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WE INSIST!

WE INSIST!

Nouveau souffle

Sixième album de sa discographie, « We insist! » est aussi la première œuvre éponyme du groupe de noise parisien. Il marque un souffle retrouvé pour une formation recentrée sur trois musiciens, guitare, basse et batterie. Les nouveaux titres sont moins accentués dans les expérimentations tortueuses comme pour mieux s’affirmer dans un rock brut et nerveux, et pour se libérer encore plus dans les accroches mélodiques. Un disque avant de pouvoir découvrir prochainement sur scène comment sonnera cette nouvelle mouture.

Il s’agit de votre premier disque réalisé à trois musiciens : comment avez-vous abordé cette nouvelle expérience ?

Etienne (batterie / voix) : Nous avons eu le temps de modifier notre nouvelle manière d’aborder le son et la composition à trois pendant notre travail autour du film de Walther Ruttmann : « Berlin die Sinfonie des Grosstadt ». Ce ciné-concert s’est fait après le départ de Julien Divisia et François Wong. Nous avons ensuite tourné ce projet, donc le travail de répétition s’est encore peaufiné sur scène. Il y a plus d’air dans notre son aujourd’hui, plus de dynamique donc plus de place pour la puissance et les nuances.

Julien (basse / guitare) : La voix a plus d’espace, et il a fallu retrouver un équilibre au niveau des guitares. Pour les besoins du ciné-concert, je devais alterner guitare et basse rapidement, selon les passages du film. Finalement cette manière de fonctionner est restée. Je change souvent d’instrument sur l’album, au sein d’un même morceau parfois.

« Berlin die Sinfonie des Grosstadt »

Qu’est-ce qui a nourri l’évolution du projet We insist! au fil des ans ?

J : L’énergie. Et la curiosité. Celle de voir ce dont on est capables sur le prochain morceau, la prochaine tournée… On a toujours eu ce besoin de se surprendre un peu nous-mêmes, en fonction des changements de personnel, d’influences aussi. Bon, quand on rentre de tournée, lessivés, on est contents de faire une pause, mais la semaine d’après, on se retrouve en se disant « Et maintenant ? C’est quoi la suite ? » .

E : Ce projet est très ancien et nous nous connaissons très bien. Notre envie de faire perdurer la musique du groupe, de travailler de nouveaux titres et de changer notre manière d’aborder la composition évolue sans cesse. Fondamentalement, c’est l’envie de continuer à jouer cette musique ensemble et en public qui est le moteur principal. Comme le dit Julien, si parfois nous avons été démotivés, la perspective de laisser ce projet derrière nous ne nous a jamais convaincus. Nous ne sommes pas à une crise près et les idées musicales sont toujours là.

WE INSIST!Quelle place prend la performance vocale au sein de votre musique désormais ?

E : Vocalement je sens que beaucoup d’éléments ont changé depuis le précédent disque. D’abord le placement de la voix à trois est beaucoup plus facile, le niveau sonore étant moins élevé. Ayant plus d’espace, le registre de la voix est beaucoup plus large et certains passages calmes et acoustiques permettent une interprétation différente. Ensuite techniquement, et cela est indépendant du son de groupe, après seulement 15 années de pratique batterie / chant, je commence tout juste à trouver de nouvelles manières de respirer et de timbrer des notes puissantes qui avant sonnaient plus nasales et criées. Cela va avec la volonté de trouver toujours un côté mélodique à des morceaux qui se prêteraient facilement à des gueulantes noise.

« My friend’s lonely mate », extrait du nouvel album

C’est votre sixième album et vous choisissez de le nommer comme le nom du groupe : cela a-t-il une signification particulière à vos yeux ?

E : Nous avons cherché un titre à ce disque et soudain l’idée s’est imposée d’elle même. C’est de toute évidence un nouveau départ, un disque qui ne ressemble pas aux précédents. Un sixième album éponyme a une signification évidente et puissante à la fois. Qu’en pensez-vous ?

J : Les deux derniers albums avaient des titres longs : « Oh ! things are so corruptible » puis « The babel inside was terrible ». Il était temps de revenir à quelque chose de simple, avec un nouveau line-up, un nouveau studio, nouveau label, nouveau graphisme etc.

WE INSIST!Qu’est-ce qui vous a animés durant la conception de ce disque ?

E : Nous avons pris beaucoup de temps pour écrire les morceaux, réfléchir à leurs structures, chercher les bons timbres, les mélodies. C’est un disque qui s’est fait en trois séances de deux jours chacune, au studio Nibiru (Fred Martin-Bouyer). Nous avons tenu à enregistrer live comme toujours, et les voix ont d’ailleurs été faites très rapidement après les prises instrumentales. Les séances étaient très espacées les unes des autres et nous n’allions en studio qu’une fois les morceaux finis, sans pression. C’est la raison principale pour laquelle je crois que ce disque a peu de morceaux superflus, mal finis, mal pensés. C’est un disque posé, réfléchi.

J : Pour la première fois depuis longtemps, nous n’avions aucune échéance à respecter. On n’avait plus de label, mais plein d’idées sous le coude, c’est-à-dire ce que l’on avait écrit pour le ciné-concert que l’on voulait remanier, librement. On est donc entré en studio avec l’idée d’enregistrer une base de travail pour démarcher des labels, mais pas forcément un album. Et finalement, on a tout gardé.

Partager des concerts avec des groupes comme 31 Knots ou The Ex notamment a-t-il une influence sur votre propre travail ?

J : Sûrement pour 31knots, moins pour the Ex, même si on aime le groupe.

E : Toutes les musiques que nous aimons peuvent avoir des résonances à quelques endroits de nos compositions et il est vrai que d’avoir entendu le set de 31Knots pendant des semaines d’affilées peut avoir eu une influence sur nos idées et notre façon de jouer, idem pour Dÿse ou BulBul, mais pas beaucoup plus que la somme des disques que nous avons aimés. Notre façon d’écrire nous tient pas mal à l’écart d’influences trop évidentes. Elle est faite de confrontations. Une idée à l’origine d’un morceau sera triturée, torturée, jusqu’à lui donner parfois un aspect méconnaissable. Il y a une infinité de manières de se placer sur un riff, un arpège ou une ligne de basse, nous en explorons souvent plusieurs dans un même morceau ce qui permet de ne pas le briser tout en étant ni redondant ni linéaire.

We Insist! live en avril 2009

Sur quoi se concentre We Insist! aujourd’hui ?

E : Nous sommes occupés par la préparation de la tournée qui vient, et déjà nous avons envie de rebondir sur de nouveaux morceaux.

J : Certaines idées de ce nouvel album ont été écrites pour le ciné-concert, en 2010… et ont été enregistrées durant des sessions qui ont commencé au printemps 2012. Donc, même si ce disque est nouveau pour le public, certains passages me semblent anciens et même si j’ai hâte de les défendre sur scène, je cherche déjà des pistes pour la suite.

 

Béatrice Corceiro
Photo: Johanne Chabal

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