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Courir Les Rues


Tournée en Équateur du 17 au 27 juin 2010

Ce groupe a été élevé à bonne école, et ça se sent ! A la suite des grands frères locaux comme les Ogres de Barback, K2R Riddim ou Anis, ces jeunes de Cergy en sont déjà à leur troisième opus. De jolies petites histoires avec des mélodies bien distillées au piano et une très bonne guitare tendance manouche, tel est leur univers. L’intensité n’est jamais loin dans « Garçons sensibles », leur nouveau disque bien ficelé. (Lise Amiot) Alors on leur a demandé de tenir un journal de bord pour leur tournée en Equateur. Récit…


Le 17 juin, nous embarquons pour une tournée de dix jours à l’invitation des Alliances Françaises et du Festi’Val de Marne. Cinq concerts sont au programme, dans cinq villes différentes : Guayaquil, Portoviejo, Cuenca, Loja, Quito. Une série de concerts acoustiques totalement improvisés s’ajoutera à la liste : à Puerto Lopez sur la plage, à Quito dans la rue, à Cuenca dans un bar et à l’école française…

25 kgs, 50 x 25 x 25 cm

Les trajets en avion posent toujours le même problème : comment faire pour que les instruments voyagent en cabine ? La première fois que l’on a pris l’avion pour un concert, pour aller en Irlande, on avait mis la plupart des choses en soute (accordéon, guitares, trombones…). On a dû vieillir et devenir plus matérialistes depuis, ou alors on s’est aperçu du traitement réservé aux bagages : on veut maintenant tout prendre avec nous.

Pour l’Équateur, il a fallu donc négocier à chaque voyage (7 vols différents !) : l’hôtesse appelle le chef de cabine, qui appelle le commandant de bord. On explique que les instruments sont fragiles, que le bois ne supportera pas les – 40°C, que l’on a déjà eu des problèmes… La plupart du temps ça marche, et nos instruments voyagent au milieu des affaires de l’équipage. Sur les sept vols, seul le cajon est allé en soute, une fois.

Quant à la contrebasse, que nous avons dû transporter sur un vol intérieur, elle a été embarquée dans une soute «spéciale», à bonne température apparemment ; pas de dégâts à signaler en tout cas. Et pour les autres musiciens, voyager avec une contrebasse est un vrai atout : en voyant la taille de l’instrument, les hôtesses oublient complètement de nous dire que les guitares et le cajon sont trop gros, et nous laissent tout prendre en bagage à main.

De belles surprises

A Portoviejo, sur une scène à 6 mètres de hauteur, nous avons droit à 5 petites boîtes cylindriques disposés en avant scène qui crachent des flammes de 2 mètres.

A Loja, nous profitons de la musique d’ambiance avant notre entrée sur scène : des tubes réinterprétés comme «La lettre à Elise»… bref des trucs qui vous mettent en transe. Ils sont très friands des versions latines d’«Hotel California», «Let it be» et même des chansons de Cabrel !

A Cuenca, ce sont plus de 4000 personnes surexcitées qui nous font un superbe accueil. On joue après La Guerilla Clika (jazz hip hop rock) et avant la Rocola Bacalao (ska, rock alternatif), groupe vedette en Equateur, de belles découvertes.

Sur scène, les techniciens et d’autres personnes se baladent tranquillement, c’est très vivant.

Une fois le concert terminé le public devient très familier : «Otra, otra, otra» puis des photos et encore des photos avec la copine, le frère du copain et si c’est possible le voisin de la voisine. On se prend par la taille, par le cou… Très sympa, nous ne sommes pas trop habitués à ça en France.

Le stock de CD est épuisé, rendez-vous sur le Facebook et MySpace pour avoir de la musique.

Premier réflexe quand ils ont le CD entre les mains : combien de titres il y a ? On a compris après avoir acheté un CD sur lequel il n’y avait qu’un seul morceau, un peu léger comme album.

Cinq concerts sont programmés : Guayaquil, Portoviejo, Cuenca, Loja y Quito. Puis les concerts off se succèdent au grès du voyage : bœuf sous une paillote de la plage de Puerto Lopez en échange de Caïpirinha … dans un bar de Cuenca, rencontre avec les étudiants de l’Alliance Française de Cuenca qui ont travaillé quelques uns de nos textes et préparé quelques chorégraphies ! Présentation des instruments dans une école française (2 Français sur les 90 élèves) avec petit concert en fin de matinée.

Et puis le must, le concert de rue à Quito. L’Alliance Française avait réservé et mis à la disposition des musiciens, des espaces pour jouer dehors. Nous avons été les seuls à en profiter. Après 2 minutes de jeu, 150 personnes nous entourent. Impossible de s’extirper, le public reste en place et nous… eh bien on continue à jouer !

