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La Rue Ketanou

RueKetJosem5575-PW… symphonique, sort le grand jeu !

Après une tournée des Zénith et avant de repartir pour de nouvelles aventures individuelles, La Rue Ketanou présentera cet été sur trois dates exceptionnelles une version symphonique de leur répertoire en compagnie du JOSEM.

Que de chemin parcouru depuis leurs premières représentations au cœur de la compagnie du Théâtre du Fil de Savigny-sur-Orge il y a dix ans… Déjà Olivier Leite, Mourad Musset et Florent Vintrigner mêlaient à leur jeu de scène des parties chantées et instrumentales, s’installaient dans les rues, les bars et les squats. « C’est pas nous qui sommes à la rue, c’est la Rue Kétanou ! » proclamaient-ils déjà. Chemin faisant, le trio multiplie les rencontres. Tout d’abord avec d’autres artistes, Arnaud Viala et Bibou de Tryo produisant leur premier disque, puis leur offrant les premières parties de leur tournée en 2000, ou ce détour en 2006 chez Syrano où la Rue Ket’ est invité à partager ses inspirations tziganes sur “Planter des cailloux”. Et comment ne pas évoquer Mon Côté Punk, véritable groupe parallèle de Mourad, grand élan collectif réunissant à ses débuts en 2003 Zitoun (surnom d’Olivier Leite ndlr) Loïc Lantoine, François Pierron ainsi que Karim Arab de Padam et d’autres échappés du Théâtre du Fil comme Fathi Oulhaci.

20080819200953_2008-08-21-public-musicalarue-la-rue-ketanou_wet9248Mais la rencontre décisive de La Rue Ketanou se fera dès les premiers concerts. Ce sera avec son public qui, de France à Québec, lui voue une fidélité à toute épreuve. Il répondra présent à chaque apparition scénique, aussi rares soient-elles lors de ces dernières années, quand nul ne savait encore ce qu’il adviendrait des trois chantres de la chanson humaniste simple mais fédératrice. Ce fut donc sans réelle surprise qu’il accueillit chaleureusement le groupe lors de son retour fracassant en ce début 2009. Malgré près de huit ans sans nouvel album studio, si l’on ne prend pas en compte “‘Ouvert à double tour”, leur live parut en 2004. Le succès est immédiatement au rendez-vous. A peine trois mois plus tard et en pleine prétendue crise du disque, “A Contresens” s’est déjà écoulé à plus de 40 000 exemplaires et la tournée des Zéniths de France affichait presque toujours complet. Il n’en aurait pas fallut beaucoup plus à d’autres pour s’installer dans le confort d’une carrière ronronnante. Mais comme le dit si bien Mourad : ” On n’aime pas trop le mot carrière, ça creuse vachement. Pour moi qui viens du Nord, c’est traumatisant !”. Cela aurait été sans compter sur l’esprit d’initiative de ces trois-là ! Revenant désormais à leurs primes amours, à savoir les petites salles et autre bars-concerts, c’est avec un projet d’envergure qu’ils attaqueront trois festivals de l’été 2009, passant de leur formule à trois… à une Rue Ket’ symphonique de 51 personnes ! Et pas avec n’importe quel orchestre, puisque c’est le JOSEM, Jeune Orchestre Symphonique d’Entre-deux-Mers, une association composée de jeunes musiciens de 12 à 21 ans, que cette métamorphose aura lieu lors du Furia Fest de Cergy-Pontoise, des Francofolies de La Rochelle et enfin à Musicalarue (Luxey), événement musical où tout à commencé….

Racontez-nous votre rencontre…

Nicolas Lescombes, chef d’orchestre du JOSEM : J’avais croisé Mourad une fois ou deux lors du festival Musicalarue. Mais la vraie rencontre a eu lieu l’an dernier sur ce même festival. La Rue Ket’ jouait sur la grande scène et nous sur une petite. Le soir venu, il m’a dit que ça leur plairait de chanter avec nous. Bien sûr, j’étais partant. On s’est vu dans la soirée avec Stéphanie, leur manageuse, pour imaginer ce que nous pourrions faire ensemble, puis en septembre, nous nous sommes recontacté. Tout le monde était partant, l’aventure prenait forme…

RueKetMM-PWLe JOSEM avait déjà monté des projets avec d’autres groupes dits « de musiques actuelles », est-ce ainsi que vous l’avez d’abord connu ?

Mourad : Je connais Nico depuis quelques temps, lorsqu’il jouait avec son groupe , “Sans Additifs”. Il nous avait parlé des projets qu’il montait avec son asso et moi ça me paraissait super intéressant. On y pensait donc depuis longtemps, mais on n’avait pas avancé concrètement sur l’idée. Cette rencontre l’été dernier nous a permis de mettre en route véritablement cette collaboration. Il faut dire que la Rue Ket’, ce sont dix personnes et que des fois, on se disperse…

Florent : Le plus drôle de l’histoire, c’est que nous les avions tous vu en concert, mais toujours séparément et par hasard. Et quand on se retrouvait, on se disait : « Ah c’est génial, j’ai vu un super truc ! ».

Sur les 48 membres du JOSEM, quatre d’entre vous ont réarrangé les morceaux…

Nico : Oui, il y a donc William, qui est musicien et président de l’asso, qui voulait apprendre à réarranger un titre et qui s’est attaqué à une chanson. Un copain jazzman qui a bossé sur un titre. Et moi-même qui suis toujours élève, et qui ai travaillé avec un prof de direction d’orchestre en Belgique.

