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Dimitri Nirman


Le lundi 15 novembre, au Baiser Salé (Paris)

Le chanteur et musicien est venu présenter le répertoire issu de son dernier album “Rue du Jazz”. Il s’est installé avec ses quatre compères à l’étage du bar le Baiser Salé. Originaire de Toulouse, Dimitri s’est constitué “une nouvelle famille” de musiciens à Paris : le très bon batteur Jean-Baptiste Pinet, le bassiste Bertrand Beruard, le guitariste Oscar Bandinu et le pianiste Amaury Faye, ce dernier étant présent à ses côtés depuis longtemps déjà.

“J’ai une formation de clarinettiste classique, explique-t-il, j’ai travaillé dans des orchestres, j’ai donné des cours. J’avais déjà eu envie de chanter, mais j’ai réellement commencé à écrire des chansons il y a cinq ans et demi. Je suis parti un an en Angleterre où j’ai pris le temps de découvrir de nouveaux univers mais je n’ai finalement gardé aucune influence anglophone. Au contraire, je me suis encore plus concentré sur le jazz à la française”. Tous se régalent de longs passages instrumentaux et déploient une énergie musicale enivrante et contagieuse.

Le jazz à la française

La “Rue du Jazz”, chanson qui a donné son nom à l’album, débute de manière très lancinante pour rebondir avec force et souplesse. On saisit vite l’évidence de ce titre, qui correspond parfaitement à l’image du style musical adopté : du jazz mêlé à la chanson française, du jazz de rue.

“J’aime beaucoup Boris Vian, Les Frères Jacques, Charles Trenet, Gilbert Bécaud, etc. J’aime aussi des artistes plus modernes, de la scène française d’aujourd’hui, comme Sanseverino ou bien Thomas Dutronc. Mais je suis et reste profondément influencé par la vieille scène française, par le style des caves de jazz parisiennes des années 1950-1960″, explique Dimitri. Il ajoute la différence à noter entre l’album et la scène : sur le CD, il s’agit “de groove et surtout d’acid jazz, il y a plus de sonorités éléctroniques parce que je suis un fan de Jamiroquai depuis très très longtemps ! Tandis que sur scène, on joue sur un genre nettement plus groove-jazz”. Très abordable, charmante, énergique et dansante, la musique soutient des textes subtils et amusants.

L’ironie

“J’ai voulu éviter le sujet de l’amour (seule la chanson “Les cent pas” l’aborde), car je trouve qu’il a été trop utilisé. J’ai voulu faire des textes rigolos sur des expériences que j’ai vécues”. Ainsi, il se plait à peindre des portraits au vitriol, notamment dans les morceaux “Le petit économiste” et “Les temps modernes”… “Il y a beaucoup de textes à prendre au second degré. Dans “Les temps modernes”, je parle d’une mère qui s’inquiète pour son fils. Ma mère s’est beaucoup inquiétée pour moi, elle voulait que je fasse une formation et je ne voulais pas ! Mais sur l’ensemble du texte de la chanson, il n’y a que deux phrases qu’elle m’ait réellement dites ; j’ai beaucoup exagéré les choses, de sorte à construire un personnage qui peut recouper tous les aspects des mères inquiètes. C’est d’ailleurs sa chanson préférée !”.

La dénonciation

Dimitri Nirman a aussi en réserve des textes, que l’on ne peut qualifier d’engagés car aux thèmes trop consensuels, mais qui lui tiennent sincèrement à cœur. Parmi eux figure “Les conséquences”, lorsqu’accompagné seulement du piano, il s’avance vers le public pour créer une atmosphère intimiste et partager son désarroi à l’évocation des conséquences de la guerre. Moins dramatique, la chanson “Le sens du devoir” aborde “ce qui est culturellement parlant critiquable”. Comprendre : la Nouvelle Star et autre produit marketing lancé sur le marché, et ce avec une commercialisation de masse pour assurer son succès d’un jour. “J’appartiens à l’ancienne chanson française, justifie Dimitri. Il y a de très bons artistes aujourd’hui, mais je suis quand même vraiment déçu par ce côté éphémère de la plus grande part de l’actuelle chanson française.”

L’optimisme rêveur

L’artiste se dévoile parfois à travers son écriture, de laquelle se dégage de fait une poésie timide mais bien présente. “Je travaille beaucoup avec les dictionnaires, de tous les types. Pour moi, il s’agit des meilleurs bouquins qui soient ! Ils me permettent d’utiliser des mots peu employés mais magnifiques, et j’en suis ravi !”. Le titre “Mais tout de même” témoigne de ses incompréhensions du monde actuel avec tous les aspects sombres qu’il revêt. “Les nuées” évoquent sans détours la personnalité de Dimitri : “Drôle de caprice, que de ne vouloir jamais grandir (…) / Besoin de découvrir les quatre coins de mes envies, mettre du swing dans toutes mes nuits ! / Si je chante, comme un cygne, je navigue toujours cette envie de vouloir sourire et danser sur un fil ! / Je veux jouer du temps, que mes folies soient toujours plus denses, pouvoir me plaire dans les nuées.” Un beau programme, en somme !

Happy End

Pour finir son concert, rien de tel que la reprise d’un titre de son modèle : Boris Vian. En l’occurrence, il choisit d’interpréter “Fais-moi mal, Johnny”. Pour lui, “C’est un régal de faire du Vian, c’est tellement amusant à chanter !”. La théâtralisation, aspect encore hésitant de ses concerts, peut alors être plus présente, l’initiateur de la “chanson jazz” ayant des textes particulièrement expressifs. Dimitri, d’une humilité reconnaissante, rappelle l’importance et le mérite de ses musiciens, car si seul son nom figure, la composition d’un album et les concerts sont toujours le fruit d'”un véritable travail de groupe”. À présent, il s’agit de “faire le plus de concerts possibles, car la priorité est d’être vu et entendu !” Rendez-vous à la Scène Bastille le 27 janvier 2011 !

Le Site : http://www.myspace.com/dimitrinirman

Texte et photos Mélodie Oxalia

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