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FESTIVAL DE PETITE VALLÉE

FESTIVAL DE PETITE VALLÉE
Du 27 juin au 5 juillet 2014 à Petite Vallée (Québec)

CADRE : En Gaspésie, entre Rimouski et Gaspé, un petite village au bord de l’eau, un resto agrandi en salle de concert, devenu temple de la chanson et de la découverte. Un endroit magique.

MÉTÉO : Radieuse sauf le dernier jour.

LIEUX : « La vieille Forge », théâtre-resto du village, le Camp Chanson et l’église de Cloridorme.

CARTE D’IDENTITÉ : Plus de cent artistes, une vingtaine de spectacles pour des amoureux de la chanson, un artiste parrain du festival « le passeur », des ateliers avec des formateurs professionnels, plus une vingtaine d’artistes en émergence mis en lumière et enfin, de nombreuses bourses offertes.
Depuis 32 ans, le Festival a su révéler des Vincent Vallières, Louis-Jean Cormier, Daniel Boucher, Catherine Major, Patrice Michaud, Bernard Adamus, Stéphanie Boulay, Lisa LeBlanc, Émile Proulx-Cloutier et des dizaines d’autres.
La petite histoire : « 157 habitants à l’année dans le village de Petite Vallée, le plus jeune a 4 ans. On n’a plus de bébés ! Depuis quelques années, on a perdu un tiers de la population sur un rayon de 100 km. Il y a peu nous étions 3500 habitants, 2500 à présent. Nous avons 250 enfants seulement sur 5 écoles. Y’a quasi plus de jeunes entre 20 et 40 ans en Gaspésie. Ça me fait freaker ben raide ! Ça motive pour rester en vie ! » Alan Côté, directeur.

LES PLUS : Un public inter-générationnel érudit en chanson et ouvert à la découverte. Une mamie : « Oh hier, il faisait tellement chaud dans la salle que le pauvre Louis-Jean était trempe à la troisième chanson ! »

LES MOINS : Les coupures de subventions qui restreignent les concerts et les lieux du festival. Du coup, il semble plus petit qu’avant.

INSOLITE : La belle proximité du festival permet de croiser Lisa Leblanc dans la foule, au bar, en grande discussion avec Marie-Jo Thériault mariejotherio.com et Vivianne des Hay Babies. Trois Acadiennes en Gaspésie…

L’ANECDOTE : Il fait tellement chaud que la petite clim du Théâtre a du mal à rafraîchir le monde. Le directeur s’excuse : « Quand on l’a construit, les architectes nous ont dit que c’était pas la peine de mettre une grosse clim vu qu’ici il fait un vent à décrocher la tête ! Ils n’avaient pas pensé au réchauffement climatique. »

PROGRAMMATION : Guillaume Arsenault, Manu Militari, Marco Calliari, Qw4rtz, Yves Desrosiers, Robert Charlebois, et…

LA DÉCOUVERTE : Incontestablement, Émile Proulx-Cloutier, qui propose une chanson de facture traditionnelle (contrebasse, batterie, piano, accordéon), mais habitée de façon incroyable. Avec des mini-contes fort bien construits en introduction de ses titres, son petit côté Fabrice Luchini ressort encore plus. La Palme d’Or revient à son adaptation de « Mommy » de Pauline Julien. Dans ce titre de 1971 chanté en anglais, une petite fille des années 2000 demandait à sa mère comment c’était le Québec avant, quand on y parlait français. Un titre prémonitoire… Aujourd’hui, Émile a ré-écrit ce texte en français et c’est l’histoire d’un petit autochtone qui demande à sa mère pourquoi il ne peut pas parler la langue de son grand-père. Chair de poule garantie !

LES « CHANSONNEURS » : Bonne idée, pour les mettre en valeur, ils sont placés en ouverture des gros shows du soir devant un public attentif et respectueux.
Michel Robichaud rock qui cherche le sourire et la réflexion avec des histoires bien construites. « J’vais défriper le p’tit bonheur qui est en moi. » (Prix du public)
Maritza : Chanson douce et inspirée. « Vois au delà de tes yeux, Après tout la vie n’est peut-être qu’un mirage, elle est bien plus grande que ça ! »
Olivier Bélisle, pince-sans-rire roux-frisé troussant fort bien des chansons bluesy ou country-rock : « Savez-vous ce que dit un escargot sur le dos d’une tortue ? Allez hue ! »
Jérôme Charette-Pépin, nonchalant affirmé, belle gueule à l’œil pétillant, romantique par moments.
Maude, en recherche d’identité, essaie de se la jouer rockeuse, façon Anik Jean, sans vraiment convaincre.
Mehdi Hamdad boutte-en-train évoquant -M- autant par sa voix, son attitude que son rapport à la guitare.
Le duo Dans L’Shed fait dans le country sympathique.