Florent : Ils ont travaillé à partir du disque, ce qui fait que nous n’avons rien eu à faire : tout était pensé à partir de nos versions. Quand j’ai écouté la première fois ce qu’ils nous proposaient, je pensais que je n’aurais pas de place pour l’accordéon. Or tout était prévu, ça sonnait d’enfer !

Ce projet assez gigantesque et prévu pour seulement quatre représentations…

Mourad : On en espère plus ! Mais c’est un plateau cher et difficile à vendre il faut l’avouer…

Nico : Le truc, ce n’est pas non plus de faire 500 dates ! De mon côté, je monte un projet pédagogique par an avec les jeunes du JOSEM. La journée de répétition est aussi passionnante pour nous qu’un soir de concert, on en apprend autant. Tout cela est très nouveau pour nous aussi. On a découvert ce que c’était que de jouer avec un micro, la sonorisation, puisque d’habitude nous ne sommes pas amplifiés.

Ce qui est étonnant, c’est que l’on a laissé La Rue Ketanou il y a dix ans avec un public de jeunes, et qu’aujourd’hui il s’est renouvelé sans que vous n’ayez été très présents !

RueKetOL-PWMourad : il y a truc, c’est que les chansons de la scène dont on fait partie avec Les Ogres de Barback, Sanseverino, Tryo, etc, vivent malgré nous, grâce aux jeunes qui les reprennent dans les colonies de vacances ou entre potes. Elles existent dans les livres de chansons. Elles circulent parce qu’elles sont faciles, n’ont que trois accords. Il y a quelque chose qui est de l’ordre de la transmission populaire qui a eu lieu, et nos chansons sont entrées dans une espèce de patrimoine qui nous dépasse en tant que groupe. On fait partie d’une époque où les gens ont eu besoin de ça. Alors bon, on n’est pas là quand ça se passe, mais bon ! (rires) Pendant toutes ces années, on était quand même revenus de temps en temps en concert, et les gens venaient nous voir. On n’est pas surpris parce que l’on savait qu’il se passait quelque chose. Et en même temps on profite du présent, si demain plus personne n’est là tant pis, on en aura bien profité !

Olivier : ça nous a déjà pas mal surpris de pouvoir vivre de la musique, de faire autant de belles rencontres. Le vent peut tourner, tant que c’est là, on savoure !

N’y a-t-il pas dans le milieu de la musique symphonique, ou classique pour être plus généraliste, un jugement négatif à propos de la musique populaire, souvent très simple ?

Nicolas : La musique n’est pas bonne parce qu’elle est très construite. En général, c’est vrai que celui qui a fait dix ans de conservatoire à raison de six heures par jour a tendance à bien jouer et à savoir créer une émotion. Mais personnellement, quand j’ai entendu “Germaine” j’ai ressenti quelque chose de très fort. Pour moi c’est ça la musique. Il n’y a pas besoin qu’il y ait de démonstration technique. Avec le JOSEM, on va contre cette idée préconçue que la simplicité n’est pas efficace. Bach a des suites de trois ou quatre accords qui sont redoutables ! Sur “Les chemins de la Bohême”, j’ai découvert plein de possibilités ! Et enfin il y a le fait que La Rue Ket’ soit très ouvert à nos propositions. J’ai un copain qui a bossé pour Jenifer, et la démarche n’est pas la même : il fallait faire ce que le prod attendait. Nous, nous sommes dans une collaboration totale. L’inspiration vient de nos deux univers qui sont différents.

Florent : pour nous c’est aussi très riche, car on découvert la musique classique, les arrangements… C’est une rencontre entre deux musiques, entre personnes aussi. Bosser avec des groupes de musiques actuelles, c’est l’occasion pour eux aussi d’échanger avec les compositeurs, ce qui est plus dur avec Mozart ! Et puis nous jubilons à l’idée de jouer avec un orchestre symphonique.

RueKetFV-PWNico : je reviens à la différence entre musique dite “érudite” et populaire. Je pense que ce qui touche le public, ce sont bien sûr les mots, les émotions, mais surtout la mélodie. Et c’est elle qui est à la base de la création. Ça c’est magique. Le génie du musicien, ce ne sont pas forcément les 15 ans de Conservatoire, mais la capacité à faire de belles mélodies. Ensuite vient la construction.

Florent : Et puis je voudrais insister sur le côté humain qui nous a réunit. Dès la première fois où ils nous ont joué leurs arrangements, une fois que les parents étaient partis, on s’est retrouvé tous ensemble et on a bœufé… C’est là où l’on a senti qu’il se passait vraiment quelque chose.

William, du JOSEM : C’était génial. On repris des morceaux de plein de groupes, mais aussi des chansons à eux, dont une qui était la première que j’avais apprise à jouer à la contrebasse. Il a fallu que l’on dépasse notre timidité de nous retrouver face à eux, puis on s’est vraiment bien marrés !

Mourad : Ca c’est quelque chose que l’on a du mal à comprendre, je parle du fait que l’on soit intimidés par nous. Parce que La Rue Ket’, s’est une bande de potes… On va facilement vers les gens, on ne met pas de distance entre nous et le public.

Florent : Moi je peux comprendre, parce que je suis impressionné aussi par les gens dont j’apprécie la musique…

Mourad : Enfin ils n’étaient pas tous impressionnés ! Je me souviens de Thomas, un jeune de 14 ans, qui à la fin de ce fameux bœuf, est venu me voir et m’a dit : “C’est bien, maintenant que l’on joue ensemble, vous allez pouvoir dire que vous faites de la musique.” !

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Caroline Dall’o

Photos Pierre Wetzel

Retrouvez le JOSEM josem.org

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