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CARGO CULTE

Cargo Culte - Photo : Toma Iczkovits

Cargo Culte,
attention au parachutage !

Ils sont trois, font partie de la scène québécoise depuis plusieurs années déjà et se fréquentaient en diverses occasions avant de trouver la bonne pour former Cargo Culte. Éric Brousseau alias Seba (Gatineau), Alex McMahon (Plaster, Yann Perreau, Catherine Major) et Jean-François Lemieux (Jean Leloup, Daniel Bélanger) de retour du tournage de leur prochain clip « Le chien de Madame », parlent gros sons (cargo) et influences (culte).

 

Tout commence il y a un an avec une même envie au même moment : « On avait tous les trois envie de faire un album hip hop. Jean-François et moi, on s’est retrouvé à jammer ensemble quand Alex nous a appelé en nous disant qu’il voulait faire un projet hip hop et cette fois-ci en se mettant à la batterie. L’idée nous a tout de suite séduits. » explique Éric. « La composition des chansons s’est faite relativement vite, même si c’était étalé sur six mois. Par exemple, la première chanson de l’album « La Bandaison » était notre jam de test de son ! Finalement on l’a gardé quasiment tel quel. Éric avait pas mal de textes dans ses tiroirs, mais on était capable de composer une chanson par jour. Ce qui était intéressant c’est qu’Éric a une écriture hip hop un peu plus proche de la musique pop dans le sens où on entend des refrains, des couplets, c’est structuré. » Si la musique était une réelle improvisation, les textes ont du s’adapter aux rythmes choisis : « Cela m’est déjà arrivé par le passé de venir au studio et d’avoir un texte fini et appris par cœur, et finalement, tu te rends compte que tout ne colle pas avec le rythme, mais comme tu le connais par cœur, tu ne peux plus le déstructurer en enlevant des mots. Donc j’y suis vraiment allé avec mes mots que j’ai adapté à la musique » raconte Éric. L’album a été enregistré « à temps perdu, car on a tous plein d’autres projets musicaux », au cours du printemps 2012.

Ce qui marque cet album est certainement le son brut : « L’idée ce n’était pas de répéter ensemble et de se dire : ah c’est bon, on enregistre. On a préféré placer directement les micros au début de la session et appuyer sur « enregistrer ». Résultat, on n’a rien perdu de la spontanéité qui s’entend sur l’album. Par exemple dans « Le Chien de Madame », on arrête de jouer et tu entends encore le son du piano, c’est juste le jam qui continue. On voulait quelque chose de brut, quasiment pris live sans être retravaillé. » La rapidité avec laquelle les trois comparses travaillaient a également joué sur le contenu et les sonorités de l’album : « On n’avait pas le temps de perdre de temps. Il fallait que cela se fasse vite, car on était tous les trois très occupés. On est des gens qui travaillent assez rapidement en général. On se connaissait quand même assez bien et cela a aussi tout de suite cliqué sur le plan humain. Il y a des albums qui sont plus douloureux que d’autres, celui-là a été vraiment facile, on disait tout le temps  pour qualifier le processus de création que cela c’était fait « dans la lumière ». On ne s’est pas vraiment mis de barrière, on avait plaisir à se rencontrer, à faire un album de hip hop ensemble et on voulait que ça décape ! »

Cargo Culte Et le moins que l’on puisse dire c’est que cet album est à la fois rafraichissant et sulfureux : « Il y a une grosse référence au son des années 90 qui ressort de l’album, sauf que sur le moment on ne s’en est pas rendu compte. Le monde pense beaucoup à Rage Against the Machine ou Beasties Boys, voire Nirvana pour le côté grunge. C’est sûr que nous trois, on vient de là, on a tous écouté cela, c’est donc naturellement notre bagage commun qui est ressorti. Cet album s’est fait aussi en réaction au rap des dernières années qui utilisaient beaucoup d’auto-tunes, à un moment donné cela devient vraiment synthétique. On voulait ramener cela à un son plus brut. En dehors du hip hop en tant que tel, on avait envie de faire quelque chose qui bouge. Sincèrement, on adore ce qui se fait actuellement sur la scène musicale québécoise dans plein de styles différents, par contre il manquait quelque chose de plus corrosif ! ». Et dans le même genre d’idées, les paroles aussi sont assez critiques et cyniques sur la société actuelle : « Quand j’ai écouté le disque au complet la première fois, je riais et je me disais : je suis vraiment méchant ! Écrire sur les fleurs ou les nuages, cela ne me tente pas. J’écris toujours pour être en réaction à quelque chose. C’est pour cela aussi que qu’il fallait une musique plus agressive pour aller avec. C’était très instinctif. On a juste fait un projet qui nous ressemble, qui change des standards actuels.  » explique Éric.

Alors, le mystère de Cargo Culte dévoilé ? « Choisir un nom de groupe, c’est parfois la chose la moins facile ! En fait, Cargo Culte vient de la chanson de Serge Gainsbourg qui dit : Ces naufrageurs naïfs armés de sarbacanes, qui sacrifient ainsi au culte du cargo, en soufflant vers l’azur et les aéroplanes ». C’est également les paroles de notre chanson «  A Year to live » qui dit « Je cultiverais moins d’attente, moins de cargo culte ». C’est l’espèce d’image des gens qui attendent que l’aide vienne d’en haut, qu’elle soit comme parachutée. Il y avait une image qui était forte. On trouvait que c’était bien aussi pour imager cela sur la pochette de l’album.» Et quand on parle d’une éventuelle exportation dans d’autres pays, la réponse est claire : « Souhaitons-le car c’est toujours le fun de pouvoir exporter sa musique dans d’autres pays et d’aller voir ce qu’il s’y passe. La France, cela serait vraiment génial, même si le marché n’est pas évident pour les Québécois. Ce n’est pas une musique nécessairement basée sur les textes dans le sens où elle est assez abrasive, l’énergie du show, quelque soit la langue que tu parles, elle passe ! Alors aimez-nous les Français et on viendra vous voir ! »

CARGO CULTE, « Les temps modernes », La Meute www.lameuteprod.com (avril 2013)
www.cargocultemusique.com

Yolaine Maudet
Photos : Toma Iczkovitz

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