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Joseph Edgar

Joseph Edgar, Longueur d'ondes, Entrevue

« Briser les frontières de l’Acadie »

« Gazebo » c’est le nom du dernier album de l’Acadien Joseph Edgar. Mais quezaco un gazebo ? Il s’agit d’une sorte d’abris ouvert qui protège du soleil, que l’on trouve dans les jardins ou dans les parcs. Et justement, c’est au cœur de Montréal que Joseph a posé ses valises il y maintenant trois ans et c’est face à un parc qu’il habite. Une petite routine d’écriture le conduisait chaque matin prêt du gazebo… le titre était tout trouvé !

Si les précédents albums de Joseph Edgar sentaient bons les Maritimes, celui-ci respire plus l’air urbain de Montréal : « Le disque « Interstices » avait été composé par chez moi, mais réalisé à Montréal. Le nouvel album est vraiment le premier où toutes les chansons ont été composées à Montréal ». On pourrait croire que cette ville est le passage obligé de tous les Acadiens : « Je dirais plus qu’au niveau artistique, c’est toujours bien de changer la donne de ce qui nous inspire. C’est certain que par chez nous, la population francophone n’est pas énorme. Cela représente environ 300 000 personnes, alors qu’au Québec, les Francophones sont la majorité. Je pense que si le choix est fait de faire notre musique en français, cela aide d’aller là où la population francophone se trouve. ».

Si on retrouve quelques titres en anglais, « Gazebo » est principalement un album franco qui est arrivé comme par surprise : « J’avais commencé un projet d’album en anglais. Mais au début de l’année 2012, on m’a approché pour signer un contrat de disque. Au début, ce devait être une compilation de mes anciens disques, car on trouvait cela dommage qu’il y est tant de bons titres qui ne soient pas connus. Mais je n’étais pas très à l’aise avec ce concept. Je voulais des chansons originales. Cela a vraiment été l’élément déclencheur qui a fait que j’ai commencé à composer. Je me suis acheté une nouvelle guitare et c’était parti. Puis finalement, de fils en aiguilles, c’est devenu un album nouveau au complet ». Réalisé par Simon Godin (Damien Robitaille), l’album s’est composé au fur et à mesure, en prenant possession d’un studio dans les Laurentides, tous les mois. « Je connaissais le travail de Simon, mais le déclic a vraiment eu lieu après un diner chez lui : on est allé à son studio, on a bu trop de scotch et on s’est mis à faire de la musique ! ».

Cet album est vraiment dans la continuité des précédents : un bon mélange de folk, un peu de rock et de pop et de la chanson, armé d’une fine plume trempée dans le quotidien de Montréal : « Si je fais de la musique, c’est un peu par accident. J’ai toujours été le gars qui se concentrait sur les textes. Je pense que c’est l’album le plus raffiné que j’ai fait. » Voilà maintenant plus de 20 ans que Joseph Edgar est musicien, d’abord avec son groupe Zéro Degré Celsius puis en solo. Une longue carrière qui semble sans embuches, mais qui est loin d’avoir été un chemin facile : « Il y a plusieurs fois où je me suis dit que j’allais lâcher l’affaire, mais la musique revenait toujours. C’était comme si à chaque fois que j’ai voulu abandonner, j’avais eu des petits pas d’encouragement pour continuer. Cela a toujours été une ascension graduelle. J’ai la plume qui me vient assez facilement même si je ne suis pas quelqu’un qui écrit tous les jours, et pour cela je suis vraiment chanceux. Je ne cherche pas trop les chansons, les chansons viennent me chercher et j’essaie toujours de me réinventer et de me pousser plus loin».

Joseph Edgar, Longueur d'ondes, EntrevueEdgar semble profiter de l’essor de la scène acadienne de ces dernières années qui a connu les succès de Radio Radio, Lisa Leblanc ou plus récemment Les Hay Babies : « Il y a des artistes acadiens qui sont venus à Montréal et qui ont réussi à casser des clichés qui étaient omniprésents par rapport à la perception du Québec ou de la francophonie mondiale envers l’Acadie. Il y a toujours eu des bons musiciens par chez nous, comme par exemple Marie-Jo Thério, qui a fait des choses un peu différentes, et joué aux Francofolies. Cela a changé un peu la perception des gens. Mais quand Radio Radio a décidé de s’installer au Québec, car peu de personnes leur proposaient des spectacles en Acadie, ils ont complètement fracassé ce mur de briques qui séparait le Québec et l’Acadie. Après cela est arrivée Lisa Leblanc qui est allée au Festival de Granby. Tout ce que les gens avaient comme préjugés sur la musique acadienne s’est transformé. Mais il faut savoir qu’en Acadie, il y a un nombre impressionnant de groupes qui font des choses très différentes et ceci depuis longtemps… peut-être parce que l’on est peu nombreux alors on se crée notre propre plaisir en jouant d’un instrument et en inventant des chansons ! »

« Gazebo » sorti le 28 janvier chez Ste-4 Musique
http://www.josephedgar.ca/


Yolaine Maudet
Photos : Michel Pinault

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