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Cali


L’espoir fait vivre Cali


Déjà ? Oui, déjà le troisième album ! Porté par l’urgence, le Perpignanais nous exhorte à aimer et à résister. Une belle leçon d’espoir.

On l’a connu sur le canapé pourri de la maison de disques Labels, puis dans les nouveaux locaux de Virgin / EMI. Au moment d’enregistrer “Menteur”, il nous avait reçu à Perpignan. A la sortie de “L’espoir”, Cali nous donne rendez-vous… à La Closerie des Lilas ! Un concours de circonstances, car il n’a pas changé au point de faire salon dans les bars chics. D’ailleurs, Cali se révèle enchanté d’y foutre un peu le bordel en se faisant prendre en photo… dans les toilettes.

Le disque est à son image : sans concession, passionné, politique… et avec ce point de vue unique qui fait la différence. Cali fait du Cali, sauf que Cali change et sa musique avec lui. Comme toujours, ce sont ses émotions qui décident. Et c’est porté par la douleur de la défaite de la gauche aux Présidentielles que ces textes se sont imposés à lui. Passé l’abattement, le Catalan est entré en résistance et c’est un album de combat (rock, évidemment) et d’amour qu’il nous propose aujourd’hui. Discussion à bâtons rompus.

Bonjour, première constatation : tu deviens plus difficile à joindre que la reine d’Angleterre !

J’ai eu ton message ! Tu me disais : “A la première écoute c’est compliqué et à la deuxième, j’ai compris des choses…”

La première écoute de “L’espoir” est quand même déstabilisante, le changement musical est flagrant. Ca vient d’où ?

Je n’ai pas changé, je suis en phase avec moi-même comme je l’étais sur les précédents. J’ai soutenu activement la campagne de Ségolène Royal. On savait que la défaite serait lourde de conséquences. Et ces craintes étaient justifiées. Ce disque s’est déroulé à la suite de ce contexte tourmenté et violent.

C’est donc un album de combat ? “Résistance” est un hymne anti-Sarkozy ?

“Résistance”, c’est d’abord un instant de vie. Ce dimanche de mai, j’y ai cru jusqu’à ce qu’on me téléphone à 18h30 pour me donner les estimations. J’ai commencé à écrire le morceau avec la télé allumée et je l’ai terminé au moment de la séquence du Fouquet’s… Maintenant on ne pleure plus ; on se bat. Chacun à son niveau, avec ses moyens. Cette chanson, c’est ça. Ce qui me fait peur, c’est qu’on ne s’est pas trompé… Expulsions, course aux chiffres, peopolisation, médias complaisants ou muselés… J’ai eu besoin d’écrire ça et je n’ai pas eu le temps de l’intellectualiser. Je ne pensais pas sortir un troisième album si vite, mais dès que j’ai commencé à écrire, je n’ai pas pu m’arrêter. Les chansons venaient, venaient…

Dans quelles conditions as-tu enregistré ce disque ?

J’ai aménagé un studio chez moi et j’ai appelé Mathias Malzieu. Il m’a dit : “Je n’ai pas le temps, mais je viens et on va se marrer !” Il a transformé le studio en cours de récréation.

La patte de Mathias s’entend nettement sur “Je ne te reconnais plus” que tu chantes en duo avec… Olivia Ruiz. Le monde est petit !

Olivia venait rendre visite à Mathias et on avait besoin d’une voix féminine. On lui a demandé et en deux prises, c’était fait ! Tout était dans l’instant. On a travaillé comme ça pendant quelques jours. Après je suis parti tourner dans un film au Canada et je me suis remis sur le disque à l’automne.

On y entend clairement tes influences musicales du moment, Arcade Fire en tête. A la première écoute, c’est même presque “trop”… Après, on retrouve ton univers.

Génial ! Cette référence, je la voulais. Scott Colburn, producteur d’Arcade Fire a accepté de travailler avec moi. Je suis arrivé avec les guitares-voix de “1000 cœurs debout” et je lui ai dit : “Je veux que les chœurs ça soit du Arcade Fire”, parce que j’avais envie d’une communion en pensant à la scène. C’était organique, avec peu de prises. Mais pour réussir cela, il faut s’entourer. Alors j’ai appelé Geoffrey Burton, le guitariste d’Arno, Richard Kolinka à la batterie, Daniel Roux, le premier bassiste de Téléphone, et Robert Johnson, le guitariste de Miossec.

Et cette chanson, “1000 cœurs debout”, c’est le prolongement de “Résistance” ?

J’arrive bientôt à 40 ans et je trouve ma génération un peu résignée. A 17 ans, on est dans l’absolu : on lève le poing pour dire ce dont on ne veut pas, et tant pis pour les conséquences… Cette chanson parle de ça. On ne doit pas perdre cette énergie, cette conviction. Surtout en ce moment. Si on se résigne, il ne nous reste plus rien.

Cette jeunesse, on la retrouve aussi sur “Comme j’étais en vie”. Tu es nostalgique ?

Oui et non. J’évoque mon premier baiser et cette sensation incroyable que tu éprouves à ce moment-là. Je convoque ce souvenir extraordinaire quand ça va mal dans ma vie.

Et dans “Amoureuse”, c’est toi qui fait la fille ?

Exactement. C’est encore une chanson d’espoir. C’est quelqu’un qui regarde des gens s’embrasser et qui sait que ça va lui arriver un jour.

Est-ce que tu ne penses pas que “Le droit des pères”, c’est la chanson de trop ? Tu avais déjà écrit, plus finement, sur le sujet.

Je te réponds par une question : me reposeras-tu la même question à la prochaine chanson que j’écrirai sur le sujet ?

Ca dépendra de la chanson !

Je suis plus cru, plus violent que d’habitude car je parle de ce que j’ai ressenti au moment où ça m’est arrivé. Et puis, une chanson me permet de parler de la cause et l’asso “Un papa égale une maman”. C’est important.

Toi qui voulais devenir Bono, on n’en est plus très loin là, non ?

(Il se marre) Avec “L’amour parfait”, j’ai fait “Boy” ; avec “Menteur”, j’ai fait “October” ; maintenant avec “L’espoir”, je fais “War” !

Vivement l’album électro alors !

Tu ne crois pas si bien dire : je suis en train de travailler sur une chanson électro que l’on voudrait sortir uniquement en digital ou sur un maxi, à l’ancienne… Bon, tu vas me dire si tu l’as aimé le disque à la fin ?

Evidemment…

C’est cool alors !

Eric Nahon

Photo: Marie Delagnes

“L’espoir” – Virgin / EMI

www.lplm.info

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