Le Grenoblois Olivier Raymond, dit Oxia, est un vétéran. Voilà une vingtaine d’années qu’il navigue dans les océans de la techno. Et vingt ans, à l’ère du numérique et des micro-tendances éphémères, c’est une éternité. « Tides Of Mind », son nouvel opus, fait suite à « 24 h» dont la sortie remonte déjà à 2004. Pourquoi tant de temps entre les deux albums ? « Ça passe tellement vite… Lorsqu’un album sort, il y a la tournée, puis on se dit « C’est bon, je viens de sortir un album, faut encore attendre un peu. » Et à l’époque j’avais pas mal de demandes de remixes, de maxis. J’ai signé le titre « Domino », en 2006, sur le label Kompakt, qui a super bien marché. Derrière j’ai eu d’autres demandes. » Mais à l’agenda bien rempli s’ajoutait aussi l’angoisse de la page blanche : « À l’époque, je n’étais pas vraiment inspiré pour faire un album. Je n’aurais pas su trop quoi faire et je faisais des maxis facilement. Peut être qu’à ce moment je n’étais pas prêt. » Alors Oxia ne s’est pas pressé, afin d’éviter de tomber dans le piège classique qui menace chaque producteur d’électro : sortir un album sans cohérence, qui tient plus de la compile de morceaux dancefloor. L’inverse de « Tide Of Mind », ce superbe écrin de techno house à l’ancienne. Pourtant Oxia ne fait dans le passéisme : « 24 h était beaucoup plus influencé par une musique techno de Détroit, là, les influences sont un peu plus large. » Le très deep « Housewife » avec Miss Kittin en featuring, le mélancolique « Sway » ou le piano jazzy du titre « Rue Brusherie » ne vont pas le contredire. Qualité appréciable, « Tides Of Mind » est accessible aussi bien aux spécialistes du genre qu’aux néophytes un brin curieux. Vingt ans de bouteille et Oxia prouve qu’il en a encore sous la semelle. Au moment de l’interview, il préparait son live, avec une légère appréhension : « Je n’ai pas joué en live depuis très très longtemps. La technologie a évolué, ce n’est plus la même approche. C’est donc un nouveau challenge ! »
http://www.oxia-dj.com/
Camille Larbey