INÉDIT : « On a opté pour un spectacle à UN micro pour vous faire découvrir les chansons autrement, c’est un peu la nudité musicale d’une boîte à chansons. » De fait, Louis-Jean Cormier a une guitare sèche en main et il n’est accompagné que d’Adèle Trottier-Rivard aux tambours et à la voix grave, qui se mêle à merveille à celle, aérienne, du chanteur de Karkwa. Un show intime et chaleureux dominé par les harmonies vocales et la magie des mélodies.

SURVOL : Marc Déry grisonnant balaye sa carrière (« 20 ans en 1984 ») en formule trio, en passant inévitablement par le « Job steady » de Zébulon (d’ailleurs, le batteur d’origine l’accompagne). Un peu cabotin sur les bords, il prend pas mal de poses et finit en imitant (fort bien d’ailleurs) Elvis Presley.

LA RELÈVE : Quand le beau Alex Nevsky apparaît, son groupe pop-rock bien soudé autour de lui, les jeunes-jeunes filles se pâment. Il passe de la guitare au synthé, proposant des chansons d’amour souvent tristes en usant, voire abusant, de « A-a-a-a-ah » langoureux, qui remplacent les « La-la-la » d’antan !

PRIX : Nous remettons ici officiellement celui de « L’aisance scénique et du contact avec le public » à Philippe Brach qui va jusqu’à faire couper toutes les lumières le temps d’un morceau afin que le public, plongé dans le noir total 4 minutes, s’imagine qu’il est noir et qu’il a du soul !

LE CAMP CHANSON : « C’est une formation de cinq semaines pour les jeunes de 7 à 17 ans. », explique Alan Côté. « Pour le festival, c’est une activité déficitaire. Vu les coupures du gouvernement, nous pensions l’arrêter. Puis un cauchemar m’a réveillé en pleine nuit : c’est le seul employeur de jeunes de la région, si je le ferme, je ferme le village ! Ne restera qu’un festival pour vieux et vacanciers ! Pas question ! Si on veut sauver nos régions, faut y aller avec des petites affaires. C’est ponctuel les grosses affaires, ça fait vivoter quelques temps, c’est tout. Rappelons-nous qu’au départ, nos villages sont nés de la pêche, du séchage du poisson. Les gens s’autosuffisaient avec quelques vaches et moutons. Quand la mine de cuivre est arrivée au centre de la Gaspésie, ils sont tous partis. Mais 20 ans après, une fois la mine vidée, plus de travail ; ils sont revenus, et tout était en friche… Faut revenir aux petits artisans, comme le fumoir à saumon ouvert il y a peu de temps (parti à deux, 80 employés aujourd’hui !). S’il y avait des mesures fiscales et des politiques pour soutenir les micro-entreprises, la vie reprendrait dans nos villages abandonnés ! »

LE « PASSEUR » : Chaque année, le parrain du festival reste la semaine entière, participe aux ateliers des artistes, se voit « hommagé » par des chorales d’enfants et offre un show. Cette année c’est Vincent Vallières vincentvallieres.com qui a fait rocker Petite Vallée, et de belle façon. Chapeau.

LA BROCHETTE ACADIENNE : Au show des Hay Babies,déjà bien fun, sont venues s’ajouter la belle folie de Marie-Jo Thériault à l’accordéon et la fougue de Lisa Leblanc au banjo et aux chœurs. Un moment fort.

Carpe Diem : Compagnie de danse contemporaine proposant « Écoute pour voir » individuellement aux spectateurs. En après-midi, chacun des six danseurs de la troupe propose à un festivalier (un seul à la fois) de se relier à lui par un fil et un casque afin de lui offrir une chorégraphie personnelle sur l’une des chansons des artistes présents. L’intensité du regard et les échanges de ces quelques minutes restent inoubliables.

IMMUABLE : Revenant de loin, le sourire humble, physique inchangé (si ce n’est les cheveux gris), voix toujours juste, Yves Duteil chante : « Le présent ne fait que passer. Et si la clef était ailleurs ; ici et maintenant. Et l’amour qu’il nous reste à donner… l’offrir à l’éternité. »

LA PETITE PHRASE : « Pendant toute la toune, j’avais une mouche sur mon micro, fait que j’avais peur d’inspirer ! » Katherine des Hay Babies.

www.villageenchanson.com

Serge Beyer

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