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Groenland

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La poursuite des rêves


Derrière ce nom de groupe québécois aux allures pop polaire, se cachent Sabrina Halde et Jean-Vivier Lévesque, têtes compositrices, accompagnés de Simon Gosselin (basse), Jonathan Charrette (batterie), Fanny C. Laurin (violon) et Gabrielle Girard-Charest (violoncelle). Trois garçons, trois filles, de multiples possibilités pour un son défini comme de l’indie pop orchestrale : « Orchestrale, c’est pour les cordes ! » lance fièrement Sabrina.
Groenland, une terre où il ne fait pas si froid !

Si au début du projet, les deux complices Sabrina et Jean-Vivier qui évoluaient dans les mêmes sphères musicales (ils ont tous les deux fait le Cégep Saint-Laurent en musique) avaient choisi d’appeler leur projet « La Pieuvre », ils ont finalement rapidement opté pour un nom plus évocateur : « On a fait quelques shows sous ce nom-là, mais on avait vraiment du mal à assumer ! On a donc décidé de changer, mais qu’est-ce que ça a été compliqué. C’est la chose la plus difficile à trouver un nom de groupe. On a fait un brainstorming, on avait des listes et des listes de noms et puis c’est devenu Groenland ». La rencontre des deux s’est faite naturellement : « On avait chacun nos compositions, on avait envie de travailler ensemble et puis on écoutait les mêmes groupes. C’est sûr que chacun de nous à son style, mais on mixe tout ça ensemble, c’est assez complémentaire. Puis après, on amène ça au reste du groupe, on jamme ensemble, les arrangements se construisent et ça donne… Groenland !».

Loin d’être une musique froide, celle-ci est en effet riche de sons et de sens. Avec des arrangements de cordes, un solide piano et la voix électrisante et jazzy de Sabrina Halde, c’est une véritable bouffée d’air frais que l’on découvre avec leur premier album intitulé « The Chase » : « C’est un drôle de nom, car quand tu y réfléchis, n’importe quel album d’un groupe indie aurait pu s’appeler de même ! Sauf que pour nous, il a sa propre signification, c’est une chasse bien particulière. »

En effet, car monter un groupe, réaliser un album et gagner sa vie en tant que musicien est loin d’être facile. Si Montréal est désormais identifiée internationalement comme une ville musicale riche où énormément de choses se passent, et où il est bon d’avoir une oreille attentive pour découvrir les futurs Arcade Fire de demain, cet avantage créé aussi un foisonnement de groupes tous à la recherche d’une certaine audience : « C’est rendu que maintenant, tu as même des groupes qui déménagent à Montréal pour l’énergie créatrice de la ville, ce qui est très positif. La possibilité que tu puisses enregistrer tes compositions directement de ta chambre et mettre ça en ligne dans la minute multiplie les groupes. D’un autre côté, avec la démocratisation de la musique via Internet, l’accessibilité directe s’est accrue. N’importe qui de n’importe où peut avoir accès à ta musique ».

Groenland

Malgré tout cela, le chemin est parfois long pour atteindre ses rêves : « Ça fait 10 ans que je suis musicien, enfin, je suis dans la restauration aussi depuis 10 ans [rire]. Ce que je veux dire, c’est que vivre de sa musique c’est extrêmement difficile. J’ai monté deux ou trois groupes avant Groenland, qui ont tous eu un certain succès, mais pas de quoi en vivre. Alors Groenland, c’est un peu ma dernière carte. Je me dis qu’après ça, je ne remonterai plus un autre groupe, je ferai toujours de la musique, mais j’arrêterai de le placer à un niveau central dans ma vie » explique Jean-Vivier. « On est très fier de cet album, on est vraiment arrivé à ce qu’on voulait, mais pour cela il a fallu de la persévérance et être très motivé » nous dit Sabrina.

Et ça porte ses fruits : la qualité de l’album et l’intérêt naissant que les médias leur portent en sont révélateurs ! « Notre public est essentiellement francophone, bien que nos paroles soient en anglais. » explique Jean-Vivier. Sabrina raconte : « Je n’avais jamais écrit auparavant, c’est une première pour moi. Jean-Vivier ne voulait pas s’impliquer dans l’écriture, alors, je m’y suis collée. J’ai étudié en jazz, donc l’impro jazz m’a vraiment aidée pour les mélodies, et naturellement, ce qui m’est venu était en anglais, ça « popait » plus. Au début, j’avais très peu de paroles, pratiquement pas de refrains, et là, le reste du groupe m’a dit : on ne peut tout de même pas faire des chœurs à chaque fois ! Finalement, énormément de francophones écoutent des groupes anglophones en se détachant du sens strict des paroles en s’attachant plus à la musicalité, aux sonorités.»

Si les thèmes abordés restent très actuels et basés sur la palette des relations humaines, on se prend à garder en mémoire quelques belles métaphores, comme dans le titre « La pieuve » (« I lost my heart in a giant, purple octopus »). « The chase » est donc une très belle surprise de printemps, tout en légèreté et convaincante, parce que tenue par d’excellents musiciens qui donnent une texture à la fois accessible et singulière. Gageons que le titre « The things I’ve done » et son vidéoclip très party-animal rythme notre été. Il faudra attendre l’automne pour partir à la poursuite d’une tournée québécoise de Groenland, bien qu’on puisse certainement les voir ici et là cet été dans les nombreux festivals.

« The Chase », Bounsound
Site : http://www.groenlandband.com/

Yolaine Maudet
Photos : LePetitRusse

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