Entre Puerto Lopez et Cuenca via Portoviejo

Premier bus public. C’est parti pour 4 h de route avec la musique en fond sonore. Un défilé de vendeurs divers circulent entre les sièges : noix et jus de coco, gâteaux de maïs, bonbons, billets de loto, fruits, eau dans des sacs plastiques… Changement de bus ; plus une place de libre dans le suivant. Il faut en faire. Les enfants se serrent, deux par siège, le contrôleur rembourse le siège libéré aux parents (on paye au siège quel que soit le nombre de personne dessus). Ça ne suffit pas, deux se retrouvent dans la cabine du chauffeur, une jambe dans l’escalier, l’autre sur la boîte de vitesse… La route est bonne, le bus file, un train fantôme dans la nuit. Arrivés à Portoviejo, nous quittons la côte pour la Sierra (les Andes) et la ville de Cuenca (2500 m d’altitude) à bord d’un bus privé, «una busetta». On entasse les sacs sur le toit, les instruments dans le camion et c’est reparti pour 7 heures de route avec la climatisation et la musique à fond. Il est 23 h, le froid souffle dans le bus. Au bout de notre 4ème demande nous obtenons du chauffeur quelques degrés de plus et des décibels en moins.

Les Alliances Françaises

Cinq Alliances se sont coordonnées pour organiser notre venue, autour du 21 juin. Leur mission première est la diffusion du français, l’organisation de cours, l’organisation de manifestations culturelles dans les alliances et hors les murs…

Nous sommes tout d’abord accueillis à l’AF de Guayaquil : sa petite cour intérieure, son expo photo, son «café Montmartre» plus vrai que nature et bien sûr le garde à l’entrée (Guayaquil est l’une des villes les moins sûres du pays). Nous improvisons quelques notes dans la cour, histoire de retoucher un peu les instruments après 20 heures de trajet.

Le contraste est frappant avec l’alliance de Portoviejo, beaucoup plus petite, plus vétuste aussi, aux moyens beaucoup plus réduits. Il est vrai que la ville est bien plus petite.

A Cuenca, la directrice de l’alliance nous attend de pied ferme, c’est une grosse fête de la musique qui se prépare. La mairie et la région sont partenaires de l’événement, coordonné par l’AF. Une vingtaine de scènes sont montées dans la ville, près de 200 musiciens jouent ce soir-là. Il y en a pour tous les goûts : de la salsa, du classique, du gros métal, du rock andin (avec des flûtes), des bandas del pueblo (fanfares traditionnelles avec cuivres et percussions, très efficace). Un vrai succès (sin alcohol !). Une conférence de presse est organisée dans un centre commercial. Nous y donnons de nombreuses interviews, dans un espagnol de compétition : radios, télés, presse écrite… Ils sont tous là !

Nous faisons un passage éclair à Loja, où l’ambiance de l’Alliance nous rappelle celle de Portoviejo. On y fait ce qu’on peut avec les moyens du bord, mais on le fait bien et avec le cœur !

Enfin à Quito, nous sommes accueillis par l’équipe qui a coordonné notre voyage, avec qui nous passons le week-end. Capitale oblige, l’équipe est plus importante et plus structurée, et monte de nombreux événements culturels tout au long de l’année.

Le Pacifique

Ça y est, nous y sommes. Les pieds dans le Pacifique, le reste du corps sous la pluie. On serait tenté de se dire que c’est pas de bol, mais non. Les transistors des paillotes, des taxis et des échoppes nous balancent de la salsa, de la cumbia et plein d’autres bonnes choses pour les oreilles. Ça colle parfaitement au paysage : des habitations à deux étages aux murs peints en rouge, orange, bleu, jaune, des citernes sur les toits en taules, des fils électriques suspendus et en désordre, des palissades en bois taguées à la peinture, des portraits de candidats aux élections passée…

Les baleines sont arrivées, c’est l’effervescence, tout le monde s’improvise guide touristique, spécialiste des cétacés. Nous tombons sur un furieux du bateau à moteur. Le trajet est mouvementé, le bateau ne surfe pas sur les vagues, il s’écrase sur chacune d’entre elles. Après plus d’une heure à fendre les flots pour les retrouver, les cœurs sont retournés et le spectacle est majestueux. Les baleines, en période de reproduction, mettent le paquet sur la séduction : saltos arrière couchés, plongeons avant, fontaines d’eau… c’est très léger, beaucoup de grâce, le son qui se dégage fait du bien après les moteurs. Nous en suivons trois par ci, deux autres loin, encore une qui passe sous le bateau ou juste à côté. Notre chauffard des mers connaît bien son affaire et nous sommes rassasiés.

Quelques conseils pour les groupes qui partent jouer à l’étranger :

Si vous chantez en français, envoyer votre musique et vos textes dans les écoles ou les Alliances Françaises qui seront sur votre tournée. Ça permet aux étudiants de bosser leur français et surtout de belles rencontres une fois que vous serez sur place ! On a eu le droit à une chorégraphie sur un des titres.

Pour les trajets en avion, ne pas mettre d’instrument ou du matos utilisé pour les concerts (pédales d’effet, jacks, accordeur, costumes…) en soute. Les bagages qui s’égarent sont fréquents. Un de nos sacs est arrivé 3 jours plus tard !

Photos : Milena Strange + le groupe lui-même.

Site : myspace.com/courirlesrues

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