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Le retour des Innocents !

Le retour des Innocents !La nouvelle du retour des Innocents est sortie en douce au début de l’année… JP Nataf et Jean-Christophe Urbain ont fait leur premier concert ensemble depuis 1998, un soir de février, dans un bar de Montréal. Au cours des prochains mois, ils arpenteront les petites scènes de France, au gré de leurs envies, en prélude au lancement de leur nouvel album. Un « comeback intime » sous le signe de l’indépendance. Entrevue exclusive…

 

 

 

Ce retour ressemble à un work in progress. Vous montez sur scène alors que vous êtes en train d’écrire vos nouvelles compositions et que vous n’avez pas encore de maison de disques… Pourquoi cette formule ?

JP Nataf : Je ne dirais pas  que nous n’étions pas « libres » auparavant, mais à une certaine époque, avec le succès, les enjeux et la pression, c’était quand même un peu lourd… C’est agréable de commencer ce projet en n’ayant pas encore de maison de disques ni de tourneur. Pour le moment, on peut imposer notre rythme et nos idées, sans compromis. Nous sommes en pourparlers avec plusieurs personnes, mais on n’a même pas enregistré de démo parce que c’est souvent un travail préparatoire pour séduire quelqu’un, mais c’est ensuite difficile de retrouver la fraîcheur du début. Les producteurs viennent donc nous voir au studio où on leur joue nos chansons guitare-voix. On a gagné de l’expérience dans ce métier, on a davantage confiance en nous. Et, pour l’instant, on n’en fait un peu qu’à notre tête…

Le retour des Innocents !Quelles sont vos impressions après avoir donné votre premier concert ensemble depuis une quinzaine d’années ?

Jean-Christophe Urbain : C’était un test, on a essayé un maximum de chansons. Il n’y avait pas encore de réflexes. Même si par moment quelque chose se passait, on ne savait pas quand on commençait, quand on finissait…

JP : Par contre, l’alchimie originelle est là, inconsciemment. On sait que l’on est  davantage faits pour faire de la musique ensemble qu’avec des tonnes d’autres personnes. C’est aussi ce qui nous a donné envie de nous retrouver. Quand on prend chacun un instrument et que l’on chante ensemble, il y a quelque chose qui s’emboite naturellement.

Est-ce que vous aviez envie de profiter de cette zone de confort ou, au contraire, d’aller sur un nouveau terrain de jeu ?

J-C : C’est bien de pouvoir se dire que, quoiqu’il arrive, ça va aller. Et c’est bien aussi de se mettre en danger. Là-dessus, je nous fait confiance… C’est comme dans la vie : il faut des montagnes russes.

JP : Je crois que l’on n’aime ni l’un ni l’autre le confort. Même dans notre carrière fantôme passée, à chaque album il y a eu une remise en question. Aujourd’hui, ce qui est nouveau, c’est de chanter toutes les chansons à deux. Le cahier des charges change, mais on ne va pas pour autant se prendre à rebrousse poil, d’autant plus que l’on a chacun des terrains d’expérimentation à côté. Si on se retrouve, c’est pour faire à manger ensemble!

J-C : Et puis on a changé. Au début, notre plus grand plaisir était de pouvoir entendre une de nos chansons à la radio. Aujourd’hui, avant même de refaire un album ensemble, on voulait surtout partager à nouveau la scène.

Pourquoi était-ce le bon moment pour vous retrouver?

J-C : Tout simplement parce qu’avant on ne pouvait pas. Pour des raisons affectives d’abord, de planning ensuite. Maintenant, on verra si c’était vraiment le bon moment !

JP : Cela faisait un moment qu’on en avait envie. Il fallait d’abord terminer ce que l’on avait à faire, qui n’est en fait toujours pas complètement terminé… Chacun est occupé ailleurs alors que l’on a encore des chansons à écrire pour finir l’album, la tournée à préparer… C’est comme si on était amants. On vole du temps à la vie pour pouvoir se croiser et faire vite fait une chanson !

Le retour des Innocents !J-C :  Cela ne nous intéresse plus tellement de tout voir uniquement à travers le prisme du groupe Les Innocents. Mais l’ampleur que cela prend par rapport à des tas de projets est vertigineuse. Cela nous alimente aussi.

JP : On a mûri en tant que couple, si on veut… On ne s’engueule jamais, il n’y a pas de ressentiment. S’il me dit « Je suis pris » ou si je lui dis « Je suis en studio avec une chanteuse pour qui j’ai écrit une chanson », il y n’y a pas de « Tu charries, il faut qu’on bosse ! ».

Comment recevez-vous tout l’intérêt qui se manifeste autour du projet?

J-C : Que les gens soient heureux de savoir qu’on va refaire quelque chose ensemble, cela me réjouit autant que ça m’étonne. C’est comme si on ressortait d’un tiroir quelque chose qui y dormait, intact. C’est surprenant.

JP : Depuis que l’on a dit qu’on revenait, c’est comme des petites fenêtres s’ouvraient chez tout le monde. Cela fait plaisir, mais en même temps c’est un peu lourd. Il y a un espèce d’héritage affectif. C’est étonnant de voir que l’on représente quelque chose pour quelqu’un qui vous avoue soudain : « Je ne te l’avais jamais dit, mais ça a bercé mon adolescence » ! Au concert du Verre Bouteille (le bar montréalais où Les Innocents ont fait le premier concert de leur retour NDLR), il y avait deux filles au premier rang qui étaient à peine nées quand on a sorti les disques qui ont marché. Elles connaissaient les paroles de toutes les chansons par cœur. C’est marrant et bizarre à la fois. Comme si on retrouvait un compte oublié en Suisse !

J-C : Comme si on remettait un vieux costume…

Comment imaginez-vous la cohabitation entre les nouvelles chansons que vous êtes en train d’écrire et ces tubes que l’on va inévitablement vous demander de jouer en concert ?

J-C : On sait que les gens prendront beaucoup de plaisir à entendre les vieilles chansons. Si les nouvelles passent et donnent la même sensation dans 20 ans, c’est bien ! Pour l’instant, on n’est évidemment pas à armes égales. Mais ce n’est pas une révolution par rapport aux albums que l’on a déjà faits, donc on va essayer d’imposer gentiment les petites dernières.

JP : De ce point de vue, même si on aurait pu le faire ailleurs, c’était bien de commencer à Montréal. On y est plus vierges, puisque que le premier album est le seul qui ait bien marché au Québec, il y a très longtemps. Cela permet de remettre en jeu la légitimité des chansons. C’est aussi l’utilité de ces concerts. 25 ans plus tard, il y a des compositions que je trouve très naïves, très gauches. Mais il y a aussi de bonnes surprises. La suite, ce sera le plaisir de travailler la cohérence de l’ensemble et de voir où on essaie d’emmener le public. On n’a pas du tout envie que ce soit figé. Je pense que c’est très important d’assumer aussi la fragilité. Il faut juste que l’on soit libres. Si on ne sait pas comment se termine un morceau, on est meilleurs que quand on sait comment il se termine !

 

Chloé Sondervorst 

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