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MaJiKer

Majiker NMMagicien des sonorités organiques, ce jeune Anglais nous offre une pépite de créativité autour de trois axes : le corps (beatbox), le piano et la machine électronique (clavier Yamaha PSS 270).

Producteur et parolier, il a précédemment mis son talent au service de la chanteuse Camille avec qui il a travaillé sur des sonorités nouvelles essentiellement basées autour du corps. MaJiKer explique que cette période fut déterminante pour lui : “Avec Camille, on avait une sorte de connexion artistique très forte. Nous avons exploré ensemble le corps humain comme un instrument rythmique, ce que je continue d’ailleurs de faire dans mon album. Cette collaboration m’a permis d’évoluer en tant que producteur et artiste.” Lorsqu’on lui demande s’il n’est pas trop dur d’être dans l’ombre d’une artiste qui explose (la plupart des sonorités de l’album “Le fil” c’est lui !) quand on est soi-même chanteur, le jeune homme répond : “Je ne considère pas le fait d’être producteur comme être dans l’ombre. Le public peut le ressentir comme cela car c’est un rôle moins visible. Bien loin de créer une ombre pour m’y cacher, j’ai ressenti que la créativité vécue avec Camille créait un halo illuminant mon univers musical.”

Dans son premier opus ouvertement pop, réalisé comme “une expérimentation musicale”, sont mises en exergue “les relations ou les tensions existantes entre les trois éléments” (body, piano, machine). Il y a le clavier électronique qui rêve de devenir un grand piano (“String & wires”), une femme-robot qui essaie désespérément de séduire un humain (“La femme androïde”), ou encore le piano qui se languit du toucher sensuel d’un certain pianiste (“Fingers”) : “Les chansons sont souvent des métaphores qui expriment des choses plus profondes et personnelles.” Ces trois éléments sont la clé de voûte de l’instrumentation de l’album d’un point de vue général : “En tant que producteur, je choisis parfois de limiter les instruments sur un projet. D’un côté cela m’oblige à être plus inventif dans les sons, et de l’autre cela me permet de créer une cohérence musicale pour intégrer toutes les chansons dans un ensemble, un fil conducteur.”

Le beatbox de MaJiKer est très personnel. S’il a appris la technique classique auprès de Sly Johnson (beatboxer de Saïan Supa Crew) avec qui il a effectué la tournée de Camille, il y a rajouté une touche personnelle avec des respirations, des mots parlés et un genre de scat qui rend son art reconnaissable. “J’ai été percussionniste pendant longtemps. Je tapais sur tout ce qui pouvait apporter des sons et des rythmes excitants, comme des tasses de thé, des bouteilles, des enveloppes…” La “machine” joue aussi un rôle central ; représentée ici par le clavier Yamaha, pas choisi au hasard : “Ce clavier est très précieux pour moi. Il a appartenu à mon frère et, enfants, nous étions totalement subjugués par les sons futuristes qu’il produisait. Aujourd’hui, cela peut paraître idiot, mais pour nous c’était grandiose !”

L’album, fragmenté en trois actes a pour but de “mettre l’emphase sur la relation triangulaire des éléments musicaux et de regrouper les chansons en un ensemble cohérent.” Le premier acte est optimiste et enlevé, tandis que le second est plus sombre ; quant au dernier, il distille une certaine mélancolie. Toujours inventif, le magicien expérimente en live une vraie mise en scène aidé par sa collaboratrice Bénédicte Le Lay. Les performances entremêlent vidéos, théâtre et danse. Des moments aériens ou comiques où sont insérées avec ingéniosité les voix de ses partenaires sur l’album (Camille, Maya Barsony). Le résultat laisse le public conquis. Les prochains mois de ce génie des sons seront remplis par une tournée. “Je suis également en train d’enregistrer des bonus et des inédits. J’adore amener le projet toujours plus loin. C’est aussi pour moi la chance de travailler avec d’autres artistes féminines… mais chut !” Ce prestidigitateur a décidément plus d’un tour dans son sac.

Isabelle Leclercq

“Body Piano Machine” – Gaymonkey Records / Photo: Nicolas Messyasz

www.majiker.com

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