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LE PRINCE MIIAOU

LE PRINCE MIIAOU

La reine et New-York

Ce nom tout droit sorti d’un conte pour enfants cache une tout autre histoire… Le Prince Miiaou est une jeune femme autodidacte, Maud-Elisa Mandeau, qui compose depuis son village des Charentes de la pop héroïque inspirée des Anglo-Saxons. Elle nous raconte son 4e album, « Where is the queen ? », pour lequel elle a traversé l’Atlantique, délaissé le français et changé de logiciel de composition…

New-York ?

« Il a fallu que je m’expatrie et que je me mette dans des situations nouvelles pour trouver l’envie de créer à nouveau. Donc, je suis partie à New-York trois mois en me disant : « Bon, on verra bien ce qui se passe. » C’était assez déstabilisant au début, parce que c’était la première fois que j’allais là-bas et comme je ne suis pas bilingue, j’ai perdu tous mes repères.  Mais cela s’est très très bien passé, je me suis vite recréé un quotidien avec mes sorties le week-end, mes bars préférés, des gens que je voyais tout le temps. C’est une ville que j’ai vraiment trouvée inspirante au niveau de la musique, du décor et de ce qu’elle propose, humainement. J’ai eu la chance de tomber dans une colocation où l’une des deux filles était musicienne, je me suis donc retrouvée presque comme à la maison avec des synthés, des basses qui m’ont permis de faire ma musique. »

LE PRINCE MIIAOULa composition ?

« Ma façon de composer n’a pas changée, j’avance toujours à tâtons. Comme je ne sais pas écrire la musique, je ne peux pas mettre ce que j’ai en tête sur une partition. Bien souvent, j’attrape donc un instrument, je pose les doigts dessus et au bout d’un moment, il y a une première idée qui arrive, qui me donne envie de faire autre chose. Comme ce n’est pas un groupe, je dois faire les lignes de chaque instrument seule et ça met du temps ! Pour moi, la création, c’est tous les instruments à la fois et la production aussi, je dois arriver directement au résultat final. Pour la musique, je me laisse pas mal porter par le hasard, et pour les paroles, cela va dépendre des humeurs du moment. « JFK » évoque le départ, une chanson comme « Alaska » parle du fait que je ne suis jamais satisfaite et que ça m’énerve… Par rapport à avant, où j’avais la réputation d’être une « control freak », je me suis cependant ouverte à la collaboration sur ce disque et j’aime ça. »

Where is the queen ?

« “Where is the queen ?“ est le titre d’une chanson en français que j’ai composée aux Etats-Unis, mais que l’on n’a pas gardée sur l’album. Pendant tout le processus de création, on a appelé le disque “Where is the queen ?“ pour avoir un nom de dossier et puis j’ai eu cette idée de dialogue un soir (Where is the queen ? Who is asking ? I can not tell. She’s gone. Gone where ? Just gone… ). Cela fait un peu Fiona Apple, mais j’aime bien ce côté abstrait où tout le monde peut imaginer une histoire, d’ailleurs c’est ce que j’ai fait sur des teasers. Il y a plein d’issues, de contextes possibles, de dialogues…  Tout n’est pas forcément réfléchi. À la base, je m’étais dit que je n’allais pas faire comme pour le précédent album, « Fill the blank with your own emptiness », un titre un peu long et difficile à prononcer pour nous Français. J’avais prévu de ne garder qu’un seul mot.  »

LE PRINCE MIIAOULe français ?

« Je n’y suis pas du tout hermétique, je ne me suis pas dit : «  Je vais faire un disque en anglais. »  Je pensais même qu’être à New-York, loin de ma langue, m’aurait aidé à  écrire en français, mais ce n’est pas vraiment venu. Plutôt que de m’arracher les cheveux comme sur un problème de maths, je ne me suis pas formalisée. Ce sera pour la prochaine fois… Quand on écrit en Français, il y a tout cet héritage de la langue qui est très pesant. Il faut bien écrire ! Faut pouvoir assumer une écriture moins léchée que Gainsbourg ou Bashung ! Et puis c’est vrai, maintenant qu’il y a un petit peu de reconnaissance, je suis pudique, du coup, je n’ose pas aller vers le français, parce que je me dis : « Ah, mais ils vont voir ce que je pense vraiment ! » Ou : « Mais non ! Je ne peux pas écrire ça. » Je me sens plus observée, peut-être. Avec l’anglais, ce que j’aime, c’est la distance que cela pose, je peux dire des choses plus personnelles. Ça met un filtre ! »

L’épure ?

« Mis à part l’introduction d’« Happy song for empty people » un peu second degré avec ses cuivres grandiloquents, j’ai voulu épurer et surtout, moderniser le son. Trouver quelque chose de plus personnel, avec des guitares pitchées, des batteries stretchées, enfin, des trucs que j’ai bidouillés comme en laboratoire et que j’avais l’impression de ne pas avoir entendus ailleurs. Il y avait un côté assez années 90 dans ce que je faisais jusqu’ici et j’avais envie d’un petit peu plus de synthés. Entre deux disques, il y a deux-trois ans qui s’écoulent, on évolue, on écoute de nouvelles choses, on a d’autres envies, mais pour être honnête, quand je commence un disque, je ne sais pas précisément où je veux l’amener. Si je n’avais pas changé de logiciel ou acheté un nouveau synthétiseur, je n’aurais pas découvert de nouvelles choses, fait de nouvelles erreurs. Ce sont les hasards, presque, qui font un disque.  »

Bastien Brun

Photos Emmanuelle Brisson

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