L’éveil du larsen
Le premier album « Blame Confusion » laisse penser sans aucun doute que le duo montréalais de Solids, composé de Louis Guillemette à la batterie et Xavier Germain-Poitras à la guitare, commence sur les chapeaux de roue une première étape d’un parcours prometteur. Avec des sonorités à la fois brutes et riches, l’intensité sonore de leur live est à la hauteur des attentes que l’on peut avoir d’un groupe de punk-grunge-hardcore & cie. Un vrai phénomène contagieux !
Solids est arrivé un peu par accident pour Louis et Xavier : « On jouait chacun dans différents groupes de la scène hardcore et punk montréalaise, on se connaissait, et on a été amené à jouer ensemble dans une formation assez agressive. On s’est vite rendu compte que l’on avait beaucoup d’affinités. J’avais de côté quelques riffs et c’est comme cela que l’on a commencé à répéter ensemble à temps perdu. Mais finalement assez rapidement, cela s’est concrétisé en véritable groupe, à l’automne 2009 » explique Xavier. Si au départ, il avait l’envie de faire un power trio, finalement l’alchimie des deux fonctionnait tellement bien qu’ils n’ont pas ressenti le besoin de faire appel à un bassiste : « Louis avait une pédale chez lui qui fonctionnait vraiment bien, et qui coupait le signal en deux permettant ainsi d’aller dans deux amplis, pour donner le son que l’on retrouve actuellement sur l’album et en live ».
« C’est surtout quand on a commencé à jouer live que l’on s’est rendu compte de l’intérêt du public ! » explique Louis. D’ailleurs une solide base de fans répond présent à chaque show du groupe. Et en effet, on comprend toute l’ampleur du projet à l’écoute en concert : « Cela nous est arrivé de jouer dans des bars où les gens du public dans le fond ne nous voyaient pas et se demandaient : mais combien sont-ils sur scène ? Eh oui, on est uniquement deux. 
Cela dit, tout le monde semble se focaliser sur le nombre en trouvant cela étonnant ou en essayant de nous comparer à d’autres duos guitare/batterie connus, ce qui est un peu réducteur. On ne le fait pas pour les trios ou les quartets, alors pourquoi se concentrer uniquement sur le nombre, plutôt que sur le rendu final ? On sait que l’on doit remplir l’espace sonore. ». Et en terme de rendu, justement, on est dans une veine qui puise dans le punk, le grunge mais qui offre une musique résolument actuelle.
« Le son de Solids est arrivé assez naturellement, aussi bizarre que cela puisse paraître. Ce n’est pas un son travaillé, il est né de manière organique. » L’album a été réalisé par Adrian Popovich (We are Wolves, Duchess Says) : « Beaucoup de monde nous conseillait de travailler avec lui, et au final, cela a tout de suite collé. Il était venu nous voir en live avant, car c’est ce que l’on voulait sur l’album, cette énergie du live. L’enregistrement s’est fait rapidement, en une semaine et demie, car on avait presque tout le matériel de prêt. On a aussi essayé d’oublier nos influences, de les mettre de côté pour faire quelque chose d’original, qui ne semble pas ressembler à un autre groupe. En plus, on a vraiment des influences différentes, et pas forcément dans les styles que l’on pourrait s’attendre. Par exemple, en ce moment, j’écoute beaucoup TV On The Radio !» raconte Louis. Au-delà du son, il y a aussi les paroles écrites par Xavier : « On s’entend pour dire que les paroles ne sont pas le principal attrait lorsque l’on écoute notre genre de musique. Je vois cela plutôt comme une ligne supplémentaire de musique qui accompagne le reste. Je ne dis pas que ce n’est pas important, mais les textes restent assez flous pour que chacun y puise ce qui l’intéresse. Puis le tout est en anglais, sauf pour un titre en français, car naturellement pour ce style de musique, c’est l’anglais qui vient nous chercher. »
« Blame Confusion » sème aussi le doute sur… sa pochette. En effet, si vous regardez attentivement et fixement la couverture de l’album, vous pourrez voir apparaître quelque chose. « On s’est amusé avec cela, on a pris un logiciel qui permettait de distordre l’image, mais au final peu de gens arrivent à voir ce qui se cache derrière l’image, c’est juste beau ! ».
Surtout affutez vos oreilles dans les mois qui viennent, car on ne peut rien dire encore, mais de bonnes nouvelles arrivent pour le duo qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : « On est très content de ce qui s’en vient, et on espère pouvoir aller en Europe pour tourner, car c’est sûr qu’avec le style de musique que l’on fait, on est assez limité au Québec. On ne peut pas forcément jouer dans beaucoup de petites places en région, car on n’a pas toujours le public pour cela. C’est souvent reste concentré sur les grosses villes. Alors, oui, on a des envies d’ailleurs ! ».
Yolaine Maudet
Photos live : Julien Couasnon
https://soundcloud.com/solids-mtl/traces
http://solids.bandcamp.com/
