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EROTIC MARKET

Erotic Market - Sur la même Longueur d'Ondes numéro 67 - Photo : Marylène Eytier

Les corps libérés

Le mélange paraît improbable : R’n’B et hip-hop trempés dans un bain d’électronique acide et de coldwave  sombre.  Leur premier single, « Rumblin », sous ses filtres fluos, ses rythmiques saccadées rivalisant de puissance avec les multiples couches vocales, dégageait déjà une intensité charnelle qui donnait des indices sur ce qu’Erotic Market https://www.facebook.com/EroticMarket, groupe mené par Marine Pellegrini et Lucas Garnier, ex-membres de N’Relax http://fr.myspace.com/nrelaxx, pouvait délivrer sur scène. Et c’est bien là que l’amalgame prend et vous prend aux tripes…

 

Pouvez-vous revenir sur la fin de N’Relax et sur la façon dont votre nouvelle direction musicale s’est dessinée ?

Marine Pellegrini : Nous avons arrêté parce que Lucas et moi avions envie d’autre chose, de choses plus brutes, c’était déjà dans nos têtes.

Lucas Garnier : Au niveau percussif, nous voulions quelque chose de plus physique, et au niveau des sons, de plus brut, de moins raffiné. Disons que nous aimons bien avoir une certaine finesse dans le côté brut et taillé à la hache et pas forcément dans l’orfèvrerie…

 

Erotic Market, c’est en premier lieu vous deux. Comment avez-vous trouvé les autres membres du groupe ?

Lucas Garnier : Cela s’est fait beaucoup plus tard…

Marine Pellegrini : Oui, nous avons tout d’abord passé six mois à rester tous les deux dans une grotte à composer, nous voulions faire du répertoire. Nous avons créé les trois premiers morceaux rapidement, en deux sessions de travail. Sly à la batterie avait fait un remplacement dans N’Relax, à la basse, mais comme il est très doué et sait faire plein de choses, il fait  maintenant de la batterie, et je joue avec Julien dans un autre projet, nous cherchions une bassiste-choriste à la base, quelqu’un qui m’aide dans les aigus, mais comme il chante très bien dans les aigus, cela a directement fonctionné !

Lucas Garnier : Nous voulions vraiment des gens qui puissent chanter, c’était très important parce qu’il y a pas mal de voix et nous ne voulions pas perdre cela, et puis nous recherchions également plus des musiciens que des instrumentistes.

 

Erotic Market – Rumblin from Echo Orange on Vimeo.

 

L’organisation dans le groupe a-t-elle changé avec leur arrivée ou bien Erotic Market repose-t-il toujours sur votre duo comme noyau dur ?

Marine Pellegrini : Ils sont des interprètes, nous sommes les directeurs artistiques, les compositeurs, c’est nous qui gardons la ligne esthétique et il en  sera toujours ainsi mais forcément, ils nous nourrissent parce qu’ils sont très doués et parce que nous pouvons faire énormément de choses différentes avec eux.

Lucas Garnier : Au niveau du live, leur façon de jouer nous influence, le live est démocratique : le principe du morceau, les fondamentaux,  c’est nous qui les définissons, nous y tenons et c’est inflexible, mais par contre la façon d’arranger les morceaux, cela se fait dans la salle de répètes, tous ensemble.

Erotic Market - Sur la même Longueur d'Ondes numéro 67 - Photo : Marylène EytierErotic Market, c’est un peu la rencontre de deux mondes presque antagonistes : celui du R’n’B et d’un rock à la fois beaucoup moins consensuel et plus sombre. Ces deux pôles représentent-ils justement vos deux personnalités ?

Marine Pellegrini : De mon côté, au niveau du chant, quand j’étais ado, j’étais très connectée à tout ce qui est R’n’B , hip-hop… J’ai mis cela de côté pendant mes études et je me suis reconnectée avec ces influences pour mon chant :  c’est là que je veux aller, je veux que cela se sente, que cela s’entende. Cela ne me dérangerait pas du tout d’être classée comme une chanteuse de R’n’B, au contraire.

Lucas Garnier : Nous parlions au début  du côté rythmique et c’est justement par rapport à ce côté-là que ce genre de styles nous intéresse : par exemple Marine écoute pas mal de Beyoncé ou de choses comme cela et il y  a des éléments rythmiques qu’indéniablement nous aimons tous les deux là-dedans.  Le côté  syncopé, qui s’arrête et repart, avec des silences… Mais l’un comme l’autre, nous aimons bien les choses qui dérangent un peu, moi j’adore les musiques extrêmes, le rock noise et même Marine, lorsqu’elle fait des démos, elles sont crades aussi !

Marine Pellegrini : Oui je ne serais pas capable de faire du R’n’B commercial, j’aurais trop honte, j’ai une petite forme d’intellectualisme qui m’empêche de faire des choses formatées.

 

Erotic Market - Sur la même Longueur d'Ondes numéro 67 - Photo : Marylène EytierIl y a même un aspect assez agressif dans ce que vous faites, que ce soit au niveau des clips vidéo et des visuels avec ces couleurs vives, fluos, ou au niveau musical avec ces sonorités concassées, ces saturations, cette façon de télescoper les styles…

Marine Pellegrini : Dans N’Relax, j’étais plutôt dans la retenue, dans une non-affirmation de moi-même, tout était très lissé, il fallait bien chanter, ne pas faire trop de bruit… et il y a eu un moment où j’ai compris que ce n’était pas ce que j’étais au fond, j’étais quelqu’un de beaucoup plus sanguin et d’assez explosif et maintenant je peux l’assumer complètement et cela fait beaucoup de bien !

 

Quelles sont les émotions ou sensations principales qui inspirent votre démarche et que vous aimeriez inspirer à l’auditeur ?

Marine Pellegrini : Moi, j’aimerais que ce soit le corps qui parle, que les gens aient envie de danser, de crier, de remuer.

Lucas Garnier : … et en même temps avec quelque chose de profond. Par exemple, tu parlais des couleurs : nous aimons bien cette idée de couleurs saturées dans lesquelles tu plonges mais dans lesquelles tu te noies un peu aussi, c’est quelque chose qui absorbe, quelque chose d’hypnotique… Nous aimons bien le fait que les lumières très fortes, effectivement, elles font bouger mais en même temps, elles font écarquiller les yeux et provoquent un blocage.

Marine Pellegrini : Oui, et au niveau des paroles, j’essaie de parler des rapports de domination féminin/masculin, de ce que c’est d’être une femme, des clichés de la société, de ce que l’on peut nous faire subir, des choses qui m’ont un peu embêtée récemment , nous essayons de faire exploser quelques conventions…

 

Jessica Boucher-Rétif

Photos : Marylène Eytier

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