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Le Larron

Le Larron, LO 66, Sur la même Longueur d'Ondes numéro 66

Larron, Larron, petits patapons !

“Chanteur pour de faux”, disait-il à la sortie de son premier album. À la clé, un franc succès. D’estime peut-être, mais pas un succès par hasard, car le Larron est un véritable artiste, un vrai musicien, avec un talent rare et un humour toxique.

Encore maintenant, le statut de chanteur n’est pas pour lui : “J’ai chanté pour la première fois de ma vie sur scène à 33 ans, parce que le premier disque allait sortir et qu’il fallait bien s’y mettre. Donc oui, je ne me suis jamais vraiment perçu comme un chanteur. Je ne travaille pas ma voix, j’ai du prendre en tout et pour tout trois cours de chant dans ma vie. Je passe beaucoup plus de temps à écrire et faire de la musique. Mais la découverte de la scène a néanmoins été un vrai coup de foudre. J’adore monter sur les planches, je m’y sens vraiment bien, même si je me demande parfois ce que je fais là !” Cela ne l’a pas empêché de retourner en studio, tranquillement chez lui, sans pressions extérieures : “Le succès du premier disque a été tout relatif. Il est vrai que l’accueil dans les salles de concerts et les médias m’a surpris moi-même. Je ne m’attendais pas à un tel enthousiasme pour un petit autoproduit réalisé en quelques jours. Ensuite, je n’ai pas le quart du tiers de la notoriété d’un quelconque Star-Académicien… La pression est plutôt venue de moi que de l’extérieur. J’avais envie de bien faire et de réussir à enfin sortir un disque qui me ressemble totalement, aussi bien dans l’écriture – ce qui était déjà plutôt le cas pour le premier disque – que dans la musique et la réalisation – ce qui je n’avais absolument pas eu le temps de faire sur le premier opus. Je voulais prendre le temps de chercher, d’expérimenter, pour trouver un équilibre qui me soit propre. Arriver à réconcilier mon amour de la langue et de la chanson avec ma passion pour la musique, le son et le travail de studio.”

Sur la jaquette de son premier disque, il apparaissait à peine. Sur le second plus du tout, juste un costume sur un cintre. Alors… “Quoi ma gueule” ? “Elle n’a pas grand intérêt. C’est ma gueule. Ni mieux ni pire que la plupart des gueules. Sur le premier album, il n’y avait que ma gueule et personne ne me reconnaissait ! Sur celui-ci j’ai fait le pari de ne pas la mettre du tout, en espérant que tout le monde me reconnaîtra…” Au fait, d’où vient ce surnom Le Larron ? “C’est une histoire très ancienne. C’est grâce – ou à cause – de la femme de ménage des parents d’un ami. Lorsque j’étais étudiant, j’ai un jour laissé un message à cette dame aussi charmante que son accent portugais. Je lui ai demandé de dire que Laurent avait appelé. Elle a noté : “Le Larron a appelé”. Ça a fait marrer tout le monde, puis c’est resté, et ce surnom est devenu mon second patronyme, bien avant que je ne songe à infliger mes errements musicaux au reste du monde. Je n’ai donc pas eu à chercher bien loin lorsque j’ai du décider du nom à mettre sur l’affiche, la veille du premier concert.”

À part d’amour, tu parles de quoi ? “J’ai l’impression de ne jamais parler d’amour. Je parle de manque, de jalousie, de haine, d’indifférence et je me sens incapable de faire une vraie chanson d’amour. Il faut toujours que ça coince, que ça déconne. La chanson “Je t’aime” parle exactement de ça. La répétition jusqu’à la nausée, jusqu’à vider ces mots de leur sens. C’est un peu une illustration de mon incapacité à dire “Je t’aime” au premier degré dans une chanson.” Au final et avec ce second disque : paroles ou musique ? “Les deux mon capitaine ! C’est bien ça mon problème !” Artiste ou artisan ? “Artiste dans le sens où je souhaite qu’il y ait du sens à ce que je propose. Je ne cherche pas uniquement à divertir ou à faire danser. J’essaie de proposer un univers, ma petite vision du monde. Mais à part ça, je suis un artisan puisque je fais tout en totale indépendance. J’écris et je compose, j’arrange, je joue et j’enregistre dans mon propre studio, je sors le disque sur mon propre label, je pilote moi-même le lancement, la création des pochettes… On ne s’ennuie pas !” Auteur ou compositeur ? “Les deux aussi. Je ne pourrais pas cesser de faire l’un ou l’autre. C’est pour cela que je fais aujourd’hui de la chanson, pas de l’électro ou de la poésie.”

Yan Pradeau

“Composé, arrangé, enregistré et joué seul, pendant plusieurs mois. J’ai invité sur chaque titre plusieurs musiciens, différents à chaque fois, à venir apporter leur son et leur couleur. Lisa Portelli, David Carroll qui a fait quelques guitares, Francois-Marie Moreau avec sa flûte… J’ai confié tout ça à Hubert Salou, un garçon extraordinaire, qui mixe entièrement en analogique, à l’ancienne, et j’adore l’ampleur et l’air qu’il a réussi à donner aux morceaux.” dixit le Larron. On retrouve pourtant, cette même fraîcheur, cette ironie sur papier glacé du premier disque / premier jet avec parfois des envolées vers les cieux chargés d’un Bashung, preuve que si le talent n’attend pas l’âge des années, il ne tombe pas toujours sur ceux qui en ont les moyens.

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