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Sharko

Sharko - Place des Palais - Bxl - 23/06/07Que vous connaissiez ou non la formation de David Bartholomé avant son “Dance on the beast”, une chose est sûre : cette galette détonne et ne passera pas inaperçue, ni dans la carrière du trio, ni dans notre paysage musical. Bienvenue à Sharkoland !

Il y a une sorte d’exception culturelle que nous envions aux Belges. Avant même d’être artistique, elle est médiatique. David Bartholomé, leader de Sharko, insiste immédiatement sur ce point : “On a la chance d’avoir des médias, et particulièrement des radios, très ouverts en terme de programmation musicale.

Quand j’entends en France un vieux titre de Téléphone de 1984 pour illustrer une annonce de concert de Jean-Louis Aubert, je trouve que l’on ramène systématiquement chez vous les artistes à leur passé, au lieu de développer la curiosité des gens.” L’ouverture d’esprit, David semble l’avoir eue très tôt, quand il décide sur un coup de tête de partir en Amérique : “Ma copine d’alors, qui était américaine, s’entraînait en athlétisme tandis que je lui jouais mes chansons. Elle m’a dit qu’il fallait que j’aille là-bas. J’y ai découvert les “Open Mike Night” où l’on passe chanter trois chansons entre des comiques ou des apprentis politiques !”

De retour en Belgique, il enchaîne avec trois albums plutôt sombres avant de s’accorder un break pour une durée indéterminée : “C’est Dimitri Tikovoi, le producteur, qui nous a redonné confiance. Il voulait bosser avec nous sur le quatrième album à condition qu’on le laisse faire…” “Molécule” ayant remporté un joli succès notamment grâce au single “Sweet protection”, le groupe décide d’enregistrer à nouveau avec lui, mais cette fois, le parti pris musical est différent et les décisions prises collectivement : “On s’est quand même pas mal chamaillés sur certains titres comme “Since you called” qu’il voyait plus “black”, avec des choristes… A ce même moment, j’écoutais Vampire Weekend, qui sonnait vraiment comme des blancs becs essayant de faire de l’afro. Je voulais quelque chose de plus dynamique sur ce titre. Au final, on est arrivé à un compromis. L’apport de Thierry Bellia (Variety Lab) a été également très important, car il m’a proposé la ligne de basse que l’on a conservé sur l’enregistrement.” Cette composition disco et son traitement résume assez bien le parti pris de l’album. Car ce tube en puissance serait devenu une sorte de caricature mise entre de mauvaises mains. De cette manière, au lieu d’avoir affaire à un disque plombé sous une tonne de gimmick surexploités, l’auditeur a une sensation globale de sous-production. Cela donne plus de relief et de dynamique et tous les morceaux y gagnent car ce sont les compositions qui s’en trouvent mises en valeur. “On voulait un album plus coloré, à l’image de cette pochette où l’on voit des majorettes sur un parking qui ont un bon “schpeck” (ventre) mais elles s’en foutent, elles assurent le job ! C’était ça, notre idée.”

“Dance on the beast” est un album éclectique et revendiqué comme tel. David confirme “Si j’ ai envie d’enchainer un morceau sombre avec un titre produit avec une console Atari, je le fais. J’ai la chance d’avoir une maison de disques qui ne me demande pas douze fois le même morceau.” Bien que novateur et décalé, le nouveau Sharko aurait quasiment pu sortir tel quel il y a trente ans, avec ses clins d’œil à Talking heads, Police ou Hall and Oates, le duo de la blue-eyed soul californien. Des références qui sembleraient moins avouables par chez nous, mais lorsqu’on est Belge, l’éclectisme et les télescopages temporels semblent faire partie de la culture : God save the belgium waves !

Ludochem

photos : Marylène Eytier

“Dance on the beast” – 62TV / Bang! / Discograph/

myspace.com/sharkobelgium

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