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Nevchehirlian

Nevchehirlian MEIl est des noms de groupes qui annoncent d’emblée la couleur. Ainsi pas de longs discours pour comprendre qu’ici point de démagogie commerciale, mais l’envie pour l’instigateur de ce projet homonyme, d’une aventure musicale authentique.

Nous suivions de près Vibrion depuis quelques années, séduits par son mélange de slam électro-acoustique et de poésie contemporaine. En attente d’un deuxième disque de la formation phocéenne, ce fut finalement l’album de l’un de ses deux chanteurs, Frédéric Nevchehirlian, qui débarqua sur nos platines. Une chose était sûre, on tenait là un répertoire qui contrastait avec ce que nous connaissions, et qui ouvrait un nouveau champ des possibles. On y faisait la rencontre d’un nouveau noyau dur (Julien Lefevre et Stéphane Paulin, respectivement violoncelliste et bassiste, œuvrant déjà au sein de Vibrion, entourés de Tatiana Mladenovitch à la batterie et de Christophe Rodomisto à la guitare) et d’une liste d’invités prestigieuse avec notamment la présence de Serge Teyssot-Gay, Keyvan Chemirani, Marcel Kanche et Akosh S. Et puis surtout, la découverte d’un répertoire très rock : “Un retour à une forme plus classique, plus physique, qui parle à tout le monde” commente Fred.

Lorsqu’on lui demande pourquoi il n’a pas continué sur la lancée du succès grandissant qu’avait rencontré Vibrion, il répond : “Vibrion n’est pas terminé, nous faisons encore des concerts jusqu’à la sortie de cet album, et réfléchissons à la suite. Mais quand nous avons voulu enregistrer un deuxième album l’année dernière, les propositions que je faisais allaient dans une tournure vraiment rock. On a commencé à les enregistrer, mais très vite, j’ai senti que nous n’allions pas dans la bonne direction pour le groupe. On racontait autre chose, de très personnel par rapport à ma propre histoire et je ne voulais pas l’imposer aux autres. Il n’y avait pas la spontanéité qu’il y aurait dû avoir, celle qui avait accompagné le premier album.

Les copains ont eu l’honnêteté de dire qu’ils ne voyaient pas ce qu’ils pouvaient apporter : je jouais moi-même les guitares alors qu’il y avait un guitariste, je voulais un son resserré, rude, brut voire brutal, et non un son spatial à la Vibrion. En parallèle de cela, j’ai participé à pas mal de créations, dans le cadre de projets ponctuels, mais qui ont souvent tourné – comme “Slam et Souffle” – avec Serge Teyssot-Gay et Keyvan Chemirani. J’ai aussi fait des choses avec Akosh et d’autres musiciens qui étaient intéressés par mes textes et avaient envie de me confronter à des univers musicaux très différents. Cela m’intéressait car je ne savais pas ce qu’allait être mon lendemain. Depuis tout jeune, j’écris des poèmes ; quand l’aventure amicale et artistique Vibrion a commencée, je ne m’étais encore jamais posé de questions… Lorsque j’ai vu que l’album du groupe n’avançait pas, mais que ces textes existaient, j’ai décidé d’en faire un disque solo : inviter tous ces gens croisés qui ont marqués les dernières années de ma vie, et faire une sorte de compilation qui les réunirait tous”.

En quelques prises et de belles rencontre, “Monde nouveau monde ancien” voit ainsi le jour. C’est à Jean Lamoot (Baschung, Noir Désir, Salif Keita entre autres) que les bandes sont confiées pour un mixage qui lui donnera son identité hors norme : “Je lui ai confié un disque dur avec nos prises brutes, et lui ai fait une totale confiance. Il a même été les faire masteriser à New York alors que concrètement, je n’avais pas les moyens, et donc l’ambition, d’aller aussi loin. Le résultat qu’il nous a offert a transcendé ce que je pouvais en attendre” termine Fred quant à la réalisation de cet album. “Tout ce qui est arrivé avec ce projet, c’était trop, too much. Si je raconte l’histoire dans ses détails, les gens vont croire que je l’embellie alors que pas du tout !Avec les copains, on se disait : “Il faut que l’on joue au loto” ! Tout se calait parfaitement, tout coïncidait : les plannings de chacun, la justesse des prises, les choix, les rencontres…”

Comme une évidence, Nevchehirlian nous emmène ainsi dans un univers entre pop sombre et rock hypnotique. Une force nouvelle et enivrante qui vient compléter le bel éventail d’émotions déjà esquissées par cet artiste aux aspirations protéiformes.

Caroline Dall’o

photos : Marylène Eytier

“Monde nouveau monde ancien” – Underdog Records

myspace.com/nevchehirlian

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