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Vulgaires machins

Porte-étendard du punk-rock québécois, le quatuor originaire de Granby en Montérégie roule sa bosse depuis 1995 et continue de faire déplacer les foules et d’éveiller les consciences.
Bonjour, je m’appelle Guillaume Beauregard et je suis golfeur professionnel pour la PGA”, lance d’entrée de jeu le chanteur-guitariste. Il faut savoir que, parmi tous les adjectifs que l’on peut attribuer au groupe culte, le mot “absurde” se place sans problème aux côtés de “militant” ou de “durable”. Et ce dernier qualificatif, il le mérite bien, après 17 ans d’existence !
C’est dans la foulée du mouvement punk californien des années 90 que la formation composée de Guillaume Beauregard (chant, guitare, textes), Marie-Ève Roy (chant, guitare, piano, textes), Maxime Beauregard (basse) et Mathieu Lecours (batterie) voit le jour. Plusieurs batteurs se succèdent ensuite, jusqu’à l’arrivée de Patrick Landry sur l’album “Aimer le mal”. Ce dernier garde encore le rythme aujourd’hui.

Un message à passer

Ne faisant pas exception à la majorité des groupes de la même lignée, les Vulgaires Machins se font rapidement coller l’étiquette de groupe “engagé”. Et pour cause ! Leurs textes abordent des sujets tels que les dérives de la société de consommation, la malbouffe, les problèmes environnementaux ou encore l’hypersexualisation.

Il nous a fallu revendiquer le statut de caricature de nous-mêmes, car nous savions que nous n’étions pas au-dessus de tout ce que nous dénoncions”, avoue Guillaume. Ils poussent donc encore plus loin avec la pièce “Être un comme” en critiquant la “jeunesse de punks incorporés”, celle-là même dont son public est hautement constitué :

On dirait une parade de mode
Des milliers de moutons s’enlisent dans un code
Destiné à détruire le système
Qui se mettent à nourrir pour flasher au Vans
Au supermarché punk.”

Si plusieurs thématiques sont abordées sérieusement et sans équivoque (“Le mythe de la démocratie”, “Anéantir le dogme”), d’autres laissent place à un brin d’humour et d’absurdité : “Régurgiter le système”, “Pigeon frit kill tucky”, “Texture qui se mange”, etc.

La constance des punk-rockeurs

Bien qu’ils soient déjà connus dans la scène alternative, les musiciens se font remarquer par le grand public avec le disque “Aimer le mal” en 2002 : “Ça a été le début d’une reconnaissance, raconte Guillaume. Médiatiquement, on a commencé à nous considérer comme un groupe important.”

En 2006, “Compter les corps”, leur quatrième album studio, est grandement salué par la critique et plusieurs considèrent qu’il s’agit de leur plus achevé. Après quatre ans de tarissement, les Vulgaires Machins reviennent à la charge à l’hiver 2010 et lancent “Requiem pour les sourds”, album qui, en comparaison à son prédécesseur prodigieux, connaît un succès relatif. À l’exception de “Parasites” qui tourne un peu dans les radios commerciales, peu de pièces retiennent vraiment l’attention du grand public. Qu’à cela ne tienne ! Ce n’est pas le but de la démarche de toute façon…

La formation continue de plaire à son noyau solide et reste fidèle à elle-même en misant sur l’authenticité, la passion et, surtout, l’esprit de groupe. “Aujourd’hui, nous sommes le résultat de ce grand cheminement-là, explique Guillaume. Notre évolution en tant que musiciens s’est faite au sein du même projet musical, contrairement à beaucoup de bands qui changent de membres, de nom ou qui se réorientent.”

Trêve de distorsion

Après 17 ans à donner dans le punk-rock, cette évolution collective se traduit par un besoin d’explorer de nouvelles avenues musicales. En septembre 2011, les influences bluegrass et folk que partagent les quatre musiciens les amènent à sortir un album acoustique de dix chansons, dont trois inédites. En 2012, les Vulgaires Machins entament une tournée “unplugged” et sillonnent les routes du Québec pour faire la promotion de leur nouveau disque.

Le quatuor s’apprête maintenant à rendre visite à ses fans européens avant de s’offrir un moment de réflexion. “Nous sommes en période de questionnement, annonce Guillaume. Il n’y a pas de nouvel album prévu pour le moment. Après la tournée, nous prendrons une pause pour voir ce que nous ferons avec la suite.”

Gageons que le public redemandera ces machinations punks !

Pour consulter la liste des spectacles en Europe : rendez-vous sur leur site web.


Emmanuel Lauzon
Photos : Michel Pinault

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