscillant entre deux extrême : rock brut déchiré et mélodie épurée. Distorsions et mélanges organiques qui prennent aux tripes.

LA PETITE PHRASE :
 « Pour la 40ème édition de l’an prochain (du 21 au 26 juillet 2015), la thématique du village du monde sera l’Extrême-Orient. Les surprises se concocteront en automne / hiver et seront annoncées en avril prochain (billetterie lancée le mercredi 22 avril 2015 à midi NDLR)… » Daniel Rossellat directeur du Paléo.

Site : www.paleo.ch

Texte et photos : Marylène Eytier

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