De la collaboration au remix, voici une sélection de morceaux d’un alliage rare, où les mots trouvent écho dans la production électronique. Comme une oasis dans la chanson française.
Scratch massive & Camille Bazbaz « Ma belle évanouie »
Dernière livraison du duo, « Nuit de rêve » est dans les bacs depuis peu. Une bonne occasion pour se replonger dans le premier essai de Scratch Massive, « Enemy & lovers » (2003), où l’on retrouve « Ma belle évanouie » interprété par Camille Bazbaz. « C’est au bord des larmes que tout a commencé. J’bois pour n’pas oublier le jour où j’t’ai rencontré. »
Herbaliser & Katerine « Serge »
C’est avec un hommage que les Anglais d’Herbaliser clôturent leur album « Take London » (2005). Ceux-ci accueillent ainsi un Katerine contant les dernières heures de Gainsbarre. « Est-ce qu’il avait tout fumé quand il s’est envolé comme volute vers Melody, vers Marilou, vers l’homme à la tête de chou ? »
Serge Gainsbourg « Lola Rastaquouère » (Château Flight remix)
Au milieu des quatorze remixes que compte le disque « I Love Serge : electronicagainsbourg » (2001), la version de « Lola Rastaquouère » de Gilb’R et I : Cube fait toujours son petit effet… « Deux sphères entre lesquelles j’abandonnais deux mois de salaire pour y rouler mon pauvre joint. »
Tom Fire & MC Solaar « Marche ou rêve »
Il met du delay dans son micro et pèse ses mots sur ce morceau aux sonorités jamaïcaines produit par Tom Fire et sonnant sur « The Revenge » (2011). MC Solaar creuse un nouveau sillon… « Il porte Doc Martens comme Eudeline et le punk, roule, colle et puis fume Chronic, Aya et Skunk. »
Alain Bashung « Samuel Hall »
Inspiration venue d’Outre-Manche ? Sur la piste numéro 8 de l’album « Fantaisie militaire » (1998), voici qu’Alain Bashung dépose une verve lunaire sur un titre aux arrangements Drum’n’Bass. « Allez au diable, je m’appelle Samuel Hall, je vous déteste tous… »
Vive la fête « Petit Colibri »
Spécimen volatile de nature électro-pop, le « Petit Colibri » de Vive la Fête fait son nid dans un flux contrôlé de mots subtils. Un envol de la formation belge à retrouver sur son « Disque d’or » (2009). « Tu te moques de toi et comme le feu de l’Enfer, ton rire pétille. »
Château Flight & Bertrand Burgalat « Les Antipodes »
Le patron du label Tricatel célébrait en novembre dernier les quinze ans de Versatile à La Machine du Moulin Rouge. Rien d’étonnant, Bertrand Burgalat et Château Flight ayant notamment cosigné le luxuriant « Les Antipodes » paru sur « The Meal » (2004). « Tu m’as donné un goût d’amertume qui quelque fois me laisse dans la brume. »
Molecule & Charlélie Couture « Sweet message »
C’est d’un phrasé apaisé que Charlélie Couture accompagne l’électro-dub de Molecule. Un « Sweet message » feutré figurant sur « Climax » (2009). « Faut savoir vivre sans impatience ici, faut savoir écouter ses sens. »
Trash Palace « Maculée Conception »
Projet inclassable s’il en est, le collectif Trash Palace réunit une somme d’artistes afin de permettre l’alchimie de l’orgiaque « Positions » (2002). Une production léchée à laquelle prend part, le temps d’une « Maculée conception », le chanteur Jean-Louis Murat. « Tiens, prends ces neutrons dans ton nid d’abeille. »
General Elektriks « Tu m’intrigues »
En 1997, il enregistre ses claviers pour le premier album de M. En 2011, Hervé Salters pose en couverture de la presse électro. A mi-chemin, il diffuse l’étonnant « Tu m’intrigues », morceau-phare du premier opus de General Elektriks, « Cliquety Kliqk » (2003). « Quand tu dis qu’un congrès de murmures a lieu dans ta tête et que ça n’en finit pas… Mais je ne cherche pas à comprendre. »
Noir Désir « Oublié » (Replicant Mix)
L’album « One Trip / One Noise » (1998) tient une place particulière dans la discographie de Noir Désir. Ici, le groupe de rock laisse les manettes pour donner une nouvelle vie à ses morceaux. Télépopmusik et GusGus s’adonnent notamment à l’exercice, tout comme Replicant et sa version d’ « Oublié », que l’on a pourtant bien envie de garder en mémoire. « Qu’est-ce que j’ai bien pu faire de ce souvenir ? »
Lescop « Marlène »
Son EP est sorti en fin d’année 2011 et Lescop, sorti d’Asyl, y tente justement ce pari un peu fou de mêler chanson française et musiques électroniques. C’est Berlin qui appelle, sur la piste de « Marlène ». « C’est insolent, oui mais c’est beau, beau et violent, peut-être un peu trop. »
Texte : Thibaut Guillon