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My Own Private Alaska

My Own Private Alaska - Photo : Nicolas Fleure

En studio pour les « Red session »

 

Ca fait bientôt 3 ans et demi que MOPA existe dans sa forme initiale : Tristan au piano, Milka au chant, et moi (Yohan) à la batterie. On pratique depuis le début une musique basée sur l’émotion poussée à l’extrême portée par un piano classique, romantique, une batterie punk et un chant hurlé. Après un premier album : « Amen », enregistré chez Ross Robinson, aux Etats-Unis, et une tournée qui nous balade encore aux quatre coins du monde, on a décidé de retourner en studio pour offrir des versions différentes de sept compos d’Amen et d’y ajouter un titre inédit.

Ca s’est passé les 26, 27 et 30 janvier au studio Solstice à Toulouse, juste avant la tournée Allemagne / Suisse. On voulait avant tout se surprendre et surprendre les gens qui vont partager cette nouvelle aventure avec nous. On a choisi de vous en donner un avant-goût dans ces quelques lignes.

Répètes

 

Cabane de répétitionIl fait très froid. On commence à travailler dans mon local de batteur (une maison de jardin en bois) qui fait office de salle de répète de fortune pour la préparation de ces sessions acoustiques. Nous répétons jusque tard dans la nuit. Les répètes sont insonorisées. On joue avec des casques qui nous relient tous. Le but : réarranger une musique extrême avec un chant souvent crié et la transformer par une interprétation beaucoup plus calme en apparence, mais toujours aussi intense dans l’émotion.

La difficulté réside dans la volonté de garder l’essence des morceaux en leur donnant une nouvelle lecture. Ce sont des morceaux que l’on a joués cent fois. Il y a donc des habitudes à perdre. Il faut garder la force des titres dans ces nouvelles versions faussement calmes. On essaie de créer du relief, de faire des arrangements de pirates. Le travail se fait toujours à trois dans une direction commune. Tristan (le pianiste) me donne des idées rythmiques, Milka (le chanteur), me signale les moments clé où il voudrait que j’intervienne et nous rappelle le sens profond des textes pour que l’on ne perde pas le fil dans l’intention. On se dit tous les trois que certaines parties de piano seront plus épurées et plus sensibles dans l’interprétation.

Studio écritureNouveaux morceaux

 

On en profite pour composer trois nouveaux titres qui resteront confidentiels jusqu’à la sortie d’un second album que l’on prévoit d’enregistrer dans les mêmes conditions que le premier, début 2012. Ces nouveaux titres destinés aux pré-prod sont très à vif, très efficaces dans leurs structures. Ils sont venus spontanément dans les studios de répète, au fil de bœufs qui nous laissent à bout de souffle. Les mots viennent naturellement à Milka en criant. Il n’y a plus qu’à raconter leur histoire. Les sujets ont trait au sentiment de solitude, au renoncement à l’amour, à nos doutes existentiels.

C’est dans la catharsis et dans la transformation d’événements négatifs en expériences positives pour soi et les autres que MOPA s’exprime le mieux. Musicalement, même si les thèmes de piano de Tristan restent dans une veine classique, les mélodies tendent encore vers le punk le plus viscéral. Les morceaux sont très exigeants émotionnellement. Les batteries sont haletantes et extrêmes et les cris sont plus à vif que jamais.

Sur les « Red sessions », on propose une version acoustique de l’un d’entre eux (Red). On a le sentiment de se redécouvrir : une nouvelle osmose se crée entre les textes et la musique.

Recherches de percus

 

Bidon

Les répètes nous suggèrent des arrangements de percus nouveaux, loin des congas et des maracas. On convient donc de l’emploi de percus sauvages : troncs d’arbre, cailloux, bidons d’huile et plaques de tôle. On part faire un tour des déchetteries pour trouver des métaux. Le problème, c’est que les déchetteries ne donnent pas de bidons car il y a un danger toxique et surtout parce qu’ils les vendent à des ferrailleurs. Je finis par négocier un bidon que je prends avec un long crochet… et je m’aperçois qu’il contient un produit hautement inflammable et toxique. On tape des heures sur des branches de bois mort. On martele le baril avec des baguettes et des pierres, fait vibrer les crochets de cintres, fait des étincelles sur des plaques d’égout et on tape sur des dalles avec des cailloux. Tout ceci laisse une impression de danse macabre, de guerre du feu, pleine de poussière et d’étincelles.

Tristan et la chance

 

Après une visite chez un ami bricoleur, on se rend dans un garage. Le patron nous présente d’abord un jerrican en plastique et finit par nous montrer la cave au trésor remplie d’énormes barils d’essence rouillés. On part ensuite faire une ballade en forêt pour glaner des pierres et du bois mort. La promenade s’effectue dans le froid, toujours. La veille du studio, on embarque en plus du bidon des crochets de cintres par dizaines. On décide enfin d’emprunter la plaque dégoût en face de ma maison.

StudioL’enregistrement

 

Batterie, Piano : 2 jours de studio. Après quelques répètes bien condensées, on enregistre batterie, piano et percus avec Baptiste, qui nous accompagne partout et qui a enregistré notre premier EP. Programme : 2 jours, 8 morceaux acoustiques et 3 pré-prod. L’enregistrement se passe au studio Solstice, chez Laurent Ives, ami de longue date. On s’installe dans sa grande pièce, face à face : Tristan dans la cabine vitrée et la grande pièce pour moi, ma batterie et mes percus de fortune. Le son est très bon. On enregistre les trois pré-prod, en même temps ensemble, et sans clic. 2 / 3 prises de chaque pour ne garder que la meilleure. On est poussés par un sentiment d’urgence et d’euphorie punk. L’épuisement se mêle à l’enthousiasme.

Le chant est très important. Il faut donner un nouvel élan aux textes, garder le sens et l’expression, sans pousser un cri. La redécouverte des titres est totale avec une très grosse impression de noirceur dans les ambiances. Milka se met en condition très vite et fait deux prises de chaque. On ressent une nudité à fleur de peau de l’interprétation qui nous met tous d’accord. Pas de surenchère vocale. Les textes retrouvent leur sens premier. On a tous le sentiment d’être plus à nu et plus à vif que jamais. Cohésion. Les prises de l’album « Red session » sont finies.

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