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Concrete Knives

Concrete Knives, LO 66, Sur la même Longueur d'Ondes numéro 66

Pourquoi on l’aime

Comment une petite bande de Caennais a réussi à faire chavirer les publics de festivals, les blogueurs, les rock critics les plus blasés et même un patron de label anglais ? Attention, la fraîcheur des Concrete Knives est contagieuse, euphorisante et donne envie à tout le monde de chanter à l’unisson.

Le coup de foudre, ça ne s’explique pas. C’est chimique. Avec Concrete Knives, tout est parti d’un EP en 2011, d’une poignée de titres frais et énergiques. De la pop anglaise que l’on reprend en chœur parce que l’on n’a pas le choix : le refrain et la mélodie se sont déjà implantés dans le cerveau. Les riffs de guitare et la rythmique basse-batterie nous placent bien dans un univers rock, mais les chants de Nicolas Delahaye et Morgane Colas (aidés de tous les membres du groupe sur certains passages) nous ramènent vers la pop. Joyeuse.

Remarqué à Montréal par Simon Raymonde, patron du label Bella Union, le groupe signe un deal et rejoint le club très fermé des “groupes français signés sur un label international”. Ses camarades s’appellent Midlake, Fleet Foxes, The Walkmen, Explosions in the Sky… Et en 2012, Concrete Knives sort son premier album “Be your own king”, toujours en anglais, toujours sans accent et avec une vraie production à l’anglo-saxonne : les voix ne sont pas systématiquement mixées en avant.

Les influences ? Multiples. “Notre modèle absolu reste Clap Your Hands Say Yeah, pour son authenticité. On aime également beaucoup Cold War Kids”, confie Nicolas le “chanteur principal”. Ces groupes pop savent jouer avec le rock et le blues en y incluant des petites touches jazzy et beaucoup d’audace. Pas étonnant que nos nouveaux rois de la pop hexagonale s’y retrouvent. “Il était important pour nous d’être dans la continuité du EP et de sortir l’album avant que l’on nous ait oublié”, plaisante à moitié Nicolas. Mais cette période a permis au combo de murir un peu la musique qu’il jouait sur scène. “Nous avons pris le temps de réécouter et de décortiquer tous nos concerts pour retrouver les sons qui nous plaisaient en live et s’en inspirer pour créer de nouveaux morceaux.” Les cinq musiciens se définissent clairement comme un groupe de scène car c’est là que se joue leur authenticité. Ils ne veulent pas se la raconter, ne mettront sans doute jamais de vestes à paillettes ni de lunettes roses… Leur truc, c’est d’arriver sur scène et de donner, simplement, ce qu’ils ont à donner. Avec leurs instruments et rien que leurs instruments. “Nous n’avons pas envie de venir sur scène bardés d’ordinateurs avec des boucles partout pour recréer des ambiances qui ne nous paraîtraient pas naturelles. Tout doit pouvoir être joué sur scène tel quel. Je peux me planter un soir sur un morceau, mais au moins, je l’aurais joué !”

Si Nicolas parle beaucoup (et bien), ses phrases sont souvent reprises par Morgane, Adrien Leprêtre, Guillaume Aubertin et Augustin Hauville. Chacun complétant, ajoutant sa patte. Concrete Knives n’est pas le projet d’un chanteur-auteur, ni un gang s’organisant autour d’un gourou qui dit la vérité. On est bien en face d’un collectif. Morgane reprend : “Tout le monde existe à sa façon dans le groupe. Personne ne se sent jamais mal à l’aise. On n’est jamais seul, on n’a jamais peur. Personne ne doit porter le groupe à lui tout seul, on est tous ensemble.” Ici réside sans doute l’un des éléments clés : Concrete Knives, c’est à l’origine un groupe de copains qui fait de la musique mais aussi des sports collectifs ensembles (rugby, foot, handball… oui, oui, tout ça !). Le groupe se monte en 2007 et ça joue “punk dans l’esprit des Yeah Yeah Yeahs ou des Liars, c’était très très fort”, rigolent-ils. Ces jeunes-là avaient de l’énergie à dépenser. C’est à la fac que la musique s’affine. Mais les bases sont posées : Concrete Knives doit se faire plaisir, jouer partout et rester honnête.

C’est la même chose quand on leur demande pourquoi ils chantent en chœur sur la plupart des morceaux, comme peuvent le faire Arcade Fire ou The Bewitched Hands. La réponse vient en même temps des cinq bouches : “Inconsciemment, c’est un besoin que l’on a, et qu’ont tous les gens, de faire des choses ensemble. En musique aujourd’hui, on peut tout faire tout seul de A à Z, mais d’autres gens ont besoin de faire des choses ensembles.” Au départ, Morgane et Nicolas se rendent compte que lorsque leurs voix se mélangent, leur musique prend une couleur particulière. Et puis les gars derrière se mettent à chanter sans micro… “Alors on a simplement mis un micro.” Parfois, les mystères ne s’expliquent pas. Il y a un tel allant dans les morceaux de Concrete Knives que même les musiciens ne peuvent s’empêcher de les chanter. On a peut-être trouvé “nos” Arcade Fire.

Éric Nahon
“Be your own king” – Bella Union / Coop Music
www.concreteknives.com

Qui ? Où ? Caen ?
Si la ville de Caen compte 100 000 habitants, son agglomération est quatre fois plus importante et il n’est pas si étonnant d’y croiser beaucoup de groupes en activités… dans des genres très très différents. On a beaucoup parlé du rock sombre de Kim Novak (dont fait également partie Augustin de Concrete Knives), mais on pourrait aussi évoquer The Lanskies ou Da Brasilians. Granville sort à l’automne un disque pop sixites et Guns of Brixton a écumé pas mal de gros festivals ces derniers temps. Tous ces groupes ont sans conteste des influences communes qui lorgnent plus du côté de la Manche que du côté de la Seine… Un savoir-faire anglo-saxon que l’on a longtemps cherché dans l’Hexagone.

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